Aujourd’hui on fête les 50 ans de la disparition du leader nationaliste Allal Al Fassi. On raconte qu’il était décédé un jour de Mai 1974 alors qu’il était dans le bureau du dictateur roumain Causescu à qui il rendait visite. On a raconté beaucoup de choses sur Ssi Allal, sur son combat pour l’arabisation, sur son prétendu « fascisme refoulé » envers les ruraux et les amazighs, portant l’étendard des élites bourgeoises et urbaines d’origines fassies.
Mais on oublie souvent qu’il fut parmi les tous premiers jeunes marocains à prendre conscience de la nécessité de l’indépendance du Maroc, et cela, très tôt dès les années 30, moins de vingt ans après l’instauration du double protectorat franco-espagnol sur le pays en Mars et Novembre 1912.
On oublie surtout, qu’il fut le premier à lever l’étendard du Grand Maroc, en publiant en 1958 dans la journal de son parti, la fameuse carte de 1882 où l’on voit le Maroc avec des frontières allant du Sénégal à l’ouest Algérien, avec une demande insistante pour récupérer nos territoires spoliés du Sahara, du Tidikelt, Gourara, Tindouf, Bechar, Touât, Ain Salah et de Mauritanie…
L’histoire doit rendre justice à ces jeunes dont Allal Fassi, Abou Bakr Kadiri, Hassan Ouazzani, Sbihi, Said Hajji, Abdelkhalek Torres et plus tard Mehdi Benbarka, Abdallah Ibrahim, Mbarek Bekkay-Lahbil, Fquih Basri, Ahmed Balafrej, Ahmed Boucetta, Moulay Ahmed Alaoui, Abdelkrim Khatib, Mahjoubi Ahardane, Cheikh Al Islam Bellarbi Alaoui, Ahmed Bensouda, BenAbdeljalil, Abderrahim Bouabid, Mahjoub Benseddik, Mohamed Zerktouni, Allal BenAbdallah, Houmane Fetouaki, Abbas Messaadi, Brahim Roudani, Hansali et tant d’autres moins connus, d’avoir conduit la lutte pour l’indépendance au côtés du Sultan Mohammed V et de son fils le prince Moulay Hassan.
Avant eux, ce furent Moha Ouhammou Zaiani et ses fils, Mohamed Ben Abdelkrim Khattabi, Assou ou Basalam, Moha ou Saïd, Ouskounti, qui levèrent l’étendard de la guerre de libération.
Des héros qui ont le droit d’être connus et reconnus par la nation, à leur justes valeurs. Certes ils ne combattaient pas pour les mêmes idées, chaque groupe ayant eu un agenda divergent après l’indépendance.
On imagine encore mal ce que furent les luttes de pouvoir, les guerres de tranchées et de position de tous ces nationalistes, une fois l’indépendance acquise, de haute lutte.
Ces jeunes ont fait de la prison ou même été tués pour leur combat pour l’indépendance du pays. Combien de gens et surtout de jeunes les connaissent aujourd’hui ?
Nous avons beaucoup pêché par manque d’intérêt pour leurs vies et les leurs parcours.
Nous aurions dû bâtir un panthéon dédié ces véritables héros de la nation, afin de transmettre leurs aspirations et leurs espoirs, aux générations futures. C’est ainsi que l’on bâtit une nation attachée à ses valeurs fondatrices, multiseculaires…
C’est toujours facile de juger, après coup, les agissements des uns et des autres, comme si on leur enlevait leur condition première d’êtres humains faillibles.
Juger les comportements, voire les compromissions, des uns et des autres, reste un mauvais procès que nous leurs faisons et que nous faisons à nous-mêmes, par ricochet.
Beaucoup, parmi ces héros portent la responsabilité d’une régression de notre pays, à cause de prises de positions malheureuses. Les luttes pour le pouvoir post indépendance ont été terribles. Des gens sont morts, ont été emprisonnés durant de longues années et même torturés, juste parce qu’ils défendaient leurs idéaux.
Mais tous ces combats n’ont pas été vains, mêmes s’ils ont été porteurs d’une violence, somme toute, inutile.
Les pires ont été les dogmatiques et les sectaires qui n’ont rien compris au Maroc, à ses hommes et à ses femmes, à l’essence de sa civilisation triplement millénaires et qui ont été chercher des références en orient, chez Nasser, les wahabites ou même chez Mao ou Che Guevara, pour les imposer avec violence à des gens habitants au Maroc.