Par Hajjam Jamal
L'embroglio de la SAMIR qui avait commencé en 2016 avec l'arrêt de la raffinerie, la transmission du dossier à la justice et la mise en liquidation judiciaire - avec toutefois une poursuite temporaire de son activité sous la supervision du syndic et d'un juge-commissaire, était passé, depuis, au second plan, jusqu'au déclenchement de la guerre en Ukraine et ses retombées immédiates, directes et indirectes, sur les prix des carburants et donc sur le vécu des citoyens, ainsi que sur les équilibres fondamentaux des entreprises œuvrant tout particulièrement dans les transports et l’agriculture, le secteur des hydrocarbures ayant été libéralisé en 2015.
De nombreuses voix dont celle du "Front national de sauvetage de la SAMIR", se sont alors élevées pour la reprise de la raffinerie par l’État et la poursuite de la politique du raffinage qui avait eu le mérite, depuis la mise en service de la raffinerie en 1961, de renforcer la souveraineté énergétique du Royaume et d'assurer une bonne gestion des réserves de changes.
Il faut dire qu'en toute logique, l’achat du pétrole brut au lieu des produits raffinés est à même de réduire significativement la marge brute de raffinage, sachant qu'avec le déclenchement du conflit armé opposant la Russie à l'Ukraine, cette marge est passée de 5 à 25 dollars pour chaque baril de pétrole. Un grand manque à gagner donc, outre le fait que le maintien de la politique du raffinage pourrait contribuer à créer les conditions d’une concurrence loyale, à faire baisser les prix et à préserver ainsi les bienfaits économiques et sociaux de cette industrie.
Bien entendu, il serait idéal de voir la SAMIR revenir dans le giron de l'Etat. Mais est-ce aussi simple ? Le dossier est certes complexe et compliqué, mais chaque problème a forcément une solution si la volonté et la perspicacité se font valoir.
Pour rappel, la raffinerie de la SAMIR qui avait été créée pour répondre à une volonté politique d'émancipation de l'économie marocaine au lendemain de l'indépendance du pays, a été privatisée en 1997 dans la controverse au regard des conditions dans lesquelles cette privatisation avait été opérée, d'autant que l'activité de l'entreprise figurait parmi les secteurs stratégiques. L'opération a eu lieu dans la foulée de la politique de privatisation menée alors par le Maroc depuis la fin des années 1980. Ce fut l'une des plus retentissantes privatisations opérées dans le pays et c'est le groupe suédo-saoudien Corral Petroleum appartenant au milliardaire saoudien Mohammed al-Amoudi qui en a pris le contrôle.
La raffinerie a continué à fonctionner normalement jusqu'en en 2013 où la société a été amenée à obtenir un emprunt international d’environ 200 millions de dollars pour annoncer, en 2014, plus de 3,4 milliards de DH de pertes. Se retrouvant dans une situation financière critique, la société a suspendu une grande partie de ses activités en 2015. L’administration des douanes et impôts indirects initia alors une procédure de saisie pour recouvrer 13 milliards de dirhams d’impayés alors que le cours de Bourse, qui a déjà perdu 47% de sa valeur depuis janvier 2015, était suspendu. Le secteur bancaire marocain perdit de son côté plusieurs milliards de dirhams et les principales banques du pays ont été affectées. Au total, la SAMIR affiche un endettement d’environ 40 milliards de dirhams. C'est la plus spectaculaire faillite de l'histoire du Maroc indépendant.
En mars 2016, le tribunal de commerce de Casablanca, se basant sur l'article 620 du code du commerce marocain, annonce la liquidation judiciaire de la SAMIR, un verdict confirmé en second ressort trois mois plus tard. Plus encore, en novembre 2018, la justice se prononce en faveur de l'extension de la liquidation aux patrimoines personnels de six des dirigeants de la SAMIR.
