Par Professeur Mohamed Chtatou
« Quand les femmes réussissent, les pays sont plus sûrs et prospères. »
Barak Obama, 44ème président Américain
« Il n’y a aucun outil pour le développement plus efficace que l’autonomisation des femmes. »
Kofi Annan, 7ème Secrétaire général de l’ONU
« Autonomiser les femmes est la clé pour construire le futur que nous voulons ».
Amartya Sen, lauréate du Prix Nobel en économie.
Alors, pourquoi est-ce que l’autonomisation des femmes ne se fait pas globalement ?
Etonnamment, c’est le contraire qui est la réalité sur le terrain. Au lieu de soutenir les femmes et de les motiver en tant que la force la plus puissante de transformation et de progrès, des actes de violence affreux sont perpétués contre elles… chaque minute, chaque heure, tous les jours :
- 2 femmes et filles sont violées toutes les deux minutes en Afrique du Sud.
- 48 femmes et filles sont violées toutes les heures, en tant qu’arme de guerre au Congo.
- 3 femmes sont tuées par leurs partenaires masculins tous les jours aux Etats Unis.
Qu’est-ce que l’autonomisation des femmes ?
Comment pouvons-nous aider à l’autonomisation des femmes ? Et qu’est-ce que réellement cette forme d’émancipation ?
Pour Christine Lagarde, ancienne ministre française de l’économie et présidente actuelle du Fonds Monétaire International –FMI-, l’autonomisation se résume en trois « L » s :
learning, labour et leadership (l'apprentissage, le travail et le leadership) :
« Tout d'abord, l'apprentissage (learning) : l'éducation est le fondement même du changement. L'apprentissage permet aux femmes de se prendre en charge elles-mêmes et de briser les chaînes de l'exclusion. Nulle part au monde, l'éducation ne joue un rôle plus important que dans les pays en développement : d'après les estimations d'une étude de 60 pays , la perte économique annuelle imputable au fait que les filles ne bénéficient pas du même niveau d'éducation que les garçons atteint les 90 milliards de dollar des États-Unis. Une autre étude suggère qu’une année supplémentaire d’enseignement primaire accroît le revenu potentiel de 10 à 20 pour cent, et une année supplémentaire d’enseignement secondaire de 25 pour cent.
Il y a un proverbe africain qui dit : « Quand on éduque un garçon, on forme un homme. Quand on éduque une fille, on forme un village. » Non seulement c’est vrai, mais on peut le mesurer. Par exemple, une femme est beaucoup plus susceptible de consacrer ses revenus aux soins de santé et à l’éducation qu’un homme : elle y consacre jusqu’à 90 pour cent de ses revenus, contre seulement 30 à 40 pour cent pour un homme. Cette façon de faire a des répercussions sur l’ensemble de la société, au-delà des générations.»
Aussi surprenant que cela puisse être, il n’y a aucune définition commune du terme. D’ailleurs, le mot « empowerment » n’existe pas dans la plupart des langues. Bien que la phrase « autonomisation des femmes » soit utilisée de façon généralisée dans les discussions concernant l’égalité des genres, les espaces d’autonomisation des femmes, c’est généralement dans le contexte de telles problématiques comme: l’émancipation économique, la participation politique et l’éducation des filles.
De plus, la majeure partie des informations qui ont été recueillies se basent sur l’égalité des genres — ou plus précisément son inégalité — en comptabilisant le nombre de filles contre le nombre de garçons, le nombre de femmes contre le nombre d’hommes. Il y a une pénurie d’information concernant l’autonomisation des femmes, particulièrement au niveau mondial.
Définir l’autonomisation et la collecte des données: première enquête mondiale sur l’émancipation des femmes
Selon la banque mondiale « L’autonomisation est le processus d'augmentation de la capacité des individus ou des groupes à faire des choix et à transformer ces choix en actions et résultats souhaités. »
L’autonomisation est un processus. C’est par ce processus que les individus deviennent des agents de changement. Plus simplement c’est la notion « pouvoir faire » qui change de je ne peux pas à je peux.
