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L'Afrique appartient-elle aux Africains ?




Il est généralement admis que le cordon ombilical entre la France et ses anciennes colonies n’est toujours pas coupé. 
les richesses dont regorge le continent africain ne profitent pas en grande partie aux populations d'Afrique mais en réalité, des milliards de dollars s’en aillent chaque année renflouer les caisses de la France.

Ce qui paie le chômage des citoyens français, contribue au bien être et au développement de ce pays  c’est indéniablement l’Afrique . 

Richesses gigantesques ! 

On estime que le continent africain représente 8% des réserves mondiales de pétrole connues, 40% du potentiel hydroélectrique mondial, les principales ressources mondiales de diamant et de chrome, la moitié des ressources en or, 90% du cobalt, 50% des phosphates, 40% du platine4. Bien sûr de l’uranium, du coltan...

Sans oublier le bois. Le bassin du Congo représente le deuxième poumon vert de la planète. Aussi, l’énergie solaire, et les millions d’hectares cultivables à l’heure où le photovoltaïque et les investissements dans le foncier agricole aiguisent de nouveaux appétits...

On doit pourtant à Omar Bongo la formule: «L’Afrique sans la France, c’est une voiture sans chauffeur, la France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant»  pour illustrer à sa façon l’importance des ressources africaines dans l’approvisionnement énergétique de la France... 

Si la colonisation militaire de la France avait disparu et ce depuis la moitié du 20ème  siècle surtout au cours des années 1950 et 1960, sa domination économique alors demeure effective omnipotente  et la dépendance économique et même culturelle desdits pays colonisés reste un fait et non pas  une accusation que les politiques français au pouvoir puissent nier.  

D’ailleurs l’ancien président Jacques Chirac l’avait dit en toute sincérité lors du 10e sommet de la Francophonie à Ouagadougou (Burkina Faso), le 26 novembre 2004. 

"Nous avons saigné l'Afrique pendant quatre siècles et demi, dit-il. Ensuite, nous avons pillé ses matières premières ; après, on a dit : 'Ils (les Africains) ne sont bons à rien.' Au nom de la religion, on a détruit leur culture et maintenant, comme il faut faire les choses avec plus d'élégance, on leur pique leurs cerveaux grâce aux bourses. Puis, on constate que la malheureuse Afrique n'est pas dans un état brillant, qu'elle ne génère pas d'élites. Après s'être enrichi à ses dépens, on lui donne des leçons"

 La conséquence directe de ce pillage illégal à l'encontre d'un bon nombre de contrées africaines est systématiquement la famine, la guerre civile, la pauvreté, l'analphabétisme et surtout la corruption qui ne cesse de gangrener leurs sociétés de l'intérieur.

C'est une honte à une puissance mondiale qui siège au sein du conseil de  sécurité de l'ONU prônant la défense des droits de l'homme, la promotion des valeurs universelles et faisant en sorte d'œuvrer pour le respect de la légitimité internationale tandis qu’elle persiste à ruiner économiquement et politiquement tout un continent et ce depuis un demi siècle tout en désignant des  marionnettes travaillant pour son compte  à la tête de leurs anciennes colonies et ceux qui refusent d'être à leur bottes soit ils se font assassinés soit ils subissent des coups d’état ou de pressions économiques.


Les formes d’exploitation et de vol des richesses naturelles sont diverses allant de l’exploitation directe à celle partielle ou l’imposition des types de taxes et bien d’autres pratiques néolibérales sauvages….

 
Autre effet direct de cette camisole économique: les vagues de privatisation imposées aux pays africains surendettés à la faveur des plans d’ajustements structurels menés par la Banque mondiale dans les années 1990 ont profité en priorité à la France dans les pays de la zone franc CFA et aussi au Maroc.

L’exemple de la Côte d’Ivoire est édifiant. Les sociétés françaises ont investi d’abord dans les secteurs des télécommunications, de l’énergie, de finance, des transports et de l’agro-industrie. 

Au cours de la période 1996-2000, les capitaux français représentaient 23% des demandes d’agrément à l’investissement derrière les capitaux ivoiriens (52%), et près de 50% de l’ensemble des demandes d’agrément étrangères. 

Le groupe Bouygues a longtemps contrôlé la Compagnie ivoirienne d’électricité et la Société de Distribution d’Eau de Côte d’Ivoire dont il reste un actionnaire important.
 
Les banques françaises (Société Générale, Crédit Lyonnais, BNP Paribas) sont dominantes sur le marché avec leurs filiales. Total possède 25% de la Société ivoirienne de raffinage. France Télécom est devenue , avec le rachat de Citelcom et la création de la Société ivoirienne de mobiles, l’opérateur majeur en télécommunications de la République de Côte d’Ivoire. 

Au Togo, les multinationales françaises ont aussi largement bénéficié de la vague de privatisation de la fin des années 1990 pour rafler des secteurs économiques. 

A titre d’exemples: en 2000, la Lyonnaise des eaux, en alliance avec une société canadienne, a pris le contrôle de la Compagnie d’Eau et d’Électricité togolaise; en 2001, BNP Paribas a reconquis 53% de la Banque togolaise pour le commerce international; en 2009, le groupe Bolloré a obtenu la gestion du terminal à conteneurs du port de Lomé.
Au Cameroun, Bolloré a acquis, dans des conditions contestables, le trafic portuaire de Douala et l’exploitation du chemin de fer. On pourrait allonger la liste des entreprises et des pays. 

Voyons  la part des échanges franco-africains du point de vue du commerce extérieur des États africains, on constate que la part française reste toujours largement prépondérante, notamment dans la zone « franc ». la France est sur le podium en matière d’importation, d’exportation ou d’investissement,  notamment là où sévissent des régimes autoritaires et corrompus.

Sur l’ensemble de ladite zone ex franc CFA, quelque 40% du stock d’IDE étaient français au début des années 2000 et cette proportion frôlait  les deux tiers au Gabon, un tiers au Cameroun et au Tchad. 


Il est temps pour la France et les autres pays exploiteurs de rendre à l’Afrique ce qui lui appartient et de bâtir avec elle une relation économique d’égal à égal ceci dit gagnant-gagnant et non pas de persister à exercer la tutelle sur ce continent comme si l’Afrique demeure un enfant mineur non vacciné…
 
Marouane Bouchikhi 



Dimanche 11 Avril 2021


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