Et pour mieux compliquer les choses, le groupe Corral a déposé, en mars 2018, une requête auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements siègeant à Washington, en vue d'obtenir dédommagement du gouvernement marocain pour dommages subis ultérieurement à l'arrêt de la raffinerie.
De nombreuses voix dont celle du "Front national de sauvetage de la SAMIR", se sont alors élevées pour la reprise de la raffinerie par l’État et la poursuite de la politique du raffinage qui avait eu le mérite, depuis la mise en service de la raffinerie en 1961, de renforcer la souveraineté énergétique du Royaume et d'assurer une bonne gestion des réserves de changes.
Il faut dire qu'en toute logique, l’achat du pétrole brut au lieu des produits raffinés est à même de réduire significativement la marge brute de raffinage, sachant qu'avec le déclenchement du conflit armé opposant la Russie à l'Ukraine, cette marge est passée de 5 à 25 dollars pour chaque baril de pétrole. Un grand manque à gagner donc, outre le fait que le maintien de la politique du raffinage pourrait contribuer à créer les conditions d’une concurrence loyale, à faire baisser les prix et à préserver ainsi les bienfaits économiques et sociaux de cette industrie.
Bien entendu, il serait idéal de voir la SAMIR revenir dans le giron de l'Etat. Mais est-ce aussi simple ? Le dossier est certes complexe et compliqué, mais chaque problème a forcément une solution si la volonté et la perspicacité se font valoir.
Pour rappel, la raffinerie de la SAMIR qui avait été créée pour répondre à une volonté politique d'émancipation de l'économie marocaine au lendemain de l'indépendance du pays, a été privatisée en 1997 dans la controverse au regard des conditions dans lesquelles cette privatisation avait été opérée, d'autant que l'activité de l'entreprise figurait parmi les secteurs stratégiques. L'opération a eu lieu dans la foulée de la politique de privatisation menée alors par le Maroc depuis la fin des années 1980. Ce fut l'une des plus retentissantes privatisations opérées dans le pays et c'est le groupe suédo-saoudien Corral Petroleum appartenant au milliardaire saoudien Mohammed al-Amoudi qui en a pris le contrôle.
La raffinerie a continué à fonctionner normalement jusqu'en en 2013 où la société a été amenée à obtenir un emprunt international d’environ 200 millions de dollars pour annoncer, en 2014, plus de 3,4 milliards de DH de pertes. Se retrouvant dans une situation financière critique, la société a suspendu une grande partie de ses activités en 2015. L’administration des douanes et impôts indirects initia alors une procédure de saisie pour recouvrer 13 milliards de dirhams d’impayés alors que le cours de Bourse, qui a déjà perdu 47% de sa valeur depuis janvier 2015, était suspendu. Le secteur bancaire marocain perdit de son côté plusieurs milliards de dirhams et les principales banques du pays ont été affectées. Au total, la SAMIR affiche un endettement d’environ 40 milliards de dirhams. C'est la plus spectaculaire faillite de l'histoire du Maroc indépendant.
En mars 2016, le tribunal de commerce de Casablanca, se basant sur l'article 620 du code du commerce marocain, annonce la liquidation judiciaire de la SAMIR, un verdict confirmé en second ressort trois mois plus tard. Plus encore, en novembre 2018, la justice se prononce en faveur de l'extension de la liquidation aux patrimoines personnels de six des dirigeants de la SAMIR.
Et pour mieux compliquer les choses, le groupe Corral a déposé, en mars 2018, une requête auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements siègeant à Washington, en vue d'obtenir dédommagement du gouvernement marocain pour dommages subis ultérieurement à l'arrêt de la raffinerie.
L'affaire de la SAMIR ne réside pas uniquement dans son côté financier, mais engage aussi grandement l'aspect social avec près de 900 salariés laissés en rade et une ville de Mohammedia privée de son premier employeur et d'une entreprise souvent à l'initiative de projets de développement local et de projets culturels faisant la promotion de la ville.