Est-ce-que les femmes et les filles sont autonomisées ?
Est-ce-que les femmes et les filles sont autonomisées ? S’est demandé 4GGL -For Girls Glocal Leadership-, en tant que mouvement à but non lucratif de changement social avec la mission d'enflammer la prochaine génération de dirigeantes émancipées et des agents de changement dans le monde. Ainsi, 4GGL a lancé la toute première enquête mondiale sur l'autonomisation des femmes, ciblant les femmes millénaires d'aujourd'hui.
L’éducation de la femme marocaine : un enjeu primordial pour le développement
D’Afghanistan au Zimbabwe, des jeunes femmes ont participé à cette enquête en ligne. Ils ont reçu le plus de voix du Moyen-Orient et des États-Unis, voici un aperçu des résultats préliminaires:
- Plus que jamais, les jeunes femmes d'aujourd'hui ont plus de choix et de contrôle dans leur vie. Elles ont le plus de choix dans l'éducation mais le moins dans les carrières.
- Qu'est-ce que les jeunes femmes veulent changer le plus dans leur vie ? Leurs carrières et leurs revenus. Suivi d'un développement personnel.
- Qui contribue le plus à créer le changement ? Plus de 60% se sont identifiés comme étant les femmes elles-mêmes. La famille et le gouvernement étaient distants respectivement de 18% et 15%. Les amis étaient le facteur le moins contribuant.
- Maintenant, la question critique: pour ces jeunes femmes qui sont devenues des agents du changement - habilitées - comment cela s'est-il passé? Un stupéfiant 46% ont répondu "conscience de soi". Cela a été suivi par l'expérience, quant à l'éducation elle était un tiers lointain.
Ce qui est incontestable, renforcé par le sondage mondial de 4GGL, « Choix & Voie: Ce que Veulent les (Jeunes) Femmes », est que la violence contre les filles et les femmes soit le seul souci majeur pour les femmes du troisième millénaire.
Toutefois, ce qui est extraordinaire, c'est que les jeunes femmes d'aujourd'hui n’attendent pas : de Neda en Iran aux femmes de la place Tahrir et celles de l'élection présidentielle américaine de 2016, les jeunes femmes sont entrain de prôner le changement tout en s’y dirigeant.
De nos jours, de nombreux engagements internationaux appuient l'autonomisation économique des femmes, notamment le Programme d'action de Beijing, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et une série de conventions relatives à l'égalité des sexes adoptées par l'Organisation internationale du travail -OIT-.
Pour l’ONU Femmes, l’autonomisation économique de la femme est indéniablement synonyme de développement :
« L'investissement dans l'autonomisation économique des femmes est la voie la plus sûre vers l'égalité des sexes, l'éradication de la pauvreté et une croissance économique inclusive. Les femmes apportent une contribution énorme à l'économie, que ce soit au sein des entreprises, dans les exploitations agricoles, comme entrepreneuses ou employées, ou par leur travail non rémunéré à la maison, où elles s'occupent de leurs familles.»
Pour cette organisation onusienne, les femmes restent aussi touchées de manière disproportionnée par la pauvreté, la discrimination et l'exploitation. La discrimination basée sur le genre condamne souvent les femmes à des emplois précaires et mal rémunérés et ne permet qu'à une faible minorité d'entre elles d'atteindre des postes élevés. Elle restreint également l'accès des femmes aux actifs économiques tels que les terres et les emprunts. Elle limite leur participation à l'élaboration des politiques économiques et sociales. Et enfin, du fait que les femmes se chargent de l'essentiel des tâches ménagères, il ne leur reste souvent que peu de temps pour exploiter de nouvelles perspectives économiques.
Mot de fin
L’émancipation de la femme et son autonomisation est :
- Un devoir envers son conjoint,
- Un coup de pouce pour sa fille pour son avenir,
- Un cadeau inestimable pour sa sœur, et
- Une reconnaissance des sacrifices de sa mère et son amour intarissable.
Vous pouvez suivre Professeur Mohamed Chtatou sur Twitter : @Ayurinu