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Le rapport annuel du Baromètre arabe, publié la semaine dernière, offre une richesse d'informations détaillées sur les dynamiques de la société marocaine. Chaque section de cette étude mérite une analyse approfondie, tant les données sont révélatrices.
Parmi les sujets abordés, les droits des femmes retiennent particulièrement notre attention en raison des défis persistants et des enjeux soulevés, notamment à l'approche de la réforme du Code de la famille.
Les données montrent une évolution contrastée des droits des femmes au Maroc. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés, certains obstacles demeurent, exacerbés par des attitudes socio-économiques et culturelles profondément enracinées.
Un soutien en baisse pour l'égalité
L'étude révèle que le soutien global aux droits des femmes a légèrement diminué au cours des dernières années. Actuellement, plus de la moitié des Marocains (57 %) estiment que les hommes sont mieux adaptés aux rôles de leadership politique que les femmes, une perception en hausse de huit points depuis 2022 et de 22 points depuis 2018, atteignant le niveau record de 2016. Ce chiffre est préoccupant, car il reflète un recul dans la lutte pour l'égalité des sexes.
Sans surprise, les hommes marocains sont plus enclins à soutenir cette idée que les femmes : 68 % des hommes contre 46 % des femmes. Cependant, il existe un soutien significatif pour des mesures telles que l'instauration de quotas pour les femmes au parlement (71 %) et au gouvernement (70 %). De plus, environ trois quarts des Marocains (73 %) pensent que la présence de femmes dans des postes de direction et de responsabilité favorise la promotion et la protection des droits des femmes en général. Les femmes soutiennent cette vue plus que les hommes, avec un écart de 23 points (84 % contre 61 %). Il est paradoxal de constater que, malgré la reconnaissance du rôle positif des femmes dans les positions de pouvoir, une majorité continue de penser que les hommes sont naturellement mieux adaptés à ces rôles. Les stéréotypes de genre sont parfois tenaces !
En matière d’éducation, seulement un quart des Marocains (26 %) estiment que l'enseignement universitaire est plus crucial pour les hommes que pour les femmes, une statistique qui reste stable par rapport aux rapports précédents. Les hommes sont bien plus nombreux que les femmes à partager cette opinion (37 % contre 16 %). De plus, les personnes ayant des difficultés financières sont plus enclines à penser ainsi que celles plus aisées (31 % contre 21 %).
Dans le domaine professionnel, environ deux tiers (64 %) des Marocains pensent que les hommes et les femmes devraient avoir des opportunités de travail égales. Cependant, ce chiffre a baissé de 11 points par rapport à 2006, où 75 % soutenaient cette égalité. Les principaux obstacles cités pour l'accès des femmes au marché du travail incluent le manque d’emplois disponibles (17 %), les bas salaires (14 %), les préjugés contre les femmes (13 %), et le manque de solutions de garde d’enfants (12 %). Ces défis structurels entravent la progression des femmes. Bien que la majorité des Marocains reconnaissent la nécessité d'opportunités égales, la baisse par rapport aux années passées suscite des inquiétudes et appelle à une investigation approfondie.
Harcèlement et violence
Le rapport souligne un fait alarmant : le harcèlement des femmes est omniprésent au Maroc, une réalité reconnue par presque tout le monde. 79 % des Marocains admettent qu'il est fréquent dans les rues, et 65 % qu'il est courant sur le lieu de travail. Concernant la violence contre les femmes, une minorité (13 %) pense qu'elle a augmenté au cours de la dernière année, 40 % estiment qu'elle a diminué, et environ un tiers (32 %) pensent qu'il n'y a pas eu de changement. Malgré de nombreux efforts déployés à l'échelle nationale pour assurer aux femmes un environnement sûr, y compris depuis la première campagne en 1998, de nombreuses initiatives restent nécessaires.
Socialement, une majorité écrasante de Marocains (79 %) soutient le droit des femmes de refuser un mariage imposé par leur famille. Cependant, six Marocains sur dix (61 %) estiment que les hommes devraient avoir le dernier mot dans les affaires familiales. Cette dichotomie révèle un soutien à l’autonomie des femmes dans le choix de leur conjoint, tout en maintenant la croyance en la supériorité des hommes dans la gestion des affaires familiales.
Mais qu'en est-il si l'affaire familiale concerne le mariage de la fille ? La femme aurait donc le droit de refuser un mari imposé par un père qui décide pour elle ? Les données du rapport du Baromètre arabe montrent clairement qu'il reste beaucoup à faire pour améliorer les droits des femmes au Maroc. Les stéréotypes de genre et les inégalités structurelles persistent et freinent les progrès, au moment où le pays se prépare à réformer le Code de la famille. Les réformes législatives pourront peut-être initier des changements sociétaux, ou inversement.
Cette question est largement débattue par les sociologues intéressés par la réforme. Toutefois, la correction attendue des dysfonctionnements du code actuel, révélés par vingt ans de mise en œuvre judiciaire, devrait porter ses fruits et entraîner des modifications notables dans les perceptions au fil des années.
