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PLF 2025 : L'investissement durable au détriment des classes populaires


Rédigé par le Jeudi 24 Octobre 2024

La proposition du gouvernement de réformer la fiscalité marocaine avec des ajustements tels que la taxe carbone et l’augmentation de la taxe sur le ciment suscite un débat essentiel. Ces mesures, bien qu’ambitieuses sur le papier, manquent de considération pour les impacts réels sur les ménages et les secteurs clés de l’économie, notamment dans un contexte déjà tendu par la crise.



TVA, ciment et taxe carbone : La face cachée des nouvelles mesures fiscales

Le gouvernement marocain a dévoilé un projet ambitieux de réforme fiscale dans son Projet de Loi de Finances (PLF) 2025, avec des ajustements portant sur la TVA, la taxe sur le ciment et l’introduction d’une nouvelle taxe sur le carbone. Ces initiatives, présentées comme des leviers pour renforcer les recettes fiscales et favoriser une économie plus durable, cachent pourtant des effets potentiellement négatifs pour une large partie de la population et de l’économie marocaine.

La réforme de la TVA, présentée comme un effort de simplification et d’équité. Cependant, en réalité, cette réforme pourrait accroître les inégalités fiscales en affectant directement les produits de consommation courante. Bien que le gouvernement ait prévu de maintenir des taux préférentiels pour les biens de première nécessité, l’élargissement de l’assiette de la TVA, mentionné dans les documents du PLF​, pourrait inévitablement toucher une plus grande partie des ménages à revenu moyen et faible. L’augmentation des prix de certains biens et services, actuellement exonérés ou soumis à des taux réduits, risque de peser lourdement sur le budget des familles marocaines.

Au lieu de concentrer les efforts sur une réforme de la fiscalité indirecte qui touche uniformément tous les citoyens, une meilleure option aurait été de renforcer la fiscalité directe, en ciblant les contribuables les plus aisés. En effet, une fiscalité plus progressive permettrait de limiter l’impact sur les classes les plus modestes, tout en générant des recettes importantes.

La hausse de la taxe sur le ciment, qui vise à encourager des pratiques de construction plus écologiques, est un autre point fort de la réforme. Cependant, ce qui n’est pas suffisamment abordé, c’est l'impact que cette mesure aura sur le secteur de la construction et, par extension, sur l’accessibilité au logement. En augmentant les coûts de production pour les entreprises de construction, cette taxe risque d'entraîner une hausse significative des prix de l'immobilier, un secteur déjà en difficulté.

Les ménages à revenu modeste, qui peinent déjà à accéder à la propriété, pourraient voir leurs rêves de devenir propriétaires s'éloigner davantage. Plutôt que d’augmenter les taxes sur des matières premières essentielles, des subventions aux constructions écologiques ou des incitations pour utiliser des matériaux de construction durables auraient permis d’encourager la transition sans freiner la croissance du secteur.

L'introduction d'une taxe sur le carbone, visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à favoriser l'innovation verte, semble être une initiative nécessaire dans le contexte de la transition énergétique mondiale. Toutefois, l'impact sur les secteurs clés tels que l'industrie, les transports et l'agriculture doit être examiné de près. Ces secteurs, déjà confrontés à des défis de compétitivité, pourraient être lourdement affectés par cette taxe, ce qui pourrait avoir des répercussions en cascade sur les prix des produits et services offerts aux consommateurs.

De plus, il convient de se demander si les entreprises disposent réellement des moyens pour adopter des technologies vertes dans un délai aussi court. Plutôt que de pénaliser immédiatement les secteurs polluants, le gouvernement devrait offrir des incitations financières ou techniques pour aider ces industries à s'adapter progressivement aux nouvelles normes environnementales.

Bien que les réformes proposées dans le PLF 2025 traduisent une volonté de modernisation fiscale, elles risquent d'aggraver les inégalités sociales et de freiner la compétitivité de certains secteurs. Des ajustements sont nécessaires pour rendre ces réformes à la fois durables et équitables, tout en protégeant les citoyens marocains les plus vulnérables.
 

Si j'étais parlementaire de l'opposition, j'aurai posé ces 5 questions à Madame la Ministre des finances

  1. Madame la ministre, comment justifiez-vous une réforme de la TVA qui risque d’aggraver les inégalités fiscales en touchant directement les ménages à revenu moyen et faible, notamment par l'élargissement de l'assiette de la TVA ?
  2. La hausse de la taxe sur le ciment risque d'entraîner une augmentation des prix de l’immobilier, rendant l’accès au logement encore plus difficile pour les ménages modestes. Ne craignez-vous pas que cette mesure freine davantage l'accès à la propriété pour une grande partie des Marocains ?
  3. L’introduction d’une taxe carbone, bien que nécessaire pour la transition énergétique, ne risque-t-elle pas d'alourdir les charges des secteurs déjà en difficulté, tels que l’industrie et l’agriculture, impactant ainsi la compétitivité de notre économie ?
  4. Au lieu de pénaliser les secteurs polluants avec une taxe carbone, pourquoi ne pas avoir proposé des incitations pour encourager une transition progressive vers des technologies vertes, sans compromettre l’équilibre économique des entreprises marocaines ?
  5. Ne pensez-vous pas que la réforme de la fiscalité directe, en augmentant la contribution des ménages les plus aisés, aurait été une alternative plus juste que l’actuelle réforme de la TVA, qui risque de pénaliser les classes populaires et moyennes ?

Si j'étais parlementaire de la majorité, j'aurai posé ces 5 questions à Madame la Ministre des finances

  1. Madame la ministre, la réforme de la TVA vise à simplifier et harmoniser la fiscalité. Pouvez-vous expliquer comment cette réforme contribuera à renforcer les recettes fiscales tout en préservant le pouvoir d'achat des ménages les plus vulnérables ?
  2. La hausse de la taxe sur le ciment est présentée comme un levier pour encourager des pratiques de construction plus écologiques. Comment le gouvernement compte-t-il accompagner le secteur de la construction pour minimiser l’impact sur l’accessibilité au logement, tout en respectant les objectifs écologiques ?
  3. L’introduction d’une taxe carbone est un pas important vers la transition énergétique. Quelles mesures d'accompagnement sont prévues pour aider les entreprises à s'adapter à cette nouvelle réalité, tout en renforçant leur compétitivité sur le marché international ?
  4. La transition vers une économie verte est un défi mondial. Comment le gouvernement envisage-t-il de concilier cette transition avec la protection des secteurs économiques clés comme l’agriculture et l’industrie, touchés par la taxe carbone ?
  5. La réforme fiscale dans le PLF 2025 ambitionne de moderniser l’économie marocaine. Quels seront les principaux bénéfices attendus pour les citoyens et les entreprises marocaines à moyen et long terme grâce à cette réforme ?

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Mamoune ACHARKI
Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la... En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 24 Octobre 2024

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