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Va-t-on, cette fois enfin, barrer le chemin aux ripoux de la politique ?




Par Aziz Boucetta

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Il n’est un secret pour personne que la moralisation de la vie politique (et accessoirement publique) se réduit à un simple slogan, de loin en loin et très discrètement mis en œuvre… Il est cependant peu connu du grand public que des personnages condamnés ou en jugement, épinglés par la Cour des comptes ou à la probité problématique occupent encore et toujours des fonctions électives ou de direction dans les partis. Dans cette dernière ligne droite avant le 8 septembre, il est important que cela cesse ! Il y a à vrai dire peu de chances, mais espérons…
 

Selon le site Akhbarona, le ministre de l’intérieur Abdelouafi Laftit aurait mis en garde les partis politiques, leur expliquant que ses services se donneraient le droit de refuser la douteuse investiture d’un candidat douteux… En termes plus clair, il s’agit de barrer le chemin des corps élus aux indélicats, corrompus, concussionnaires qui ne tirent leur légitimité que d’eux-mêmes et de l’inconsistance de ceux qui leur ont permis l’élection…
 

Mais, comme toujours dans notre plus beau pays du monde, il n’y a ni démenti ni confirmation, et encore moins de commentaires dudit ministre et des « leaders » politiques. M. Laftit devrait clarifier les choses et faire une déclaration officielle, et très simple, à ce sujet : « Il est interdit de présenter aux élections toute personne ayant déjà été condamnée, en cours de jugement ou épinglée par la Cour des Comptes ou un quelconque organisme constitutionnel ». Soit, mais pourquoi priver de son droit à être candidat un individu en cours de jugement, c’est-à-dire présumé innocent ? Parce que cela ne relève pas du droit, mais de la morale !
 

Les chefs des partis politiques ne veulent absolument pas entendre parler de cela… En effet, un véreux membre d’un parti politique est bien souvent fort généreux. « Bon appétit, Messieurs, (…) ô ministres intègres ! Serviteurs qui pillez la maison », dirait Hugo… Or, de la même manière que quand la politique entre dans une salle de tribunal, la justice en sort, quand l’argent fait irruption dans une élection, l’éthique politique s’en va, s’enfuit. Et chez nous, l’éthique politique est un lointain souvenir que seuls les plus de 60 ans peuvent connaître…
 

Par ailleurs, pour couvrir de candidats l’ensemble des circonscriptions communales et législatives (locales et régionales), il faudra à chaque formation des milliers de candidats. Et apparemment, et aussi bien malheureusement, il n’y a pas autant de gens honnêtes pour cela au sein des partis, alors on complète avec les indélicats.
 

Comment expliquer que tant de personnes jugées ou en jugement siègent au parlement, et légifèrent ??!!! Comment justifier que l’une de ces personnes ne se contente pas seulement de légiférer, mais siège en position importante au sein d’une commission de… justice, alors même qu’elle vient d’un parti ancien, issu des rangs du mouvement national !! Comment son chef de parti peut-il accepter cela, puis aller claironner que l’intégrité est la vertu première d’un parti et d’élus ? Comment Habib el Malki et Hakim Benchamas peuvent-ils s’accommoder de telles situations mêlant le kafkaïen à l’ubuesque ? Comment un homme connu pour sa probité et sa rigueur comme le président de la Cour de Cassation Mohamed Abdennabaoui se contente-t-il de regarder ailleurs, dans la même direction que le procureur général de la même Cour Hassan Daki ?
 

Peut-on accorder un quelconque début de commencement de crédibilité à un chef de parti quand il vient tousser un ou deux concepts poussifs, puis pérorer son attachement à la morale alors même qu’il couve et couvre des gens si amoraux ? Ne peut-on y voir un zeste de mépris à l’égard des citoyens et les politiques (ministre de l’Intérieur compris) ne craignent-ils pas un geste de rejet des électeurs, le 8 septembre ?
 

En ces temps pandémiques et de grandes bascules économiques et géopolitiques, et alors que l’encre du tout nouveau modèle de développement n’a pas encore séché, le Maroc a besoin d’une classe politique non seulement bien élue, mais intègre. Elle serait certes, forcément, moins corvéable et encore moins malléable, mais elle serait assurément présentable, acceptable et acceptée. Le jeu consistant à laisser des véreux parler politique est de nature à chasser les électeurs, les citoyens et tous les gens de bien, de cette même politique.
 

Ce serait funeste et périlleux !
 

Rédigé par Aziz Boucetta sur  https://panorapost.com




Mardi 13 Juillet 2021


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