Il y a péril en la demeure , et si le département de L'intérieur est monté au créneau c'est que la sécurisation de l'alimentation en eau potable risque de faire défaut .

Finalement , le ministère de l'intérieur entre en jeu et met les wilayas et les responsables locaux devant la responsabilité de rationaliser la consommation d'eau potable , de prévenir le gaspillage et carrément interdire l'utilisation des ressources en eau conventionnelle dans un usage inapproprié comme l'arrosage des espaces verts .
Ces mesures préconisent le lancement de campagnes de sensibilisation , des restrictions sur le débit d'eau fourni aux usagers , l'interdiction d'arroser les espaces verts et le lavage des voies publiques avec des eaux conventionnelles , ainsi que l'interdiction de prélever des eaux à partir des puits, forages et autres canaux d'irrigation.
En outre, la circulaire encourage la livraison d'eau potable par camions-citernes pour l'alimentation des zones rurales touchées, et l'intensification des efforts de réduction des pertes dans les réseaux de distribution et de production !
Par ailleurs , l'on apprend que des réunions sont en cours dans le but de rationaliser la consommation d'eau potable dans les villes selon une fourniture programmée: ce qui montre la gravité de la conjoncture actuelle!

Le Maroc a perdu énormément de temps et d'argent en ne rendant pas obligatoire le stockage des eaux usées en vue de leur réutilisation après traitement dans l'arrosage justement des espaces verts , des terrains de football et de golf , voire même dans l'agriculture .

Aujourd'hui ,on se dirige tous azimuts vers le dessalement de l'eau de mer , en dépit du coût vertigineux des stations de dessalement et de leur facture énergétique trop salée , alors qu'il y énormément de problèmes à régler en termes de nuisances polluantes des eaux usées et de stockage systématique dans des stations d'épuration ! 

Hormis les considérations en rapport avec le droit à l'eau , la question de cette denrée indispensable est un facteur de paix sociale car des pénuries pointues d'eau potable pourraient éventuellement provoquer des remous et autres troubles sociaux .

Entre nous , il y a une interrogation légitime à se poser : pourquoi de telles mesures d'urgence n'ont jamais été prises auparavant par les précédents gouvernements !? 

Dans notre pays tout se passe comme si nous étions en présence de ressources en eau abondantes et disponibles infiniment , comme si le spectre de risques de pénuries n'existait pas !

Tout se passe , jusqu'à preuve du contraire , comme si les pollueurs ne devaient pas payer et si les gaspilleurs ne devaient pas être sanctionnés financièrement et de manière exemplaire vu le préjudice subi par la collectivité !

En même temps , ne nous voilons pas la face car les mesures prises par la circulaire du ministère de l'intérieur ne concerne apparemment que les centres urbains ,alors que les ruraux vont certainement énormément souffrir .

Effectivement , dans les villes il est question de rationaliser , d'optimiser et de programmer tandis que chez beaucoup de ruraux cette ressource en eau n'existe peut être même pas ! 

Révolutionner la culture de l'eau ! 

S'il est un impératif impérieux qui s'impose aujourd'hui telle une exigence absolue c'est bien celui de révolutionner la culture de l'eau ,et puis surtout révolutionner notre rapport
à l'eau . 

Pour commencer , la prise de conscience est primordiale voire vitale car toutes les sociétés humaines , quelle que soit leur organisation politique , ont cette aptitude à se remettre en question lorsqu' elles se sentent menacées par un quelconque danger ! 

Pour cela , le diagnostic hydraulique et climatique de chaque région du pays doit être fait sans complaisance et en toute objectivité , car lorsqu'il sera fait ce diagnostic le traitement pourra être déterminé en toute sérénité .

Aussi ,  n'est-il pas question de masquer des faits ou de faire du camouflage avec des mesures d'urgence car cela fait des années que la sécheresse est devenue une donnée structurelle dans le Royaume et non plus une donnée conjoncturelle ! .

A ce sujet, on ne pourra pas occulter le fait que 90 pour cent des eaux du Royaume sont englouties par l'agriculture et que malheureusement , la moitié de ces eaux se perdent dans la nature du fait des insuffisances du système d'irrigation .

Une gouvernance basée sur la solidarité et l'équité 

Il y a donc un problème certain avec le mode de gouvernance de l'eau , et aujourd'hui les plans intégrés de gestion des bassins devront impérativement faire appel à davantage de solidarité et de transferts régionaux vers les centres où le besoin se fera sentir ! 

Le Nouveau modèle de développement , le Conseil National de l'Eau et de l'environnement , ainsi que le Conseil Économique , Social et Environnemental ont fait , chacun de son côté , des tonnes de recommandations concernant la question de l'eau .

Mais ,cela ne sert absolument à rien si des études d'impact environnemental ne sont pas faites systématiquement afin d'étudier les dégâts causés par toutes les activités sur les ressources en eau ,qu'il s'agisse de l'industrie , du tourisme , de l'agriculture et particulièrement du Plan Maroc Vert ! 

On l'aura compris : la crise de l'eau sonne le glas pour une certaine forme de gouvernance car aujourd'hui le principal ennemi contre lequel le Royaume est en guerre ce n'est pas seulement la sécheresse .

Effectivement ,en conclusion pour terminer , une bonne gouvernance de l'eau doit savoir et pouvoir reposer sur une répartition juste et équitable  des ressources !

Assurément  , une gouvernance basée sur la solidarité , la justice et l'équité !

Hafid Fassi Fihri