Parmi les sujets abordés, les droits des femmes retiennent particulièrement notre attention en raison des défis persistants et des enjeux soulevés, notamment à l'approche de la réforme du Code de la famille.
Les données montrent une évolution contrastée des droits des femmes au Maroc. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés, certains obstacles demeurent, exacerbés par des attitudes socio-économiques et culturelles profondément enracinées.
Un soutien en baisse pour l'égalité
L'étude révèle que le soutien global aux droits des femmes a légèrement diminué au cours des dernières années. Actuellement, plus de la moitié des Marocains (57 %) estiment que les hommes sont mieux adaptés aux rôles de leadership politique que les femmes, une perception en hausse de huit points depuis 2022 et de 22 points depuis 2018, atteignant le niveau record de 2016. Ce chiffre est préoccupant, car il reflète un recul dans la lutte pour l'égalité des sexes.
Sans surprise, les hommes marocains sont plus enclins à soutenir cette idée que les femmes : 68 % des hommes contre 46 % des femmes. Cependant, il existe un soutien significatif pour des mesures telles que l'instauration de quotas pour les femmes au parlement (71 %) et au gouvernement (70 %). De plus, environ trois quarts des Marocains (73 %) pensent que la présence de femmes dans des postes de direction et de responsabilité favorise la promotion et la protection des droits des femmes en général. Les femmes soutiennent cette vue plus que les hommes, avec un écart de 23 points (84 % contre 61 %). Il est paradoxal de constater que, malgré la reconnaissance du rôle positif des femmes dans les positions de pouvoir, une majorité continue de penser que les hommes sont naturellement mieux adaptés à ces rôles. Les stéréotypes de genre sont parfois tenaces !
En matière d’éducation, seulement un quart des Marocains (26 %) estiment que l'enseignement universitaire est plus crucial pour les hommes que pour les femmes, une statistique qui reste stable par rapport aux rapports précédents. Les hommes sont bien plus nombreux que les femmes à partager cette opinion (37 % contre 16 %). De plus, les personnes ayant des difficultés financières sont plus enclines à penser ainsi que celles plus aisées (31 % contre 21 %).
Dans le domaine professionnel, environ deux tiers (64 %) des Marocains pensent que les hommes et les femmes devraient avoir des opportunités de travail égales. Cependant, ce chiffre a baissé de 11 points par rapport à 2006, où 75 % soutenaient cette égalité. Les principaux obstacles cités pour l'accès des femmes au marché du travail incluent le manque d’emplois disponibles (17 %), les bas salaires (14 %), les préjugés contre les femmes (13 %), et le manque de solutions de garde d’enfants (12 %). Ces défis structurels entravent la progression des femmes. Bien que la majorité des Marocains reconnaissent la nécessité d'opportunités égales, la baisse par rapport aux années passées suscite des inquiétudes et appelle à une investigation approfondie.
Harcèlement et violence
Le rapport souligne un fait alarmant : le harcèlement des femmes est omniprésent au Maroc, une réalité reconnue par presque tout le monde. 79 % des Marocains admettent qu'il est fréquent dans les rues, et 65 % qu'il est courant sur le lieu de travail. Concernant la violence contre les femmes, une minorité (13 %) pense qu'elle a augmenté au cours de la dernière année, 40 % estiment qu'elle a diminué, et environ un tiers (32 %) pensent qu'il n'y a pas eu de changement. Malgré de nombreux efforts déployés à l'échelle nationale pour assurer aux femmes un environnement sûr, y compris depuis la première campagne en 1998, de nombreuses initiatives restent nécessaires.
Socialement, une majorité écrasante de Marocains (79 %) soutient le droit des femmes de refuser un mariage imposé par leur famille. Cependant, six Marocains sur dix (61 %) estiment que les hommes devraient avoir le dernier mot dans les affaires familiales. Cette dichotomie révèle un soutien à l’autonomie des femmes dans le choix de leur conjoint, tout en maintenant la croyance en la supériorité des hommes dans la gestion des affaires familiales.
Mais qu'en est-il si l'affaire familiale concerne le mariage de la fille ? La femme aurait donc le droit de refuser un mari imposé par un père qui décide pour elle ? Les données du rapport du Baromètre arabe montrent clairement qu'il reste beaucoup à faire pour améliorer les droits des femmes au Maroc. Les stéréotypes de genre et les inégalités structurelles persistent et freinent les progrès, au moment où le pays se prépare à réformer le Code de la famille. Les réformes législatives pourront peut-être initier des changements sociétaux, ou inversement.
Cette question est largement débattue par les sociologues intéressés par la réforme. Toutefois, la correction attendue des dysfonctionnements du code actuel, révélés par vingt ans de mise en œuvre judiciaire, devrait porter ses fruits et entraîner des modifications notables dans les perceptions au fil des années.