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Patrimoine : Les phares du Maroc


Il faut savoir gré au département de l’Equipement, du Transport et de la Logistique, dirigé par Aziz Rabat, de publier un beau livre sur « Les Phares du Maroc » de prés de 120 pages. Il s’ouvre par un message Royal aux participants à la 23ème session du Comité du Patrimoine Mondial, tenue à Marrakech, le 29 novembre 1999.



Par Mustapha Sehimi

patrimoine__les_phares_du_mar1629236981.mp3 A lire ou à écouter en podcast :  (1.27 Mo)

Quatre mois après son intronisation, le Souverain avait déjà une claire vision de cette notion. Il avait ainsi souligné « que la maturité des peuples se mesure à l’aune du sentiment et de la sensibilité que les peuples ont envers leur patrimoine et de l’intérêt qu’ils portent à le protéger, à le conserver et à le rénover ».
 

Question patrimoine, nul doute que le Maroc est bien capé. Et comblé. Avec les 39 phares retenus dans ce livre, l’on a affaire à autant de marques d’un Maroc maritime avec ses 3.500 km de côtes ; d’un Maroc ouvert sur les deux façades atlantique et méditerranéenne ; d’un Maroc aux multiples facettes ; d’un Maroc historique enfin, les phares ayant été édifiés durant un siècle, depuis la deuxième moitié du 19ème siècle jusqu’aux premières décennies du suivant. Ces phares sont un patrimoine, assurément ; mais ils recèlent également des potentiels, les uns d’ordre architectural, d’autres d’ordre technique et historique. Ils égrènent, un à un, quelque part dans la mémoire locale et partant nationale, un certain Maroc campant telle une vigie sur ses espaces maritimes et la navigation le long de ses côtes.
 

Si l’on veut les catégoriser, une mention particulière doit être faite à celui du Cap Spartel, phare amiral s’il en fut, mis en service en octobre 1864, sous le règne du Sultan Sidi Mohammed Ben Abderrahmane. Une tranche d’histoire. Un monument national. Une architecture. Et une renommée internationale. Sa situation géographique est en effet particulière : entre deux mers et trois continents, à la pointe Nord-Ouest du Maroc et de l’Afrique ; un des plus beaux sites du Maroc ; une harmonie avec la nature avec une végétation métissée ; un lieu mythique pour beaucoup ; et un lieu d’échange et de rencontres…
 

Avec la façade méditerranéenne, l’on compte six phares de navigation maritime (Ras el Ma, Les Trois Fourches, Quilares, Sidi Abed, Oued Laou, Cabo Negro). Une côte en pleine expansion avec un secteur portuaire en plein développement. Il y a les petits ports dédiés à la pêche et à la plaisance avec en appui les ports commerciaux de Nador et d’Al Hoceima, mais aussi à moyen terme le grand port de Nador West Med. Les phares qui jalonnent ce littoral soutiennent l’activité maritime des régions limitrophes assurant la sécurité et l’appui à la navigation des embarcations et navires croisant le long de cette côte.
 

La façade maritime Atlantique nord couvre, elle, le littoral s’étendant du Cap Spartel à Essaouira, soit quelque 940 km. L’on y compte pas moins de 17 phares (Larache, Sidi Al Hachmi al Bahraoui, Mehdia, Rabat, Okacha, Roches Noires, El Hank, Sidi Boubker, Sidi Mesbah, Sidi Daoui, Sidi Bouafi, Cap blanc, Lalla Fatna, Beddouza, Borj Nador, Sidi Megdoul, cap Sim). Sur cette façade, de grandes agglomérations urbaines formant le cœur commercial et économique du Maroc avec plu de 75% du trafic maritime national. S’y ajoute une activité de pêche côtière et artisanale ainsi que balnéaire (Assilah, Larachee, Bouznika, Ain Diab, Sidi Rahal, Haouzia, El Jadida, Oualidia, Safi, Souira-Kadima et Essaouira).
 

Avec la façade atlantique Sud, longue de 1880 km, c’est un littoral qui se décline du Sud d’Essaouira à Lagouira, à la frontière maroco-mauritanienne. Elle se déploie sur des côtes maritimes des régions du Souss Massa Drâa, Guelmim-Essamara, Laâyoune – Boujdour – Sakia El Hamra, Oued Eddahab – Lagouira. Au plan économique, l’arrière-pays se distingue par de grandes potentialités agricoles, halieutiques, touristiques et balnéaires et d’exportation (produits agroalimentaires, miniers, pêche…). Plus de la moitié de douze phares sont de création récente- Cap Ghir, Cap Jellab, Cap Sept – Aftisat, Cap Huit – Nouifed, Arciprès, Cap Barbas).
 

Les phares, c’est aussi des techniques et des métiers. Au Maroc, à la différence d’autres pays où ils sont en pleine mer, les phares sont tous accessibles par voie terrestre. Ils aident mieux ainsi l’approche les navires. Jusqu’à la fin de la première moitié du siècle dernier, la pièce maitresse de la signalisation maritime au Maroc tait la chaîne des phares à éclats. Elle a été complétée par des phares dits de petit atterrissage. Elle a été ensuite complétée par des petits feux de port et diverses installations techniques. Les phares sont équipés d’un puissant système d’éclairage au sommet d’une tour, avec aujourd’hui une rotation automatique de sources lumineuses. L’exploitation est assurée par un corps de métier spécialisé, assurant entretien et surveillance réguliers.
 

Les phares au Maroc ? Un livre pour les professionnels, bien entendu, mais aussi pour les chercheurs du secteur maritime. Pas seulement : une niche pour les voyageurs et les touristes ; un regard inédit sur une certaine esthétique maritime ; une source d’inspiration pour les voyageurs, les écrivains et les poètes – les rêveurs aussi…

Rédigé par Mustapha Sehimi sur https://quid.ma




Mardi 17 Août 2021


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