L’armée ukrainienne aurait récemment récupéré une ou plusieurs plateformes pétrolières en Mer noire, s’extasient des médias occidentaux.

Les Russes trembleraient de peur face aux missiles sol-sol de longue portée, Atacms, que les Etats-Unis devraient bientôt livrer à Kiev, se plaisent à commenter des experts militaires de plateaux de télévision.

Pourtant, le cœur n’y est vraiment plus. Ces mêmes médias occidentaux sont peinés de constater que les pays du G20, au terme de leur réunion au sommet, tenue le 9 septembre à New Delhi, n’ont pas condamné une « agression russe » en Ukraine.

C’est vite oublier que le G20 (composé en fait de 19 pays), compte dans ses rangs, outre la Russie, la Chine, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud et d’autres pays du Sud, qui ne se sentent pas du tout directement concernés par le conflit en Ukraine.

Le chef d’état-major de l’armée des Etats-Unis, le Général Mark Milley, a prévenu qu’il ne restait aux troupes ukrainiennes pas plus de 30 à 45 jours pour réussir leur contre-offensive, après quoi les conditions météorologiques ne seront plus favorables. Autant dire que Kiev n’y arrivera jamais.

Très significatif est l’exercice militaire prévu par l’Otan au printemps 2024, simulant une attaque de la Russie contre l’un des membres de l’Alliance atlantique, baptisé « Steadfast Defender ».

Les stratèges de l’Otan estiment, donc, que la Russie ne sera pas, d’ici là, militairement vaincue par l’Ukraine. Ils prévoient plutôt de mobiliser 41.000 soldats et une cinquantaine de navires de guerre pour se préparer à faire face à une éventuelle offensive russe.

Même si les dirigeants politiques et militaires occidentaux peinent à l’avouer, ils sont parfaitement conscients que la contre-offensive ukrainienne a lamentablement échoué. Le plus probable est que les états-majors des pays occidentaux n’ont jamais cru aux chances de succès de l’armée ukrainienne.

Le narratif erroné sur la capacité de l’Ukraine à gagner sa guerre contre la Russie, vendu aux médias occidentaux, idéologiquement perméable aux diatribes antirusses, ne visait qu’à retarder l’inéluctable.

Les choses sont pourtant claires, et ce dès le début de la guerre, qui dure maintenant depuis plus de 18 mois. Le poids démographique de la Russie, 143,4 millions d’habitants (chiffres de 2021) représente plus du triple de celui de l’Ukraine, 43,8 millions d’habitants.

L’économie de la Russie (9ème mondiale), qui pèse 2133 milliards de dollars (chiffres de 2022), en hausse de 4,9% en 2023, représente treize fois l’économie de l’Ukraine (l’un des pays les plus pauvres d’Europe), 160,5 milliards de dollars (chiffres 2022).

Sur un plan purement militaire, en prenant en considération l’importance avérée de l’artillerie dans cette guerre, l’Ukraine tire, en moyenne 5.000 obus par jour, pendant que la Russie en tire quatre fois plus, 20.000 obus (chiffre qui peut varier entre 10.000 et 50.000 obus tirés par jour, selon le contexte sur le front).

L’approvisionnement en obus est, par ailleurs, plus simple pour la Russie. Ses stocks et ses usines, datant de l’époque soviétique, fournissent aux artilleurs russes suffisamment d’obus de calibre 152mm.

Les Ukrainiens ont déjà épuisé leurs stocks soviétiques d’obus de 152 mm, et doivent compter sur l’aide extérieure pour leur fournir des pièces d’artillerie aux normes de l’Otan, c'est-à-dire consommant des obus de 155mm.

Dans une guerre d’attrition, comme celle menée par l’armée russe actuellement en Ukraine, c’est le pays disposant de la plus importante capacité de production industrielle militaire qui a le plus de chance de l’emporter.

Ce problème de la nécessaire adaptation de l’armée ukrainienne aux standards, tactiques, modes opérationnels et stratégies de l’Otan, qui lui fournit actuellement l’essentiel de ses armes et munitions, se pose de manière aiguë aux militaires ukrainiens, formés à l’école soviétique.

Au début de la guerre, la Russie a lancé une offensive stratégique, qui lui a permit d’occuper plus de 120.000 kms2 de territoires ukrainiens, soit 20% de l’ensemble.

L’armée russe s’est, par la suite, terrée derrière une ligne de défense, solidement bâtie sur trois échelons, sur laquelle ont buté les 12 brigades ukrainiennes préparées pour la contre-offensive.

A l’exception de quelques maigres succès tactiques, l’armée ukrainienne n’a, à aucun moment, pu opérer une percée stratégique du front russe, qui puisse influer de quelconque manière sur le résultat du conflit.

Les élections présidentielles aux Etats-Unis sont prévues pour début novembre 2024 et la présidence Biden n’a pas brillé par ses résultats. Pour les Républicains, qui rongent leurs freins en attendant de reconquérir la Maison blanche, le seul adversaire digne d’être affronté est la Chine.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ne se fait, d’ailleurs, aucune illusion sur la volonté du parti républicain américain de laisser tomber Kiev, une fois de retour au pouvoir.

La vielle Europe, pour sa part, compte ses pertes économiques générées par le conflit en Ukraine, pays en faillite dont il faudrait financer la reconstruction après-guerre, et pleure sa perte d’influence sur la scène mondiale.

La défaite militaire de l’Ukraine est une réalité de plus en plus difficile à cacher par les décideurs politiques et les médias occidentaux à leurs opinions publiques, de toute manière déjà écœurées par les conséquences quotidiennement vécues et les déceptions générées par ce conflit.