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Le péril occidental


Il est aujourd’hui temps de revoir les définitions et les conditions de l’ordre international et du droit qui le sous-tend ; réviser ce droit et revisiter sa création, conçue et mise en place pour le bloc dit occidental, c’est-à-dire les Etats-Unis et leurs alliés/vassaux européens. Car dans le monde d’aujourd’hui, les foyers majeurs de tension, les conflits latents et les guerres ouvertes sont peu ou prou en relation avec ce bloc, son Histoire et ses rapports au monde actuel.



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Par Aziz Boucetta

Dans un rare accès de lucidité, le président Macron avait reconnu en 2019 la « fin de l’hégémonie occidentale sur le monde », avec, précisait-il alors, l’émergence « de nouvelles puissances dont [l’Occident] avait sous-estimé l’impact », et celle « des Etats-civilisations qui viennent bousculer notre ordre international avec plus de force et d’inspiration que nous n’en avons ».

Un discours d’orientation de la doctrine de politique étrangère française, mais qui, dans les faits, n’a pas modifié de manière significative l’approche occidentale d’un ordre juridique international fondé sur des « règles » établies par les Etats-Unis et leurs alliés, qui s’écartent du droit international tel qu’il a été imaginé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et même avant.

Et face à l’émergence de ces nouveaux pôles de puissance, ces « règles » occidentales ont déréglé le monde, le mettant en péril du fait de la résistance occidentale à l’opposition de ces nouvelles nations émergées aux « règles » occidentales. Tour d’horizon.

Le monde est confronté à une menace nucléaire nord-coréenne réelle et au développement de l’arme nucléaire en Iran largement du fait de la politique américaine. Bien que les raisons soient différentes, la menace existentielle que fit ou fait peser Washington sur ces deux pays les ont conduits à accélérer leurs programmes de recherche nucléaire, exposant l’ensemble de l’humanité à une déflagration générale du feu atomique.

Sanctions économiques, isolement diplomatique, surarmement de la Corée du Sud ou impunité totale pour Israël face à Téhéran… autant de raisons qui ont incité la dynastie Kim ou les religieux iraniens à s’armer pour pérenniser leurs régimes. Cela peut certes être discutable, mais cela est, et la responsabilité morale et géostratégique en incombe au bloc occidental.

Dans la guerre actuelle en Ukraine, le non-respect par les Etats-Unis, leurs alliés européens et l’OTAN de leur engagement – certes verbal – pris en 1991 de ne pas étendre l’Alliance atlantique au voisinage immédiat de la Russie, n’a laissé d’autre choix à Vladimir Poutine que de se lancer dans cette aventure guerrière en Ukraine.

Et les récents propos d’Angela Merkel sur les accords de Minsk qui n’étaient destinés qu’à donner du temps à Kiev pour se préparer et s’armer confirment la duplicité occidentale à l’égard... de Moscou. La position de la Russie est sans aucun doute injustifiable et inadmissible, mais elle est explicable. Et le même scénario semble se produire aujourd’hui en Géorgie, en dépit des avertissements et mises en garde russes.

L’installation progressive et rapide de la milice Wagner en Afrique est le fruit et le produit de la politique française au Sahel et en Afrique centrale. Loin de reconnaître l’émergence d’une nouvelle conscience collective de ces Etats anciennement colonies françaises, Paris a favorisé la perpétuation des anciens schémas post-coloniaux de la Françafrique. Le résultat est le changement d’alliances dans cette région du monde, avec une préférence pour l’approche russe, laquelle met en danger le développement des pays concernés.

Ces nouveaux gouvernants africains n’ont sans doute pas fait le bon choix géostratégique, mais avaient-ils réellement le choix ?

L’attaque franco-britannique sur la Libye en 2011, l’étranglement méthodique du Venezuela depuis plus de 10 ans, l’embargo meurtrier de l’Iran après l’invasion déstabilisatrice de l’Irak (avec le groupe Blackwater, similaire à Wagner mais « toléré ») depuis plus de 20 ans, la pression exercée sur l’Arabie Saoudite, l’ordre nouveau qui avait été tenté dans le monde arabe après les printemps de 2011 (dénoncé par le discours de Mohammed VI à Riyad en 2016), le retranchement et la fortification de l’Europe face aux migrants venus d’un monde mis à mal par, entre autres, les politiques occidentales …

Le monde doit faire face à un Occident agressif, exclusif, barricadé par un ordre international qu’il a érigé à sa mesure, en droite ligne de ce qu’on avait appelé la doctrine américaine du « Big Stick » (gros bâton), un siècle après, avec la complication actuelle de la dollarisation de l’économie mondiale, de capacités de projections militaires dans le monde et de la complicité tant active que docile de l’Europe de la Guerre Froide et d’après.

Aujourd’hui, le monde géopolitiquement émergé ou émergent est exposé à cet accès d’ « autoritarisme » du bloc occidental qui n’admet pas la « fin de l’hégémonie occidentale sur le monde », et  « l’émergence de nouvelles puissances dont [l’Occident] avait sous-estimé l’impact », que reconnaît ouvertement le chef de l’Etat français.

Le Sud global fait donc face à une alternative entre l’approche de pays aux systèmes autoritaristes en interne mais qui ne se positionnent pas en moralisateurs en externe et celle d’un bloc occidental facialement démocratique dans ses frontières mais agressivement « autoritaire » dans le monde. Cela semble être la nouvelle « règle » de l’ordre international, polarisé entre le tandem la Chine d’un côté et les Occidentaux de l’autre, ces derniers présentant désormais un péril planétaire au sens plein du terme.

Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost 



Mardi 14 Mars 2023


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