Par Abdeslam Seddiki.
Comparée à l’année 2O2O, qui constitue l’une des années sombres pour l’’humanité, « annus horribilis » à tous points de vue, 2021, sans être « annus mirabilis », est nettement meilleure. Il était difficile de faire mieux eu égard à la persistance du covid-19 avec ses différents variants qui sont aussi sévères et meurtriers les uns que les autres. Que retient-on de cette année et que peut-on espérer pour l’année à venir ? Pour notre pays et notre peuple, il va sans dire.
Au cours de cette année, le pays a relevé trois défis majeurs. En premier lieu, notre pays a remporté la bataille des vaccinations contre le covid-19 malgré les résistances affichées par certains milieux partisans ou victimes des thèses complotistes. Ainsi, le nombre de personnes qui ont reçu les deux doses avoisine les 70% de la population. Avec un tel résultat, notre pays a fait mieux que des pays ayant un niveau de développement de loin supérieur au sien.
N’eut-été cet investissement massif dans la vaccination, dont le coût est estimé à 7MM DH, il n’aurait pas été possible de relancer la machine économique et de retrouver progressivement le niveau normal de notre activité tout en préservant la santé des citoyens. Les seuls secteurs qui continuent de pâtir de la crise sont le tourisme et les activités annexes comme cela ressort des données publiées par Bank AL Maghrib suite à la tenue de son dernier conseil de l’année. Ainsi, l’économie nationale connaitrait un rebond de 6,7% cette année, avec des hausses de 18,8% de la valeur ajoutée agricole et de 5,3% de celle des activités non agricoles. Avec un tel taux, le pays fermera la parenthèse 2020 et retrouvera son niveau de richesse de 2019.
Les autres indicateurs macro-économiques et sectoriels s’inscrivent globalement dans un trend haussier. Les échanges extérieurs enregistrent une reprise notable : 21,7% pour les exportations dues notamment à l’évolution favorable de nos expéditions en phosphates et de nos ventes en voitures ; 22,9% pour les importations suite à l’alourdissement de la facture énergétique et au renchérissement des produits de base.
Pour leur part, les transferts des RME rebondissent de 39% pour atteindre un niveau record de 95 MM DH. Par ailleurs, les IDE ne connaitraient pas une reprise particulière et se situeraient à 2,5% du PIB. Tout comme les recettes touristiques qui dégageraient une nouvelle baisse de 9% pour s’établir à 33 MM DH. Corollaire d’une telle évolution : le déficit du compte courant se creuserait de 1 point en passant à 2,5% du PIB contre 1,5% en 2020. Pour ce qui est du déficit budgétaire, hors produit des privatisations, il s’établirait à 6,9% à la fin de l’année.
En définitive, on peut dire que le pays est en convalescence, mais il n’est pas définitivement à l’abri d’’une nouvelle rechute. Surtout que le moral des Marocains n’est pas au beau fixe comme le montre l’enquête de conjoncture du HCP auprès des ménages relative au troisième trimestre 2021. Ainsi, si l'indice de confiance des ménages (ICM) s’est établi à 65,5 points, au lieu de 63,0 points enregistrés le trimestre précédent et 60,6 points une année auparavant, force est de constater que 59,4% des ménages déclarent une dégradation du niveau de vie au cours des 12 derniers mois, que 84,2% s’attendent à une hausse du chômage au cours des 12 prochains mois et 72,1% d’entre eux considèrent que le moment n’est pas opportun pour effectuer des achats de biens durables.
En second lieu, l’année qui s’achève a vu le démarrage du chantier royal de la généralisation de la protection sociale à l’horizon 2025, à travers l’extension de l’AMO à certaines catégories d’indépendants comme les commerçants les agriculteurs, les artisans, les chauffeurs de taxis, et de professions libérales comme les médecins, les pharmaciens, les notaires et adouls, les sages-femmes, les auto-entrepreneurs…Ce projet révolutionnaire avance à un rythme soutenu, malgré quelques difficultés rencontrées ici et là et auxquelles Il fallait s’y attendre. C’est pour cela que la réussite d’un tel chantier est tributaire de l’engagement et de la participation de tous les intéressés et des forces vives de la Nation. Que le gouvernement en soit conscient pour ne pas se retrouver isolé face à l’immensité de la tâche.
En troisième lieu, le pays dans son ensemble a relevé le défi de l’organisation des élections dans leurs délais constitutionnels en dépit des conditions sanitaires défavorables. Ces consultations, ayant fait l’objet d’analyses et commentaires circonstanciés, ont débouché sur le renouvellement des institutions démocratiques du pays : gouvernement, parlement, collectivités territoriales. Ce faisant, le pays a démontré son attachement indéfectible au choix démocratique consacré par la constitution 2011 comme une constance de la patrie. Mais la démocratie ne saurait se réduire à un simple renouvellement du personnel politique. Cette démocratie dite représentative commence à s’essouffler de par le monde.
Nécessairement, elle a besoin d’être huilée par une forte dose de démocratie participative afin de renforcer la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques de leur pays.
Par conséquent, nous sommes tous appelés à travailler, chacun dans son domaine, pour consolider ces acquis, y compris sur le plan diplomatique, et entamer la nouvelle année sous de meilleurs auspices. Maintenant que nous avons relativement appris à vivre avec le virus corona, il ne faut surtout pas que nous restions prisonniers du court terme. Le Maroc s’est donné une ambition pour 2035. Il faudra s’y préparer sérieusement.
L’année 2021 nous a appris également que lorsque les bonnes volontés se fédèrent autour d’un projet national mobilisateur porté en Haut lieu, le résultat ne peut être qu’encourageant. C’est avec cet esprit qu’il faut entamer 2022 pour s’attaquer avec audace et détermination aux multiples problèmes de notre pays et garantir par là une vie paisible et épanouie à l’ensemble des citoyennes et des citoyens.
Tout dépendra donc des mesures à prendre au cours de l’année 2022 en vue de capitaliser les acquis et de corriger les dysfonctionnements et les vulnérabilités pour être en phase avec le NMD. C’est un impératif avec ou sans covid !! Nous n’avons pas droit à l’erreur.
Abdeslam Seddiki.