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Par Gabriel Banon
C’est ainsi que nous avons participé à l’inauguration du festival des dattes, mais oui, des dattes. Pendant que tout le monde piétiner à marcher derrière le Walli et toutes les personnalités réunies par Souad Mekkaoui, je m’installais dans un siège offert par les tenantes d’un stand. Grand ’ma, la mère et ses deux filles, animaient ce stand. Elles me firent gouter une datte noire, une marron etc., Bref toute une palette de couleurs que j’ignorais jusque-là.
- Où sont les hommes, demandais-je à la grand’mère.
Accompagné d’un geste large qui indiquait partout et nulle part, elle me dit avec un sourire ironique : quelque part par-là, vacant à leurs occupations.
- Comment vendez-vous vos dattes, produites par vous je présume.
- La production, c’est la coopérative. Nous faisons tout ensemble. Pour la vente, on exporte.
- Exporter ? Comment, avec quel réseau ?
- Une des deux filles au demeurant belle et mince, la nouvelle génération, dans un français « sorbonien », brandissant son ordinateur portable qu’elle tenait à la main, me dit dans un éclat de rires : réseau ? Internet, on fait tout par internet : on exporte ainsi aux États-Unis, en Chine, en Allemagne et au Japon.
- Les filles ! Elles font tout par téléphone me dit la mère.
- - C’est la génération d’aujourd’hui, renchéri la grand’mère.
Je constate ainsi que l’internet, l’exportation vers des pays lointains, n’ont aucun secret pour ces cheffes d’entreprises qui semblent avoir pris une longueur d’avance sur leur consorts du Nord.
Organisées en coopératives, elles unissent leurs efforts pour le bien de l’ensemble.
Le programme mobilisateur de Maroc Diplomatique et une suite d’événements locaux, importants certes pour les activités de la Willaya de la région Guelmim-Oued Noun, nous ont éclairé sur les réalités de nos provinces du Sud. La construction bat son plein, mais on peut admirer déjà un aéroport aux normes internationales, un hôtel 4 étoiles qui n’a rien à envier aux hôtels des grandes villes du Royaume. Il semble toutefois qu’une priorité a été donné à l’enseignement. J’ai relevé trois lycées et collèges dans la ville prouvant l’importance donnée à l’éducation.
Néanmoins, têtu comme un Breton que je ne suis pas, je tiens, ici, à ouvrir le débat qui aurait dû suivre le panel 1 du forum. Nous avons eu des exposés de haute tenue par des véritables experts de la chose. Des techniciens hautement qualifiés qui répondaient techniques devant la crise énergétique que le Monde traverse.
Pour ma part, je ne pense pas que cette crise appelle une réponse technique, car elle ne trouve pas son origine dans un quelconque problème de structures, de disponibilités ni de capacité de production pour répondre aux besoins grandissants du monde industriel et privé. L’origine de la crise est politique et doit trouver sa solution dans une réponse politique. Voilà le vrai débat que nous aurions dû ouvrir à Guelmim.
Provocateur comme savent l’être tous les lanceurs d’alerte, parfois cynique comme le sont souvent les géopoliticiens, je tiens à appeler un chat, un chat, et me refuse à être la victime d’une manipulation, fusse-t-elle venant de la plus grande puissance mondiale.
Le monde peut se sortir rapidement de cette crise qui frappe durement les économies fragiles, par une réelle analyse de la situation et des origines des tensions. Analyse qui doit être suivie par l’inévitable dialogue.
Cette réaction à chaud, ne doit pas me dispenser, avant toute chose, de mettre en exergue l’attention soutenue que porte sa majesté aux problèmes de l’heure et de féliciter chaudement Souad Mekkaoui, la cheville ouvrière de cet événement, qui sans son acharnement au travail, son obstination à bousculer les obstacles, n’aurait jamais vu le jour.
Au-delà de la conférence, les participants ont, pour la majeure partie d’entre eux, découvert cette terre marocaine, aux sites éblouissants et une population qui vous fait faire la paix avec le genre humain. Oui, le Sahara marocain, nos provinces du Sud, sont bien une cause nationale.
Rédigé par Gabriel Banon sur Gabriel Banon