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Par Naim Kamal
Mais c’était prendre un fromage pour la lune de croire que Washington pouvait comprendre subitement que le massacre des Palestiniens, contrairement à la Guerre du Vietnam, en direct et en temps réel, déchire la conscience humaine d’une manière dont on ne soupçonne pas toutes les conséquences dévastatrices.
Sans surprise donc, les Américains ont, vendredi, mis leur véto pour la 35e fois, sur 39 au total depuis 1970 selon l’AFP, à une résolution sur le dossier israélo-palestinien. Sur les 15 membres du Conseil de sécurité, ils étaient les seuls, à peine suivis par le Royaume-Uni qui a osé une timide abstention dès lors que son veto n’ajoutait rien au rejet de la résolution. Et au cas où il se trouverait quelqu’un qui n’a pas bien compris, dès le lendemain Washington approuvait la livraison ‘’d’urgence’’ à Israël de près de 14.000 obus de 120 mm pour les chars de combat Merkava engagés dans la guerre contre les Palestiniens, tout en invitant Netanyahu, dans un cynisme outrancier, ‘à ’’épargner’’ autant que faire se peut les civils.
Ces obus ont une capacité de pénétration élevée pour vaincre les blindages modernes, intègrent des technologies avancées de guidage de précision ou des fusées programmables, augmentant leur efficacité, et permettant d'engager des cibles à des distances considérables avec une grande précision.
L’hurbis de la puissance
Ne se souvenant pas bien sûr qu’ils ont politiquement et matériellement aidé à l’émergence de Hamas pour faire imploser, l’OLP, Washington comme son autre ‘’allié indéfectible’’, Londres, reprochent au projet de résolution sa non-condamnation de l’attaque du 7 octobre, et au Hamas de ne pas reconnaitre ‘’le droit d’Israël à l’existence’’.
Les mêmes reproches comme par hasard qu’ils faisaient autrefois à l’OLP de Yasser Arafat, jusqu’au jour où, pour donner sa chance à la paix, le leader palestinien prononça à Paris, le 2 mai 1989, le mot fatidique, déclarant ‘’caduque’’ la charte fondatrice de son mouvement qui préconisait le démantèlement de l’Etat hébreu.
Qu’a-t-il obtenu en contrepartie ? Rien, sinon des accords d’Oslo en 1993 qui n’ont jamais vu le jour, l’assassinat en 1995 par l’extrême droite israélienne de son co-Nobel de la paix hébreu, Yitzhak Rabin, son décès suspect en 2004, l’accélération de la colonisation et tout ce qui s’en est suivi jusqu’au carnage actuel.
Depuis la chute du Mur de Berlin, Washington n’a envoyé au monde et particulièrement au Sud global, qu’un message : écrasez-vous ou l’on vous écrasera comme l’on est en train d’écraser les Palestiniens et comme on a écrasé l’Irak, la Syrie, la Libye pour ne citer que ces opérations de déstabilisation grandeur nature.
Faudrait-il pour autant leur en vouloir ? Incriminer leur puissance ou notre impuissance qui nous réduit à l’espérance d’un grand réveil des consciences et de l’opinion publique américaine et internationale, comme ce fut dans l’atroce guerre du Vietnam, pour ramener l’hubris de la force démesurée à la juste mesure ?
Rédigé par Naim Kamal sur Quid