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Par Aziz Boucetta
Au Maroc, la population a bien des mérites, dont la solidarité et le patriotisme ne sont pas les moindres. Les Marocains l’ont prouvé en 2011 par leur attachement à leurs institutions et par leur colère retenue contre le reste, puis lors de la crise Covid et aussi pendant le Mondial de Qatar et, tout récemment, dans cette extraordinaire mobilisation suite au séisme qui a endommagé tant de nos douars et ravagé tant d’existences.
Mais cela n’est pas suffisant pour réussir un Mondial, cette compétition à l’organisation de laquelle nous aspirons depuis une trentaine d’années.
Pour ce genre d’évènement, le civisme des populations est aussi important que la qualité des installations. Et le civisme, c’est savoir respecter les lois, s’approprier un espace urbain ou rural, ne pas salir, ne pas démolir, être respectueux des autres, attendre son tour, payer ses impôts… en un mot comme en cent, être citoyen.
Comment devient-on citoyen dans un pays comme le Maroc ? Dans ce royaume millénaire et anciennement et traditionnellement rural, l’urbanité diffère selon le sens du mot ; si l’urbanité au sens de politesse et de courtoisie est présente et est même une caractéristique de nos compatriotes, l’urbanité dans son acceptation du caractère citadin reste à acquérir. Comment donc deviendrait-on un vrai citoyen ? En s’appropriant l’espace citadin, et en s’identifiant à ses édiles, ses élus locaux, ses maires.
Un(e) maire est en effet la personne qui détient l’autorité administrative dans une ville, petite, moyenne ou grande. Il connaît ses administrés, il sait leurs problèmes, il vit sa ville et dans sa ville. Etre maire est une véritable vocation, voire une passion ; c’est une activité à plein temps. Un(e) maire sillonne sa ville, ordonne les réparations et imagine les améliorations, il est le recours en cas de problèmes individuels ou collectifs.
On se...rappelle de New York, ce 11 septembre, où le maire Rudy Giuliani avait été désigné de maire de l’Amérique (il a eu une suite de carrière plus chaotique quand il s’est approché de la présidence…). On se souvient aussi que lors de la crise des gilets jaunes en France, le président Macron n’avait trouvé d’autres recours que les maires, au-devant desquels il était parti, avec lesquels il avait discuté longuement… pour que le mouvement de rébellion s’atténue.
L’origine du mot maire vient du latin « mayor », ou « plus grand ». Cet élu est l’incarnation de sa ville alors même que le gouverneur est celle de l’Etat ; or ici, sur nos terres, les citoyens, globalement, ont davantage affaire au maire qu’au gouverneur, en charge des missions régaliennes de l’Etat. Au Maroc, bien malheureusement, le gouverneur (et même l’Etat) supplante bien souvent, trop souvent même, les présidents de communes, ou maires, lesquels font toujours pâle figure (quand figure il y a) lors d’un événement international, à Marrakech, à Fès, à Casablanca, à Tanger, ailleurs…
Mais qui connaît ces maires « nommés » ? Quelle autorité détiennent-ils ? S’identifient-ils vraiment à leur ville ? C’est dans l’action du maire et avec sa personnalité que les citoyens se reconnaissent dans leur cité, la défendent, la protègent, en prennent soin. C’est par l’action du maire que nos villes seront plus propres, plus sûres, plus vivables.
Il appartient donc à nos partis politiques d’en prendre la mesure, et de choisir les candidats aux mairies parmi leurs responsables qui ont fait carrière dans ces villes, qui détiennent une autorité que personne ne leur conteste, qui incarnent leurs cités et qui exercent positivement, inlassablement, efficacement, leur autorité municipale.
Il semblerait que ce soit ainsi que le Maroc devrait se préparer les compétitions à venir et à se préparer à recevoir le public africain de football et les spectateurs et touristes qui viendront dans nos villes en 2030. Les milles détails à régler, ce sont les maires, les sites à développer, ce sont aussi les maires, la sensibilisation des citoyens, ce sont encore et toujours les maires.
Espérons que nos partis le comprennent, espérons que les gens de bonne volonté et de grande expérience s’y engagent. Et surtout, avant tout, espérons qu’après 5 années de « non-politique », les citoyens s’engageront encore dans l’opération électorale.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost