Pour son premier déplacement hors d'Europe après son élection en décembre 2022 à la tête du parti français Les Républicains (LR), première force d'opposition parlementaire en France, Eric Ciotti a choisi le Maroc, ce qui constitue en soi une critique en creu de la politique d'Emmanuel Macron à l'égard du Maroc et de ses intérêts stratégiques.

Accompagné de Rachida Dati, ancienne garde des Sceaux, ainsi que d'autres cadres de son parti, Ciotti l'a même explicité au terme d'une première rencontre, jeudi, avec un chef de parti politique marocain, Aziz Akhennouch en l'occurrence président du RNI, déclarant que "nous devons faire en sorte pour que les erreurs commises et le manque de considération témoigné à l'égard du Maroc soient réparés". Une position aux antipodes de l'approche d'hostilité de Macron que M. Ciotti bat à plate couture en soulignant "la nécessité d’un partenariat solide entre le Maroc, l’Union européenne et la France".

Pour le président de LR qui met en avant "l’amitié indéfectible et ancienne entre la France et le Maroc, basée sur une histoire commune et une affection puissante qui ne devrait pas être endommagée ou altérée", l’Europe "ne peut se permettre d’adopter une attitude hostile envers le Maroc".

Une manière claire d'exprimer le désaccord total de la principale force de la droite française avec les basses manœuvres orchestrées au Parlement européen par le groupe Renaissance fondé par le président Emmanuel Macron.

Mais le moment le plus fort de la visite au Maroc d'Eric Ciotti, entamée jeudi et qui s'achève ce samedi, a été sa position exprimée à l'égard du Sahara marocain lors du déjeuner qu'il a eu, lui et sa délégation, avec le Secrétariat général du Parti de l'Istiqlal, Nizar Baraka, qui était accompagné pour l'occasion par le président de la Chambre des Conseillers,  Enaama Mayara, ainsi que d’une délégation du parti de l’Istiqlal.

Sans fioritures, le Président de Les Républicains a dit haut et fort ce que tout le reste de la classe politique française dit tout bas : "Sur la question du Sahara occidental, la souveraineté du Maroc est indiscutable et il est urgent de résoudre cette question stratégique". Voilà qui traduit une franche reconnaissance de la marocanité du Sahara par ce parti gaulliste fondé par Nicholas Sarkozy, ce qui tranche avec l'ambiguité d'un Macron au tropisme algérien trop prononcé.

Voilà surtout qui renseigne sur la bonne lecture de l'histoire et des mutations géostratégiques en cours dans la région et dans le monde par la formation politique de M. Ciotti qui a d'ailleurs eu bien raison de préciser que sa présente visite au Maroc "témoigne de la volonté d’un grand parti français, Les Républicains, qui a produit cinq présidents de la République, de dire que ce lien [entre le Maroc et la France], fondé sur une histoire commune et une amitié puissante et forte, ne peut pas et ne doit pas être abîmé ou altéré".

La visite au Maroc du Président de LR, au delà du fait qu'elle se veut rassurante pour l'avenir des relations maroco-francaises, prend bel et bien l'allure de contre-offensive diplomatique qui ne manquera pas d'aggraver l'isolement du Président de la république française sur la question du Sahara marocain déjà supplanté par d'autres puissances européennes, dont l'Espagne et l'Allemagne.

Elle ouvre par ailleurs de nouvelles perspectives en saisissant au vol la position, exprimée avec fermeté par le Souverain marocain, selon laquelle le dossier du Sahara constitue le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international.

Voilà qui relève en tout cas d'une vision sage et clairvoyante d'autant que la France, par la faute de sa diplomatie, est en train de perdre complètement pied au Maroc où, pourtant, il y a une visibilité et un cap bien clair en tant qu’économie et en tant que nouvelle puissance africaine.