Poème à écouter en musique de Dr Anwar CHERKAOU
Pour ceux qui aiment encore lire : Poème de Dr Anwar CHERKAOU
Une silhouette griffonnée dans le brouillard,
Un cri étouffé, une blessure sans pansement,
Un chapitre arraché d’un roman de Dostoïevski.
Il parlait bas, presque en murmure,
Comme si ses mots craignaient le bruit de leur propre douleur,
Comme si chaque syllabe portait le poids de sa nuit,
Comme si le monde ne méritait pas ses vérités.
Son père, vendeur de menthe et d’herbes fraîches,
Portait l’odeur de la terre et du combat silencieux.
Une pauvreté cachée sous des silences lourds,
Dont O... avait honte, mais qu’il trimballait comme un sac de pierres.
Il était brillant, O…,
D’une lumière que même la misère n’a pas pu éteindre.
Il a pris à la vie ce qu’elle voulait lui refuser,
Un bac, une licence, une famille,
Un amour pur dans un monde d’ombres.
Mais derrière ces victoires,
Il était une guerre.
Un champ de bataille où s’affrontaient
L’éclat de l’espoir et les ténèbres de la souffrance.
Il lisait Dostoïevski comme on scrute un miroir,
Y voyant ses propres démons danser dans le froid.
Et puis un jour, tard mais trop tôt,
L’alcool s’est glissé dans sa vie.
Pas pour la fête, pas pour l’oubli,
Mais comme une révolte, une lame tournée contre lui-même.
Il voulait transcender cette douleur sourde,
Ce vide que même les livres n’arrivaient plus à remplir.
O… fumait comme on respire quand on manque d’air,
Cherchant une issue dans chaque bouffée.
Mais c’est le cancer qui l’a emporté,
Lui arrachant son souffle, son cri, son combat.
Pauvre, disaient-ils, à l’heure de sa mort.
Mais moi, je le sais : il était riche,
Riche de larmes et de lumière,
Riche de cette âme dostoïevskienne
Que le monde, aveugle et sourd, n’a jamais su comprendre.
Ssi Mohammed O…,
Taleb, pour ceux qui te connaissaient.
Tu étais un mystère,
Un poème que la vie a laissé inachevé.
Et moi, je garde tes mots,
Tes silences,
Ton combat,
Comme une flamme vacillante au fond de mon cœur.
Tu vis, O…, dans chaque vers de ce slam,
Car je ne t’oublierai jamais.
Ce poème rend hommage à O…, un homme complexe et lumineux malgré une vie marquée par la souffrance et les ombres.
Lecteur de Dostoïevski, O… voyait en ces pages le reflet de ses propres tourments. Plus tard, rongé par une douleur inexprimable, il trouva refuge dans l’alcool et le tabac, des échappatoires qui précipitèrent sa fin. Mort d’un cancer, il fut jugé pauvre par le monde, mais l’auteur affirme qu’O… était riche d’une âme sensible et profonde. Ce slam immortel préserve sa mémoire et son combat.