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Relance économique : le Maroc face à des risques sous-estimés

Analyse, 5 questions de l'opposition et 5 questions de la majorité


Rédigé par le Mercredi 23 Octobre 2024

Le PLF 2025 repose sur des prévisions optimistes de croissance mondiale et de relance économique nationale. Toutefois, ces projections ne tiennent pas compte des nombreuses incertitudes géopolitiques et économiques qui pourraient freiner les ambitions marocaines. Une stratégie plus réaliste et diversifiée est nécessaire pour assurer la résilience à long terme.



Croissance et dépendance : le PLF 2025 résistera-t-il aux chocs mondiaux ?

Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025, présenté dans un contexte économique mondial incertain, se veut une réponse aux défis économiques auxquels le Maroc fait face. Cependant, l’analyse des projections et des objectifs soulève des questions sur la viabilité des choix économiques du gouvernement. En se penchant sur la conjoncture mondiale et les stratégies nationales, il est crucial d’examiner de manière critique les prévisions optimistes du PLF.

Le PLF 2025 s’inscrit dans une perspective de croissance mondiale modérée, avec des prévisions de 3,2 % en 2024 et 3,3 % en 2025. Si cette estimation semble marquer une reprise, elle ne reflète pas pleinement les risques géopolitiques et économiques qui pèsent sur l’économie globale. En effet, les tensions géopolitiques, comme la guerre en Ukraine ou la montée des confrontations économiques entre les grandes puissances, pèsent encore lourdement sur les chaînes d'approvisionnement mondiales, notamment dans les secteurs énergétiques et des matières premières. De plus, la crise énergétique, particulièrement en Europe, n’est pas totalement résorbée, et le retour à la stabilité reste incertain.

Cette résilience affichée dans le PLF semble ignorer la fragilité des économies mondiales face à des chocs externes imprévisibles. Le Maroc, qui reste tributaire des fluctuations des marchés internationaux, devra composer avec ces incertitudes. Dans un tel contexte, l’optimisme du PLF quant à l’amélioration de la croissance mondiale pourrait se révéler trop optimiste, laissant peu de marge de manœuvre en cas de nouvelle crise économique ou énergétique.

L’article initial fait état d’une reprise du commerce mondial favorisée par l’assouplissement des politiques monétaires. Certes, les banques centrales de nombreux pays ont commencé à réduire leurs taux d'intérêt, ce qui soutient l'investissement et la consommation. Mais cette reprise reste encore fragile, notamment en raison de la persistance de barrières commerciales et de politiques protectionnistes adoptées par plusieurs grandes économies. Ces politiques continuent de fragmenter les chaînes d'approvisionnement mondiales, rendant incertaines les prévisions d’une relance rapide du commerce international.

Le Maroc, fortement dépendant des échanges commerciaux internationaux, est particulièrement vulnérable à ces interruptions des flux commerciaux mondiaux. En se basant sur un environnement commercial stable pour soutenir ses prévisions économiques, le PLF sous-estime les risques liés à l’incertitude internationale. Il convient donc d’adopter une approche plus prudente face à ces perspectives.

Bien que le Maroc ait montré une certaine résilience en 2023, les risques pesant sur l’économie nationale ne peuvent être négligés. Le PLF 2025 repose sur une hypothèse de croissance de 4,6 %, soutenue par les secteurs exportateurs comme l'automobile, l'aéronautique et l'agriculture. Toutefois, l'économie marocaine demeure très dépendante des investissements directs étrangers (IDE). Le ralentissement des IDE à l’échelle mondiale, couplé à la compétition internationale, pourrait freiner les ambitions marocaines dans ces secteurs clés. Le PLF semble minimiser cette réalité en ne proposant que peu de mesures concrètes pour contrer ce ralentissement.

Par ailleurs, la montée des tensions géopolitiques pourrait également affecter la demande pour les exportations marocaines, créant une instabilité pour les secteurs sur lesquels le gouvernement compte pour relancer l'économie. Cette dépendance à l’égard des marchés internationaux doit être mieux encadrée et soutenue par une politique économique axée sur la diversification des partenaires commerciaux.

