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Un thé au Sahara


Rédigé par le Lundi 2 Octobre 2023

A la fin de ce mois d’octobre, le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait adopter une nouvelle résolution concernant la question du Sahara marocain.



Deux semaines au préalable, l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, Staffan De Mistura, devrait présenter son rapport à ce sujet aux cinq membres permanents du CS de l’Onu.

Il est à rappeler que De Mistura s’est rendu dans les provinces du Sud du royaume, le 4 septembre, et qu’il a rencontré le chef de la diplomatie marocaine, le 8 du même mois à Rabat.

Contrairement à sa première tournée dans la région, l’année dernière, l’envoyé spécial du SG de l’Onu ne s’est pas rendu aux camps de Tindouf, en Algérie. Il s’est contenté de recevoir le chef des polisariens, Brahim Ghali, le 11 septembre au siège de l’Onu, à New York.

Le 13 septembre, De Mistura était à Alger, où il a eu des entretiens avec le ministre des affaires étrangères algériens, Ahmed Attaf. Le jour même, le président algérien, Abdelmajid Tebboune, s’était réuni avec l’ambassadrice des Etats-Unis à Alger, Elizabeth Moore Aubin, dont le pays reconnaît la marocanité du Sahara.

Le golem de tous les malheurs

C’est un scénario qui se répète de manière quasi-similaire depuis plusieurs années, avec la reconduction automatique du mandat de la Minurso, sauf que le temps joue contre l’Algérie et son proxy poliarien, donc en faveur du Maroc.

Depuis le 13 novembre 2020, date de l’annonce par le polisario de la fin du cessez-le-feu conclu en 1991, les choses vont, en effet, de mal en pis pour Alger et son golem.

Deux chiffres suffisent à refléter partiellement la situation actuelle de ce conflit de près d’un demi-siècle, dont s’est franchement lassée la communauté internationale : une trentaine de pays ont ouvert des consulats à Laâyoune et Dakhla, alors que seule une vingtaine de pays continuent à reconnaître l’Etat fictif du polisario.

Parmi les pays pour lesquels la marocanité du Sahara ne fait plus de doute, l’Espagne, l’ancienne colonisatrice des provinces du Sud du royaume, les Etats-Unis, première puissance mondiale, et Israël, dont la simple évocation donne des crises de rage hystérique aux dirigeants algériens.

Moscou joue, Paris trébuche

Moscou, qui n’a jamais reconnu la pseudo-rasd, dit à Alger, bon client des systèmes d’armement russes, ce qu’elle veut entendre, mais ne s’oppose jamais aux résolutions du Conseil de sécurité  de l’Onu au sujet du Sahara.

Le Maroc est le troisième partenaire commercial de la Russie en Afrique, le premier hors armement. Les deux pays sont liés par un accord de partenariat stratégique, depuis 2002, renforcé, en 2016, par un nouvel accord d’approfondissement dudit partenariat.

Quant à Paris, le président Emmanuel Macron en est encore à calculer le manque à gagner avec le Maroc, faute de reconnaissance de la marocanité du Sahara, sans pour autant engranger de profits significatifs avec l’Algérie, ni même arriver à convaincre les voisins de l’Est à tourner la triste page de la guerre d’indépendance d’Algérie, pourtant terminée il y a soixante ans.

Il est, de ce fait, à souligner que les relations entre la France et l’Algérie relève plus de l’émotionnel que du rationnel. C’est : « je t’aime, moi non plus ».

Les petits oiseaux métalliques

Dans les camps de Tindouf, en Algérie, ce sont ces petits oiseaux métalliques des Forces Royales Air, appelés drones, qui suscitent choc et effroi. Ce que les polisariens appelaient « territoires libérés », qui représentent en fait la zone démilitarisée à l’Est du Mur de sécurité des Forces Armées Royales, conformément aux accords de cessez-le-feu de 1991, leurs sont devenus interdits.

Les drones marocains envoient ad patres quiconque ose s’y aventurer.

Il va sans dire que ce n’est pas la joie, ni à Alger, ni dans les camps de Tindouf. Les Algériens pleurent les 375 milliards de dollars que leur a coûté le polisario, depuis qu’ils l’ont créé, sans parvenir à atteindre l’océan Atlantique ou affaiblir le Maroc, objectifs essentiels du voisin de l’Est.

Les polisariens affrontent, par ailleurs, un autre problème dans les camps de Tindouf. Outre le tribalisme de ses chefs, le sort des Sahraouis qui ne sont pas originaires des provinces du Sud du Maroc est incertain. 

Quand ils ont été recrutés, au cours des années 70 et 80, au Sud de l’Algérie et au Nord de la Mauritanie et du Mali, il était question qu’ils aient leurs parts du « butin », une fois les polisariens entrés à Laâyoune.

Que faudrait-il en faire maintenant qu’il est devenu évident pour tout le monde que ce jour-là n’arrivera jamais ?

La « Jihadiste connection »

Et delà, un autre problème, autant pour le parrain algérien que son proxy polisarien, non moins grave.
La sous-région du Sahara et du Sahel est le foyer d’une multitude de groupes terroristes et autres narcotrafiquants, qui constituent l’unique alternative pour les combattants frustrés du polisario.

Nul besoin de rappeler qu’Adnan Abou Walid Sahraoui, chef de Daech au Sahel, éliminé le 17 août 2021 au Mali, était un polisarien.

Cette connexion factuelle entre les polisariens et les katibas de jihadistes sahéliens donne bien des soucis à la communauté internationale. Surtout depuis que les soldats français ont été déclarés indésirables dans la plupart des pays du Sahel.

Même les Russes de la société de mercenariat dite Wagner, déployés au Mali, ne portent pas les jihadistes dans leur cœur.

L’autonomie élargie

Le polisario est devenu, pour Alger, un boulet dont elle ne sait pas comment se débarrasser, sans perdre la face.

Dans les camps de Tindouf, où se déroulent sporadiquement des échanges de coups de feu entre bandes concurrentes de narcotrafiquants, la perte de contrôle de la situation sécuritaire est le signe avant-coureur d’un total effondrement.

Pendant ce temps, les habitants des provinces du Sud dégustent paisiblement du thé au Sahara, en se moquant des pouilleux polisariens qui veulent les « algérianiser ». Et discutent, plus sérieusement, de l’autonomie élargie des provinces du Sud, proposée par le Maroc comme unique solution pour résoudre le conflit, dont ils comptent bien bénéficier, comme ils ont pu clairement le signifier à l’envoyé spécial du SG de l’Onu pour le Sahara.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Lundi 2 Octobre 2023

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