La revendication de sauvetage de la SAMIR s'est traduite par des propositions de lois déposées au parlement pour re-nationaliser l'entreprise. Une option écartée du fait, affirme-t-on de la complexité du dossier. L'ancien ministre de l'Energie avait même considéré que "la reprise de la SAMIR par l’État n’est pas considérée comme une solution, car le marché est devenu libre à la concurrence des intervenants..." D'autant que la stratégie énergétique nationale de 2009 n'a pas fait de l'activité de raffinage l'un de ses piliers, le Maroc n'étant toujours pas un pays producteur de pétrole.
Le gouvernement à l'heure actuelle tente de temporiser et ne se montre pas aussi catégorique, du moins en apparence, faisant plus dans la nuance en affirmant que "la résolution du dossier la SAMIR n’est pas une mince affaire car elle nécessite un examen approfondi des différentes options possibles", dixit Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement.
L'Exécutif reconnaît que la SAMIR qui a une capacité de raffinage de 10 millions de tonnes par an et une capacité de stockage supérieure à 2 millions de m3, occupe une place importante dans l’écosystème général de sauvegarde des ressources énergétiques au Maroc et reconnaît aussi son importance en matière de stockage des ressources, lesquelles raffinées localement.
A l'issue d'un précédent conseil de gouvernement, le porte-parole de l'Exécutif, tout en relevant que les perturbations que connaît le marché des carburants ont démontré l’inefficacité d’adopter une seule approche dans la gestion de la question de l’énergie, a bien admis que le domaine de raffinage est à même de donner des solutions au problème de l’énergie qui s’aggrave au niveau international et se répercute sur le Maroc.
Ces propos n'explicitent rien mais laissent deviner une formule combinée.
Quelle en sera la forme et quelles possibilités concrètes préconise le gouvernement pour solutionner un dossier, à la fois dans ses volets judiciaire, économique, social et stratégique ? Seul le temps nous le dira.
En attendant, prions pour que le conflit russo-ukrénien trouve son issu...
La revendication de sauvetage de la SAMIR s'est traduite par des propositions de lois déposées au parlement pour re-nationaliser l'entreprise. Une option écartée du fait, affirme-t-on de la complexité du dossier. L'ancien ministre de l'Energie avait même considéré que "la reprise de la SAMIR par l’État n’est pas considérée comme une solution, car le marché est devenu libre à la concurrence des intervenants..." D'autant que la stratégie énergétique nationale de 2009 n'a pas fait de l'activité de raffinage l'un de ses piliers, le Maroc n'étant toujours pas un pays producteur de pétrole.
Le gouvernement à l'heure actuelle tente de temporiser et ne se montre pas aussi catégorique, du moins en apparence, faisant plus dans la nuance en affirmant que "la résolution du dossier la SAMIR n’est pas une mince affaire car elle nécessite un examen approfondi des différentes options possibles", dixit Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement.
L'Exécutif reconnaît que la SAMIR qui a une capacité de raffinage de 10 millions de tonnes par an et une capacité de stockage supérieure à 2 millions de m3, occupe une place importante dans l’écosystème général de sauvegarde des ressources énergétiques au Maroc et reconnaît aussi son importance en matière de stockage des ressources, lesquelles raffinées localement.
A l'issue d'un précédent conseil de gouvernement, le porte-parole de l'Exécutif, tout en relevant que les perturbations que connaît le marché des carburants ont démontré l’inefficacité d’adopter une seule approche dans la gestion de la question de l’énergie, a bien admis que le domaine de raffinage est à même de donner des solutions au problème de l’énergie qui s’aggrave au niveau international et se répercute sur le Maroc.
Ces propos n'explicitent rien mais laissent deviner une formule combinée.
Quelle en sera la forme et quelles possibilités concrètes préconise le gouvernement pour solutionner un dossier, à la fois dans ses volets judiciaire, économique, social et stratégique ? Seul le temps nous le dira.
En attendant, prions pour que le conflit russo-ukrénien trouve son issu...