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Par Aziz Boucetta
Le secteur du transport par taxis est soumis à une réglementation obsolète, elle-même fondée en partie sur les conditions de délivrance des permis d’exploitation, les fameux « agréments », indissolublement liés à l’histoire du pays et à l’économie de la rente qui a suivi. Le ministère de l’Intérieur d’Abdelouafi Laftit tente bien de mettre de l’ordre dans le secteur, mais la chose est très sensible.
Comment limiter les délivrances de nouveaux permis ? Comment transférer les anciens, dont les titulaires sont décédés ? Comment annuler définitivement l’agrément ? Comment sortir de la situation d’agrément, situation remontant à l’indépendance, sans créer de remous sociaux au sein d’une catégorie socio-professionnelle qui n’est pas prête à renoncer à son privilège ?
Voici une dizaine d’années, le même ministère de l’Intérieur avait œuvré à moderniser la flotte des taxis, petits ou grands, dont la plupart tenait en effet par la peinture et la poussière, dont la sécurité était plus que questionnée et dont le confort rappelait celui d‘une galère romaine d’âge avancé.
La flotte a donc changé, évolué, et le confort global s’en est ressenti. Mais, pour autant, le problème reste identique, car le problème, souvent, ne consiste pas tant dans le véhicule que dans son chauffeur !
après dans une autre gare tout aussi moderne et va chercher un taxi ; il est aussitôt pris en chasse par une meute de chauffeurs de taxis, d’éducation moyenne, de propreté douteuse, de fiabilité inexistante et le voilà, notre cadre, ballotté de quartier en quartier, installé dans une voiture à l’hygiène plus que problématique, coincé avec des gens qu'il ne connaît pas. Distorsion et décalage.
Imaginez une personne casablancaise ou rbatie qui doit se rendre à Tanger pour affaire la concernant. Gare Agdal futuriste, TGV impeccable, ponctualité irréprochable, arrivée à la gare de Tanger, parfaite… et le même scénario se produit avec les chauffeurs de taxis face auxquels même les agents de la circulation semblent impuissants. Et c’est pareil dans les aéroports flambants neufs qui ont fleuri dans à peu près toutes les grandes villes du royaume mais où il est impossible de prendre un taxi respectant les règles les plus élémentaires de la bienséance.
A Casablanca, à Rabat, à Salé, les gens prennent désormais volontiers le tramway pour se déplacer d’un endroit à un autre, et bientôt, les bus à haut niveau de service entreront en fonction. La physionomie de la ville en sera changée, mais qui oserait prendre un taxi, dans les conditions que l’on connaît aujourd’hui encore ?
Comment admettre que l’Etat qui a su concevoir sa vision de mobilité urbaine ou interurbaine, qui nourrit de grandes ambitions en matière de moyens de transports urbains, qui s’inscrit dans une mobilité urbaine elle-même soucieuse de développement durable avec comme objectif d’atténuer les émissions de gaz… comment accepter que cet Etat reste si impuissant face au phénomène, car il s’agit bien d’un phénomène, des taxis ? Comment expliquer que ces taxis persistent à ignorer les règles et contraintes de la circulation, mettant en danger leurs passagers et les usagers de la voie publique ?
Comment expliquer que l’Etat peine à asseoir légalement les entreprises privées de taxis, dont les conducteurs sont souvent pris à partie par les chauffeurs de taxis « classiques » ? Comment admettre de la part de l’Etat que le permis dit de confiance n’inspire plus tellement cette confiance à laquelle il doit son nom ? Que les ceintures de sécurité ne soient pas de mise ? Que le bon fonctionnement des organes du véhicule ne soit pas toujours garanti ?
Les solutions existent, et le ministère de l’Intérieur a déjà commencé à les introduire depuis mi-2022, mais il faut croire que la résistance de la corporation soit plus forte. Et tant qu’elle est la plus forte la qualité de la mobilité urbaine et interurbaine sera incomplète, inachevée. L’Etat marocain n’est pourtant pas un Etat faible…
Rédgé par Aziz Boucetta sur Panorapost