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Mouad Taoussi, le mec à l’ânesse…


C’est un jeune blogger qui sillonne le sud-est marocain à dos d’âne. Il filme son périple et le partage sur les réseaux sociaux au quotidien. Il passe ses nuits sous la tente, à la belle étoile, prépare sa tambouille et gère son autonomie en eau. Il ne dérange personne et ne crée aucun problème là où il va. Pourtant on l’embête sans cesse sur son chemin...



Par Rachid Boufous

Pas par les populations locales toujours étonnées et amusées de voir un Ibn Battouta moderne sillonner ainsi leurs contrées désolées et désolantes à force d’ignorance par les décideurs de la capitale.
 
Il est dérangé par les auxiliaires des autorités, les fameux Moqadems qui le suivent à la trace, l’arrêtent systématiquement, pour s’enquérir de son identité, au motif fallacieux qu’ils ne cherchent qu’à le protéger.
 
Mais le protéger de quoi et contre qui ? Depuis quand les Moqadems, qui sont des fonctionnaires civils, ont eu une mission de protection des gens qui traversent leurs territoires ?
 
À ma connaissance, ils collectent surtout des renseignements, aussi anodins et insignifiants soient-ils et les relayent à leurs supérieurs hiérarchiques, les Chioukhs et les Caïds.
 
Alors que les étrangers, surtout blonds aux yeux bleus, qui sillonnent le bled ne sont ni questionnés sur leurs périples ni même arrêtés; un jeune marocain à dos d’âne est, lui, sans cesse harcelé par ces auxiliaires de l’état. C’est tout de même curieux et étonnant...
 
Pourtant dans ses posts et vidéos publiées sur Tiktok, le jeune Mouad ne montre rien qui puisse porter préjudice à qui que ce soit, ne parle pas de politique et ne révèle l’emplacement de quelque site militaire ou stratégique. Rien de tout cela. Il se contente de filmer son parcours et ses rencontres avec les habitants des douars traversés…
 
Je comprends que certains caïds, certainement jeunes frais émoulus de l’école des cadres du ministère de l’intérieur de Kenitra et sans grande expérience de l’administration territoriale ou de ce qu’elle devrait être, vaguement nostalgiques, qu’ils sont, d’une époque, heureusement éteinte, où tout le monde surveillait tout le monde; se fassent chier dans leurs commandements lointains et désertiques et de pour tuer le terrible ennui qui y sévit, demandent à leurs Moqadems de surveiller chaque mouche qui rôde dans le village.
 
Mais de là à harceler un jeune qui se balade tranquillement dans le pays à dos d’âne, il y’a une limite à l’exercice de l’autorité administrative qu’il ne faut pas laisser passer, sans la relever.
 
Jusqu’à preuve du contraire, les citoyens de ce pays ont le droit constitutionnel de se balader dans leur pays sans qu’on ne leur demande d’où ils viennent et où ils vont.
 
Du moment que cet individu ne porte pas atteinte à autrui et ne représente pas de risque pour la sécurité publique, personne n’a le droit de lui demander ses papiers ni le suivre à moto sur des kilomètres ou pire lui demander de quitter fissa fissa le territoire où il se trouve.
 

Du coup, je me suis mis à suivre le jeune Mouad dans ses pérégrinations à travers le pays hirsute, attendant chaque épisode avec intérêt et gourmandise.
 
Je me marre à chaque fois qu’il relève et filme une « poursuite administrative », que je me dis que ces gens n’ont décidément rien d’autre à faire de leurs journées. C’est pathétique…!
 
Il est à relever que malgré cette « tatillonne vigilance », ailleurs et surtout dans les villes, les gens continuent à construire dans l’illégalité, les cellules dormantes font leurs business nuisible, les bidonvilles pousser comme des champignons et les trafiquants vendre leurs sales poisons dans tous les quartiers, sans être gênés le moins du monde. Cela veut dire que ces chers scrutateurs cessent de voir et de rapporter ce qui est réellement dangereux pour notre société, sélectifs qu’ils sont dans leurs « reportings » quotidiens à leur hiérarchie…
 
Bref, le jeune Mouad Taoussi mérite d’être suivi, non par les Moqadems, mais par un public large, car il donne à voir un pays profond, miséreux et pauvre,que peu de citadins connaissent et c’est peut-être cela qui fait peur à beaucoup de décideurs adeptes de l’univers idyllique d’Anfa supérieur ou de CFC.
 
Du coup, effectivement, Mouad est tellement dangereux, qu’il y’a lieu de l’interdire d’antenne. On ne va tout de même pas laisser le mec à l’ânesse remplacer les mouches…

 
Rédigé par Rachid Boufous



Mardi 2 Juillet 2024

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