Trois ans plus tard, le rapport sur le Nouveau Modèle de Développement a dressé un état des lieux plus ou moins similaire, soulignant l’impératif de la réhabilitation en urgence de l’école publique, en rehaussant, entre autres, les compétences des enseignants. C’est dans cette perspective que le ministère de l’Education nationale a lancé la réforme de ce secteur, en commençant par la mise à jour des paramètres de recrutement des enseignants, qui, désormais, doivent être âgés de moins de 30 ans pour pouvoir intégrer les centres de formation.
A priori, la décision de Chakib Benmoussa a tout pour déplaire, et il est vrai qu’elle va susciter l’ire d’une bonne partie de candidats qui attendaient de pied ferme l’ouverture du concours de recrutement, surtout dans un contexte pandémique où les opportunités se font de plus en plus rares. Mais il n’en demeure pas moins que c’est la première fois en cinquante ans que l’intérêt des élèves prime au lieu qu’il soit sacrifié sur l’autel de la paix sociale et la création d’emplois.
Car oui, depuis bien longtemps, les projets de budgets sectoriels du ministère de tutelle avaient pour objectif premier de combler les besoins en ressources humaines, avantageant l’aspect quantitatif sur tout le reste. Raison pour laquelle la Cour des Comptes avait appelé, il y a 3 ans, à réviser les critères de recrutement et d'évaluation. Aujourd’hui, cette nouvelle mesure, bien qu’elle soit impopulaire, fait rupture avec ces pratiques du passé, de sorte à garantir un enseignement de qualité aux générations futures, à travers la recherche de profils compétents ayant une vocation pour l’enseignement.
S’agissant de l’âge maximum de recrutement, il faut revenir à l’évidence, qu’avec une CMR à bout de souffle, une telle décision s’impose pour alléger, ne serait-ce qu’en partie, la pression sur les réserves de cotisations, dont l’épuisement total est estimé dans 10 ans maximum. D’autant que l’Education nationale a besoin d’une cure de jouvence, non seulement pour assurer un engagement durable des enseignants, mais également pour booster l’attractivité d’un métier sous-coté.
Rédigé par Saâd JAFRI sur https://lopinion.ma