Par Aziz Boucetta
En effet, la position du Maroc est assez large car, un mois après avoir coorganisé en juin avec les Américains l’exercice African Lion (le plus grand exercice militaire en Afrique), en sa qualité d’allié majeur non-membre de l’OTAN, le Maroc s’en va à Moscou en juillet et signe un contrat portant sur le dessalement nucléaire avec le Russe Rosatom. Et le Maroc a reçu, pour son affaire du Sahara, le secrétaire d’Etat adjoint américain Joshua Harris, en provenance de Tindouf., où il a pu voir…
Le Maroc a aussi accueilli l’Envoyé spécial Stefan da Mistura à Laâyoune, contrairement à l’habitude, quelques semaines avant le rapport que fera ce haut-fonctionnaire au Conseil de sécurité de l’ONU et qui fondera l’autre rapport, celui du secrétaire général, avant le vote, ou pas, de la résolution de renouvellement du mandat de la Minurso.
Ce sont là autant de facteurs qui ont présidé à la forte présence internationale du Maroc ces dernières années, facteurs dont la persistance questionne l’absence du royaume cette année à l’Assemblée générale.
Il est certes vrai que le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, étant dans son rôle de secrétaire général, a discuté avec le chef des séparatistes Brahim Ghali mais le même Guterres avait dit, quelques semaines plus tôt, à Science Po Paris, que l’affaire du Sahara...concernait initialement le Maroc et la Mauritanie, et que personne ne parlait alors d’un quelconque référendum sur une quelconque autodétermination concernant un quelconque « peuple sahraoui » et a fortiori d’un très quelconque Front Polisario.
Et, bien évidemment, à New York, le président algérien était de la fête, et il y même allé d’une de ses tebbounisteries. L’homme qui avait dit de Poutine, le faisant même sourire, qu’il était « un ami de l’humanité », a assuré à la face du monde que son pays dessalerait dans 15 mois 1,3 milliard de m3 d’eau par jour ! Heureusement que le Maroc a l’Algérie comme voisin, et le président algérien comme meilleur ennemi.
Tout ce grouillement diplomatique survient quelques semaines après le séisme meurtrier d’al Haouz, qui a placé le Maroc sous les projecteurs du monde entier.
Pourquoi donc le Maroc n’a-t-il pas dépêché, comme d’habitude, son chef du gouvernement ou son chef de la diplomatie ? Il y avait tant de choses à dire et tant de monde à rencontrer… Ce Maroc qui est partout, dans tous les conflits africains, dans la question palestinienne, dans la crise migratoire, dans la problématique climatique, dans la menace terroriste…
Ce Maroc qui vient d’être à l’initiative d’un projet de résolution onusien contre le discours de haine et de discrimination religieuse… Ce Maroc dont la voix porte désormais dans le concert des nations... Ce Maroc qui sera concerné par les travaux du Conseil de sécurité tout au long de ces prochaines semaines…
La diplomatie marocaine a sans nul doute de bonnes raisons de ne pas s’être fait représenter à New York au niveau ministériel, mais en absence de déclaration, d’explications, d’indications, la question de la mystérieuse absence du Maroc demeure posée.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost