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Les élucubrations d’eurodéputés grelottant de froid


Rédigé par le Jeudi 9 Février 2023

Le Maroc est très à la mode au parlement européen. Faute de gaz russe pour se chauffer, celui d’Algérie n’arrivant pas à combler le manque, les eurodéputés fantasment sur le Maroc, jaloux de son climat tempéré.



A Strasbourg, siège du parlement européen, la gêne est grande.

Comment accuser un pays d’être un corrupteur, sans avouer, implicitement, que l’on est corrompu ? Quelle crédibilité accorder, alors, aux propos d’une institution qui reconnaît que ses membres sont des véreux ?

Et pour paraphraser le défunt président français, Jacques Chirac, les problèmes « volent toujours en escadrille ». L’affaire d’espionnage dite « Pégasus », en référence au fameux logiciel espion israélien, est une autre source de malaise pour les eurodéputés.

Il s’agit de convaincre 360 millions d’électeurs européens que Rabat a « emprunté » une oreille « électronique » de Tel-Aviv pour écouter quelques personnalités du vieux continent. Ce qui n’est pas sans quelques difficultés.

Comment éviter, d’abord, la mise en évidence du rôle d'Israël, concepteur et propriétaire dudit logiciel d’espionnage ? A supposer que Rabat ait vraiment « écouté », cela veut dire que Tel-Aviv a aussi tout « entendu ».

Et Dieu sait ce que les Israéliens, doués pour écouter électroniquement aux portes, ont pu « entendre » d’autre…

Ce serait mal fait que les électeurs européens poussent la réflexion aussi loin.

Les passoires se lamentent

Il va sans dire, par ailleurs, qu’avancer que le Maroc, a la capacité d’écouter les conciliabules de quelques personnalités politiques du vieux continent pose un problème de prestige.

Si le Maroc, 57ème au classement de la puissance des pays en 2020, a les moyens de « tendre l’oreille » dans les coulisses du pouvoir en Europe, qu’en est-il des Russes, des Chinois… ?

Que les Etats-Unis écoutent le téléphone cellulaire d’Angela Merkel, du temps ou elle était chancelière d’Allemagne, les Européens peuvent l’admettre. Ne sont-ils pas des « alliés » (sic !) ? Mais le Maroc !

Ce sont même les services de renseignement allemands qui avaient averti, à travers un rapport publié fin 2021, que le royaume risquait de devenir une 2ème Turquie en Méditerranée et qu’il fallait en « limiter les ambitions ».

Les eurodéputés se sont donc torturés les méninges pour trouver le moyen d’exulter leur colère contre le Maroc, coupable à leurs yeux d’affirmer de plus en plus fortement sa souveraineté.

Sus aux souverainetés !

C’est donc cette souveraineté du royaume qu’il s’agit pour eux de saper dans sa dimension territoriale, plus exactement à l’échelle de ses provinces du Sud, qui lui assurent une continuité vers l’Afrique subsaharienne, ou les entreprises marocaines ont pignon sur rue.

Un raisonnement stupide de stratèges de salon, qui oublient de prendre en considération le recul d’influence déjà flagrant des anciennes puissances coloniales européennes en Afrique.

Une perte d’influence que la Russie et la Chine se font un plaisir de compenser par de nouveaux partenariats, cette fois selon le principe de gagnant-gagnant.

Lors de ses tournées programmées en Afrique, le ministre russe des affaires étrangères, l’éminent Sergueï Lavrov, devrait passer par Rabat, une visite, d’abord annoncée, puis reportée, qui reste toutefois à confirmer.

Dans le même ordre d’idées, le 8 février, l’ambassadeur du Maroc à Moscou, Lotfi Bouchaara, a eu un entretien fort intéressant avec le vice-ministre russe des affaires étrangères, Sergey Vershinin, ou il a été question de l’affaire du Sahara.

Echanges entre adultes

Pragmatiques jusqu’au bout des ongles, les Marocains et les Russes font, actuellement, quelques bonnes affaires.

Le Maroc, qui n’a pas adopté les sanctions contre le pétrole russe raffiné, a importé 735 mille tonnes de diesel à la Russie, en 2022, contre 66.000 tonnes une année auparavant.

Au cours du seul mois de janvier 2023, la Russie a vendu 145 mille tonnes de diésel au royaume. Nul besoin de rappeler que les Russes font un bon prix aux pays qui ne leur ont pas tourné le dos.

Avec la Turquie, le Maroc a bien tiré profit de l’actuelle crise en Europe orientale, en ce qui concerne le pétrole russe raffiné, puisqu’il est possible d’en réexporter.

L’hypocrisie des uns (les Européens) fait les bonnes affaires des autres (Les Marocains, les Turcs, les Indiens, les Chinois…).

Gamineries algéroises

Il faut avouer que les errements des dirigeants politiques d’Alger en matière de politique extérieure arrangent également les intérêts de Rabat.

Grand acquéreur de systèmes d’armement russes jusqu’à présent, l’Algérie, craignant des sanctions américaines à ce sujet, veut désormais faire ses emplettes en France.

Il n’est pas encore question de contrats d’acquisitions de systèmes d’armement français par l’Algérie, mais entendre parler d’achat de chasseurs Rafales prête quelque peu à sourire.

Il faut souhaiter bien du plaisir aux pilotes de chasse et aux mécaniciens de maintenance algériens pour les années de formation qu’ils auront à passer pour se réadapter aux technologies aéronautiques occidentales.

Entre temps, le président Vladimir Poutine, qui appartient à une génération de Russes qui a toujours considéré l’Algérie comme un allié naturel, est sûrement très déçu.

Les récents évènements de l’actualité sont pourtant là pour prouver que c’est une très mauvaise idée de vexer le président russe. Pour Rabat, cette tension dans les relations Algérie-Russie est un véritable délice.

Savoir ce que l’on veut

Dans la vision géopolitique des grandes puissances promotrices d’un nouvel ordre multipolaire mondial, essentiellement la Russie et la Chine, mais aussi nombre de pays émergents d’Asie et d’Amérique latine, il n’y a de place à la table des décideurs que pour les pays ambitionnant à une réelle et totale souveraineté.

Les pays « girouettes », qui compensent leur déficit d’autonomie politique par de vains discours grandiloquents, ne jouent pas dans la même catégorie que Poutine.

SM le Roi Mohammed VI a clairement tracé le terrain de jeu des relations extérieures du royaume. « Le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc regarde le monde ».

C’est une franche déclaration de souveraineté, celle d’une nation millénaire qui ne se fait pas dicter ses choix de relations extérieures. Advienne que pourra.

Moscou a déjà fait un clin d’œil à Rabat dans ce sens, la carte du monde récemment affichée par le ministère de la défense russe présente le Maroc dans son intégralité.

« Loosers » et « has-beens »

Il est intéressant de noter que les dirigeants algériens, notoirement malaimés par leurs populations, parviennent à s’entendre avec des politiciens européens, également en chute de crédibilité chez eux. « Qui se ressemblent, s’assemblent », dit le proverbe.

C’est l’alliance des « loosers » et des « has-beens ».

Au Nord de la Méditerranée, des politiciens à gage tremblent à l’idée d’avoir à changer le lieu de séjour pour les vacances de Marrakech à Tindouf.

Les Marocains, pour leur part, ont bien d’autres chats à fouetter que de prêter l’oreille aux élucubrations d’eurodéputés indélicats. Les prix des légumes ont explosé. Certains de leurs propres politiciens leur donnent la nausée.

Alors, les QI du niveau d’auditeurs d’Aminatou Haïdar… franchement… !





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 9 Février 2023

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