Le PLF 2025 prévoit d’importants investissements dans les infrastructures et les secteurs sociaux, notamment la santé et l’éducation, afin de répondre aux besoins croissants du pays. Bien que cela soit une nécessité, ces mesures demeurent insuffisantes pour protéger le Maroc contre les risques mondiaux. La hausse des prix des matières premières et des produits énergétiques pourrait rapidement anéantir les gains espérés par ces investissements. Le manque d’attention portée à la diversification des sources d’énergie, notamment dans le secteur des énergies renouvelables, montre que le PLF ne prend pas suffisamment en compte les incertitudes futures.

Si le PLF 2025 affiche une volonté de relancer l’économie marocaine en s’appuyant sur des hypothèses de croissance modérée à l’échelle mondiale, cette approche manque de réalisme face aux incertitudes géopolitiques et économiques qui pèsent sur le commerce international et les investissements. Les risques mondiaux, couplés à une dépendance excessive aux IDE, rendent la stratégie marocaine vulnérable. Une approche plus prudente, renforcée par des mesures concrètes pour diversifier l'économie et les sources d’énergie, serait nécessaire pour éviter de mettre en péril la résilience du Maroc face aux défis économiques à venir.

Si j'étais parlementaire de l'opposition, j'aurai posé ces 5 questions à Madame la Ministre des finances

  1. Madame la Ministre, le PLF 2025 repose sur une prévision de croissance de 4,6 %, mais comment comptez-vous protéger l’économie marocaine face aux risques géopolitiques et aux incertitudes internationales, notamment dans un contexte de tensions en Ukraine et de crise énergétique persistante en Europe ?
  2. Le Maroc demeure dépendant des IDE, or leur ralentissement à l'échelle mondiale est préoccupant. Pourquoi le PLF 2025 ne propose-t-il pas de mesures concrètes pour compenser cette dépendance et attirer plus d’investissements directs étrangers dans des secteurs stratégiques ?
  3. L'optimisme affiché dans le PLF quant à la reprise mondiale pourrait sous-estimer la vulnérabilité du Maroc face aux fluctuations des marchés internationaux. Quelles politiques de précaution proposez-vous pour pallier l’impact des barrières commerciales et des politiques protectionnistes croissantes ?
  4. Le PLF 2025 prévoit d’importants investissements dans les infrastructures et les secteurs sociaux, mais avec l’augmentation des prix des matières premières, comment garantir que ces investissements ne seront pas compromis par la volatilité des coûts des produits énergétiques ?
  5. Le PLF semble minimiser les besoins en diversification des partenaires commerciaux et en énergies renouvelables. Quelles initiatives proposez-vous pour renforcer l’autonomie économique du Maroc et sécuriser ses sources d’énergie face aux incertitudes futures ?

Si j'étais parlementaire de la majorité, j'aurai posé ces 5 questions à Madame la Ministre des finances

  1. Madame la Ministre, malgré les incertitudes mondiales, le PLF 2025 démontre la volonté du gouvernement d’investir dans les secteurs sociaux et les infrastructures. Comment ces investissements permettront-ils de renforcer la résilience économique du Maroc tout en répondant aux besoins croissants en santé et éducation ?
  2. Le PLF 2025 mise sur la croissance des secteurs exportateurs comme l'automobile et l’aéronautique. Comment le gouvernement envisage-t-il de diversifier les partenaires commerciaux du Maroc afin de réduire sa dépendance aux marchés internationaux et de mieux résister aux tensions géopolitiques ?
  3. Le PLF 2025 prévoit un renforcement des investissements dans les infrastructures, mais face aux fluctuations des prix des matières premières, quelles mesures ont été prises pour sécuriser ces projets et garantir leur réalisation ?
  4. Le PLF souligne l'importance de la relance économique à travers l’assouplissement des politiques monétaires internationales. Comment le Maroc compte-t-il tirer profit de cette conjoncture favorable pour attirer des IDE supplémentaires et soutenir la croissance des secteurs stratégiques ?
  5. Face aux défis énergétiques mondiaux, comment le PLF 2025 prévoit-il d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables afin de réduire la dépendance aux importations énergétiques et mieux protéger l’économie marocaine contre les crises futures ?

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Mamoune ACHARKI
Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la... En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 23 Octobre 2024

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