Poème à écouter en musique de Adnane Benchakroun
Pour ceux qui aiment encore lire : Poème de Adnane Benchakroun
Je rêvais de poissons, de lignes infinies.
Une canne en mes mains, légère et délicate,
Promettait des trésors, une pêche écarlate.
Mais les eaux refusaient d’offrir leur moindre fruit,
Et ma patience alors s’effritait chaque nuit.
Adolescent hardi, plein d’ardeur et de flamme,
Je cherchais dans l’éclat du flot l’oubli de l’âme.
Mes outils se faisaient plus grands, plus élégants,
Mais les lacs, les marées demeuraient réticents.
Chaque plage espérée me laissait désolé,
Comme un marin perdu dans l’ombre d’un reflet.
Les torches, les chapeaux, le fauteuil du pêcheur,
Ne parvenaient jamais à briser ce malheur.
J'accusais le courant, le silence des mers,
Les cieux trop endormis, ou les vents trop amers.
Je changeais d’horizon, chaque rive me prenait,
Mais le fruit des eaux calmes à jamais se cachait.
Je compris qu’en ce jeu, ma foi s’était perdue,
Que d’autres mieux que moi troublaient l’onde absolue.
Pêcheur sans une prise, errant, mais apaisé,
Je chantais à l’écho des flots sans m’enlacer.
Car, en cette quête vaine où tout s’abandonne,
Le plaisir d’avoir cru est tout ce qu’on couronne.
L’éternel apprenti pêcheur : une histoire de passion sans prise
Tout a commencé avec ces premières cannes à pêche que l’on m’offrait étant enfant. L’excitation de s’installer au bord d’une rivière ou d’un lac, sous un ciel bleu, était immense. Mais rapidement, le constat s’imposait : pas le moindre poisson à l’horizon. À l’adolescence, je me suis dit que le problème venait sûrement du matériel. Avec mes nouvelles cannes, plus grandes, plus solides, j’étais persuadé de devenir enfin un vrai pêcheur. Je m’équipais méticuleusement : casquette, fauteuil pliant, lampe torche… Rien ne manquait. Pourtant, l’histoire se répétait, et les poissons semblaient fuir mes hameçons.
Devenu jeune homme, ma détermination n’avait pas faibli. J’investissais dans des équipements dernier cri, convaincu que le secret résidait dans une technique ou un outil encore inconnu. Chaque week-end, je partais à la recherche d’un nouvel endroit prometteur. Je passais d’une rivière à une plage, d’un lac à une autre mer. À chaque échec, je trouvais une excuse : “Cette rivière doit être vide de poissons”, “La marée n’est pas bonne”, “Peut-être que je suis arrivé trop tard”. Mais au fond de moi, une vérité s’imposait peu à peu.
Avec les années, j’ai compris que la pêche n’était pas qu’une question de technique ou de matériel. Il fallait peut-être un don, une patience que je n’avais pas, ou une connexion avec la nature que je n’arrivais pas à établir. Alors, j’ai décidé d’abandonner mes rêves de pêche. J’ai cessé de me bercer d’illusions : tout le monde ne peut pas être pêcheur, même du dimanche.
Mais ce que cette expérience m’a appris va bien au-delà des poissons que je n’ai jamais attrapés. J’ai découvert la persévérance, le plaisir simple de contempler la nature, et l’humilité face à une activité qui semblait si banale mais qui, pour moi, relevait d’un défi insurmontable. Finalement, peut-être que l’essentiel n’était pas de remplir mon panier, mais d’avoir essayé, encore et encore, avec la même passion.