Simple tentative d'y répondre sans se prendre trop la tête
Premièrement : L’histoire
Il n’y a pas lieu, ici, de revisiter l’histoire du protectorat au Maroc, une prochaine fois peut-être !
Deuxièmement : La démographie
Ne jamais oublier la démographie ni la géographie d’ailleurs
La diaspora marocaine en France est démographiquement le premier groupe ethnico-culturel le plus important de France.
Selon le recensement de l'INSEE 2008, ils étaient déjà 1.314.000 Marocains.
Par extrapolation, 14 ans plus tard, ils devraient être plus de 2.000.000
Pour les étudiants, ils sont selon les derniers chiffres plus de 43.000.
Il n'y a pas lieu ici d'oublier les mariages mixtes dont j'ignore le nombre.
Par effet miroir, cela ferait au moins 2.000.000 familles sur les sept au Maroc concernées régulièrement par tout ce qui bouge dans l’hexagone.
Et encore une fois, à l’occasion de cette élection présidentielle, cela tangue pas mal : Zemmour, Marine, laïcité, visa, voile, mosquée, islam radical, islamisme, banlieue, violence, sécurité, immigrés, préférence nationale, ….
Que des sujets qui font le bonheur des populistes, mais pas que les extrêmes, vu les surenchères des autres partis au premier tour, il ne reste plus que Mélenchon avec sa créolisation pour sauver l’humanisme français.
Le nombre, le nombre aurait dit Le Zemmour
Troisièmement : La langue et la Francophonie
Même si la Francisation et Arabisation se sont, dès le début de l'indépendance, chargées d’arguments identitaires ou civilisateurs pour privilégier chaque langue au détriment de l’autre créant ainsi une sorte de nationalisme basé sur l’identité linguistique.
Le Français s'était doté d’une place privilégiée dans le paysage linguistique marocain. Il « investit des champs de la pratique sociale dont les enjeux sont en rapport avec l’appropriation du capital matériel et symbolique, qui sont respectivement les champs de l’économie et de la culture modernes ». (Boukouss, 2005).
L’amour haine de la langue de l’ancien colonisateur demeure à nos jours mais la massification de l’enseignement en Arabe a opéré un basculement non réversible dans les classes moyennes marocaines.
Et la nouvelle génération de l'élite marocaine commence à rêver en anglais.
Demain, je ne sais pas à quoi ressemblera la société marocaine dans un bilinguisme natif arabo-Amazigh. Le Québec, es-tu à l’horizon !
Mais pour l’instant, nos franco-marocains parlent français, votent en français et ils ont des problèmes et des angoisses en français.
Les Marocains, des deux rives, restent connectés dans un certain Français bizarroïde.
Quatrièmement : La culture ou si peu
La culture est le thème le plus difficile pour affirmer ou démontrer un quelconque lien culturel dans l'intérêt des Marocains aux élections chez les Gaulois réfractaires.
Soyons simpliste, avec votre complaisance, on pourrait affirmer que seul 1% de mes concitoyens pourraient être culturellement happé par ce qui en reste idéologiquement culturel dans un vote.
Pour la culture partagée, si plus personne ne lit et si peu écrivent alors il n’y a pas grand-chose à partager sinon la nostalgie chez les derniers des Mohicans.
Cinquièmement : L'économie
Sur ce terrain, il suffit d’aller faire un tour à la chambre de l’industrie et du commerce française de Casablanca, tout le CAC 40 est bien là. Alors on parle bien politique.
Puis un petit tour du côté de la CGEM, le capital Marocain adore le capital français presque autant que les Français adorent la cuisine marocaine.
Et ce ne sont pas les influenceurs marocains installés à Dubaï qui dameront le pion à nos élites formés dans les grandes écoles françaises.
Les hommes d’affaires Marocains suivent de très près la politique française.
Sixièmement : La politique par défaut
En manque de débats, l’élite francophone marocaine se réfugie encore sur LCI, BFM et CNEWS (Covid-19 et Guerre en Ukraine) pour ne citer que ces trois chaînes d’info continue.
Ils savent tous des programmes, des joutes et des petites phrases des candidats.
Nos politiciens suivent, sans l'avouer publiquement, les soirées électorales comme une série de science-fiction.
Les amateurs de séries turques zappent à l'occasion sur Al Jazeera and Co, mais simplement pour suivre l’information sur cette élection et nullement les débats
Septièmement : Le contre modèle sociétal
Une société se projette souvent par rapport à son passé, mais aussi selon un contre modèle sociétal qui semble pointer du nez chez nous à un certain horizon.
Ainsi, dans leur grande majorité , les Marocains suivent et surveillent les promesses électorales particulièrement celles qui touchent la famille (mariage, monoparentalité, Pacs, divorce, PMA , GPA, ……) mais aussi la coexistence de la religion dans une société laïque à la française.
Les thèmes du grand remplacement et la préférence française ont marqué les esprits et laissé des traces indélébiles pour l’avenir.
Sur leurs WhatsApp, ils ont beaucoup échangé sur ces sujets.
Pour finir, il n'y a rien a conclure sinon qu’Emmanuel Macron a été élu et les Marocains d’ici et d’ailleurs sont passés à autre chose.
Adnane Benchakroun