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Le programme radio se donne le pari d'attirer les auditeurs, notamment au vu de la baisse de l'écoute de la radio chez les enfants, et de la grande notoriété que connaissent les plateformes et chaînes d'apprentissage de l'anglais sur les différents réseaux sociaux.
Le ministère de l'Éducation a d’ailleurs communiqué pour informer les élèves, aussi bien que les parents, qu'à partir de ce lundi, une nouvelle émission radio sera diffusée pour l’apprentissage de la langue anglaise.
Pour rappel, en 2015, le Conseil supérieur de l'éducation et de la formation a émis la recommandation d'inclure la langue anglaise dès la quatrième année de l'enseignement primaire, et ce afin de former des enseignants et de compléter le matériel pédagogique requis.
D’un autre côté, les propositions de la Commission spéciale chargée de l’élaboration du nouveau modèle de développement (NMD) au niveau linguistique restaient limitées à la réforme de l'existant pour la défense des langues nationales, et l'ouverture aux autres langues étrangères. Ce sont des recommandations classiques mises en avant au niveau de nombreuses institutions.
Les données officielles indiquent qu'en 1995, lorsque les premières universités anglo-saxonnes ont ouvert au Maroc, entre 10 et 15 pour cent des étudiants sont entrés à l'université sans avoir besoin de renforcement linguistique, alors que des données précises sont absentes pour le moment.
Personne ne peut nier le fait que notre système éducatif souffre d'un déficit linguistique, et qu’il s’appuie fortement sur la langue française, au détriment des autres langues étrangères. Le français n'a pas apporté la valeur ajoutée attendue pendant plus d'un demi-siècle où il a été adopté comme première langue étrangère.
Avec de tels projets les autorités du pays semblent envisager sérieusement de diversifier l'offre pédagogique des langues d'enseignement, en adoptant un « baccalauréat anglais », et en donnant un temps pédagogique conséquent à cette langue dans les programmes. Il faut noter que certaines branches universitaires exigent la publication d’un article en anglais dans l’une des revues scientifiques reconnues internationalement avant de soutenir une thèse de doctorat.
Cette initiative du ministère et de la SNRT s’ajoute aux tentatives réelles du système éducatif marocain de diversifier ses langues d'enseignement, et de s'appuyer peu à peu sur l’anglais comme langue vivante.
Dans un contexte où le pays mène la bataille du développement, dans une conjoncture internationale caractérisée par la complexité, le choix du français n’est pas forcément le bon. La langue de Molière semble en effet épuisée. En témoignent les Français eux-mêmes qui considèrent de plus en plus que la maîtrise de l’anglais est une condition de réussite dans un monde de plus en plus globalisé. C’est à se demander pourquoi le Maroc a si longtemps misé sur cette langue ?