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Cannabis : La conversion de l’illicite destructeur en licite constructeur

La légalisation de l’usage du chanvre industriel et thérapeutique au Royaume comme voie de création de valeur partagée


Le projet de loi N°13-21 sur « les usages licites du cannabis » a été validé le 11 mars par le gouvernement marocain et adopté à la majorité le 26 mai par la chambre des représentants. En effet, L’usage licite du chanvre (industriel, médical et cosmétique) ; se présente comme une opportunité de création de valeur partagée pour l’économie marocaine.



Le cannabis appelé aussi l’or vert est une richesse du pays jusque-là mal exploitée. Un produit ne figurant plus sur la liste des stupéfiants, et dont les vertus thérapeutiques sont reconnues par l’Organisation Mondiale de la Santé.

Qu’est-ce que la création de valeur partagée ?

En premier lieu, le concept de création de valeur partagée (introduit par des chercheurs américains Porter et Kramer) est venu concilier entre la performance économique et la performance sociétale. Ainsi, une réelle opportunité pour faire converger les intérêts de la société et de l’environnement avec ceux de l’économie.

La valeur partagée vise à orienter les entreprises vers l’identification des besoins de la société afin de les satisfaire dans une optique du gagnant-gagnant. Ainsi, atteindre les objectifs de croissance durable et inclusive.

Comment la légalisation d’usage industriel et thérapeutique du chanvre pourra créer une valeur partagée entre la société et l’économie ?

En effet, l’encadrement de la production du chanvre est une réelle opportunité d’affaires pour le tissu économique marocain qui permettra à une filiale de croître autour d’un produit constituant une richesse nationale (l’Initiative mondiale contre la criminalité estime la production nationale à 23 milliards d’euros), sous un environnement contrôlé, en même temps bénéfique pour un éventail plus large de parties prenantes. Subséquemment, la génération d’un impact positif sur les équilibres macroéconomiques (croissance, chômage, équilibre extérieur…etc.).

Cela promet une amélioration de la compétitivité du produit marocain sur un marché mondial légal du chanvre déjà existant porteur et en plein essor (Selon Forbes, il a connu une croissance de 700 % entre 2016 et 2020).

La valeur créée promet un partage bénéfique entre diverses parties prenantes, dont on peut citer sommairement la communauté, l’Etat, les entreprises, l’environnement…etc.

La valeur partagée se matérialise sous une panoplie de formes, brièvement : 

Source de création de richesses et de revenus pour l’Etat

La culture du chanvre du chanvre génère des sommes colossales. Un vrai manque à gagner pour la région du rif marocain en particulier (où le chanvre est cultivé depuis le 15ème siècle) et pour l’Etat marocain en général. Là, on arrive aussi à détecter un moyen de réduction des disparités entre les régions du Royaume.

Le développent d’une filière à fort potentiel pour le royaume, favorise l’augmentation des ressources directes de l’Etat, une baisse de la criminalité et des dépenses de lutte contre les réseaux du narcotrafic (dans le rif du royaume), sans oublier la lutte contre la corruption. La légalisation est un outil d’attraction des IDE notamment les grands industriels du chanvre.

Préservation de l’environnement, de la biodiversité et développement de l’entreprenariat

Les méthodes actuelles mettent en péril l’état de la terre dans la région du rif en raison de la surexploitation. Cela offre une opportunité pour développer de bonnes pratiques agricoles, en termes de transformation et de distribution. Ainsi, le respect de l’environnement et des cycles agricoles.
Le chanvre est une vraie richesse du pays, un produit dont la légalisation ouvre la voie à une filiale industrielle source d’innovation et d’entreprenariat.

Rompre avec le tabou, créer de l’emploi et améliorer le bien-être des communautés

La légalisation du cannabis représente une source de création des postes d’emploi à toutes les phases de la chaine de valeur allant de la plantation en passant par la récolte/ la transformation jusqu’à la commercialisation. Une augmentation de revenus des agriculteurs qui actuellement vivent dans la clandestinité et œuvrent à faible revenu au profit des grands réseaux.

Il y a lieu de mentionner qu’un cadre juridique adéquat est un gage de la réussite de ce grand chantier, qui pourra s’accompagner avec des Benchmarks sur d’autres pays qui ont développé l’usage licite du chanvre industriel et thérapeutique à l’instar du Canada (où il est légal depuis 2018, et qui est actuellement leader mondial, où l’approbation avait commencé au cas par cas depuis 1999).

Le chanvre est un marché d’avenir qui ouvre au Maroc l’opportunité d’y prendre place et d’en tirer le meilleur (d’après Prohibition Partners, l’Afrique à elle seule peut avoir un peu plus de 7 milliards de dollars dans l’horizon 2023).

In fine, il convient de dire que c’est un long chemin à parcourir où l’instauration d’un climat de confiance entre l’Etat et les producteurs est indispensable. Autant, qu’une communication organisée et un développement des collaborations avec les diverses parties prenantes.

JIRARI Samia

Cadre supérieur chez Ministère de l'Économie, des Finances et de la Réforme de l'Administration (MEFRA)
Vice-Président de l’Association Burkinabè de l’Innovation et de l’Intelligence Economique (ABIIE)
Chercheur en Sciences de Gestion Université Cadi Ayyad de Marrakech (UCAM)
Consultante en RSE



Mardi 15 Juin 2021


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