A l'épreuve de la rue 

Après plusieurs mois de discussions, le grand projet de réforme des retraites voulu et promis par Emmanuel Macron a été finalement présenté par la cheffe du gouvernement le 10 janvier.

Élisabeth Borne a ainsi annoncé le recul de deux ans de l’âge légal de départ à la retraite, qui atteindra progressivement 64 ans. La durée de cotisation pour partir sans pénalités augmentera aussi plus vite que prévu. Une réforme aux antipodes des ambitions du premier quinquennat Macron.

Elisabeth Borne a cette ambition de pouvoir convaincre, c'est du moins ce qu'elle espère , que cette réforme est nécessaire mais elle aura du pain sur la planche et énormément de soucis à se faire car la mobilisation est en cours pour organiser la résistance et la contestation

C'est une réforme que le gouvernement français compte faire passer aux forceps , au prix de la cohésion de la majorité auquel s'est rallié la droite des Républicains LR . Mais , pour le moment elle devra d' abord passer l'épreuve de la rue !

Et si Macron peut enfin se permettre une OPA sur la droite Républicaine, il ne devrait pas s'en priver.

L'ensemble des syndicats de France ont jugé le projet de réforme des retraites " brusque et injuste" 

La contestation s'organise.


Malgré des subventions de l'état français de pas moins de 30 milliards , le système de retraites connaît un déficit abyssal. Et même si cette réforme vise à rééquilibrer ce système, le plan du gouvernement français ne passe pas. 

Effectivement, 68% des français sont contre ( sondage IFOP ) et 93% des actifs ( Institut Montaigne ) s'opposent à cette réforme de plus en plus impopulaire !

  Si l'on se réfère aux scores réussis par le président français lors des deux tours de l'élection pour son second mandat, on peut penser légitimement et logiquement que la majorité des français n'est absolument pas d'accord avec la politique de l'Elysée et de Matignon. 

Les plus défavorisées ont ce sentiment de payer l'addition pour d'autres professions qui ne sont même pas obligées de travailler jusqu'à 60 ans !
Elisabeth Borne a affirmé que la réforme des retraites visait à assurer l'équilibre du système à l'horizon 2030 .
Attac , l'organisation altermondialiste, a pour sa part invité tous les français à rejoindre la mobilisation syndicale afin d'appuyer tous azimuts tous les mouvements et manifestations de protestation .

Philippe Martinez , secrétaire général de la CGT a estimé que les syndicats n'ont pas été entendus et que la déclaration de la cheffe du gouvernement était inacceptable.

L'ensemble de la gauche a appelé à rejoindre l'opposition à ce projet , Jean Luc Mélenchon dénonçant une grave régression sociale.
Gilets jaunes, syndicats et partis de gauche siégeant dans l'opposition et qui ont beaucoup de mal à unir les rangs , sans oublier le Rassemblement National , espèrent cependant mobiliser les français pour paralyser le pays par une grève générale jeudi 19 janvier.

Marine le Pen a promis quant à elle de faire barrage à cette injustice car le contenu et le calendrier de ce plan tombent à un très mauvais moment ,  vu les cadeaux offerts par le gouvernement aux plus riches dans le budget 2023 ! 

Mais en a-t-elle seulement les moyens au sein de l'Assemblée nationale !?

Dans tous les cas , si un million de français descendent dans les rues jeudi prochain , il y aura certainement des affrontements violents et le président ne pourra pas s'entêter à rester sourd et indifférent aux revendications des français ! 
 

Les ordonnances du président

Le gouvernement Borne semble avoir spéculé sur le sentiment de résignation des français, fatigués par deux ans de Covid , usés par l'inflation et dépités par le coût grimpant de l'énergie.
 
Il est fort probable que la majorité use d'un 49.3 pour imposer et faire adopter son plan de réforme dans un schéma très conforme aux ordonnances du président Macron !

Par contre, la droite s'est dite satisfaite d'avoir été entendue sur les petites pensions . 

Pour terminer, il n'est absolument pas certain que cette réforme soit jugée nécessaire et juste par les français surtout en ce qui concerne les mesures d'âge , la durée des cotisations voire ceux qui sont déjà à la retraite et qui ne sont pas concernés par la revalorisation des pensions.

Soulignons toutefois que , après adoption , les pensions des nouveaux retraités seront valorisées de 100 euros, mais pas celles de ceux qui sont déjà à la retraite.  D'où un légitime sentiment d'injustice et de frustration. 

Par ailleurs, Marion Maréchal Le Pen qui a rejoint le parti Reconquête estime que Macron a copié, mot pour mot , les propositions d'Éric Zemmour lors de la campagne présidentielle. Ce qui n'est pas absolument faux .

Au Maroc , l'heure des choix 


Ce qui va se passer en France avec ce plan de réforme des retraites est d'une extrême importance pour le reste de la planète.
En effet, si le gouvernement français réussit à adopter sa réforme, beaucoup de gouvernements en Asie , en Afrique et ailleurs serons tentés de s'en inspirer pour emboîter le pas .

Et si les syndicats de France réussissent, par un coup de force , à changer la mouture de ce texte , dans le monde entier les syndicats comprendront qu'il est possible de résister. 

Au Maroc l’heure de trancher sur l'âge de la retraite a sonné. La retraite et le droit à la grève opposeront dans les prochains jours le gouvernement aux syndicats participant au dialogue social.

Ces derniers attendent les résultats de la réunion, prévue ce mois de janvier, de la commission spéciale pour la réforme des retraites.
Il est attendu que le gouvernement présente au cours de cette réunion , où les syndicats et la CGEM seront présents ,  sa vision pour la réforme des retraites, dont la fameuse suggestion de relever l’âge de la retraite à 65 ans.

Si en Hexagone , on assiste à la fin du modèle français chez nous au Maroc on est en droit de se demander vers quelle société nous nous acheminons !?

En effet, à quoi bon gagner six ou sept ans d'espérance de vie si c'est pour travailler cinq années de plus !?

Les normes dictées et imposées par le capital et le patronat sont-elles à ce point au-dessus du rapport de forces et des négociations devant en principe régir le contrat social ? 


Par Hafid Fassi Fihri