Poème à écouter en musique de Hachemi Salhi, Auteur, poète
Pour ceux qui aiment encore lire : Poème de Hachemi Salhi, Auteur, poète
Quand les mots se colorent d’encre de sang
Quand la cerise de Gaza est la couleur rouge
Du sang de l’enfant palestinien assassiné
Qui agonise sous les regards numériques
Bombardé, gazé, asphyxié, brûlé, sacrifié
Holocausté, disent-ils !
Puis abandonné par les nations comme lettre morte ;
Que reste-t-il au chagrin du poème pour décolorer la nuit du désespoir ?
Quand la littérature se fracasse sur le génocide
Quand les mots deviennent cadavres
Enterrés sous la fureur et les flammes
Quand les âmes immortelles des enfants mutilés
N’effraient plus l’épouvante des hommes ;
Que reste-t-il au poète désenchanté pour écrire la mémoire et la mort ?
Quand le crime devient spectacle fracassant et fractal
Puis exercice de toute-puissance technologique-idéologique
Quand l’impuissance des peuples passifs et oisifs
Regarde fumer les feux de l’holocauste proche-oriental
Qui ne dit ni n’avoue son nom historique et factuel
Quand le data mining autorise les enterrements à ciel ouvert
Des chairs humaines découpées au laser pour le dernier exil
Quand les cimetières hagards refusent de regagner le paradis
Quand ils deviennent jaloux des fosses communes
Et du silence haineux des hommes de bonne volonté ;
Que reste-t-il au désespoir politique de la langue pour libérer les terres balkanisées et rouvrir les
cahiers d’histoire et de géographie ?
Quand la mort ne laisse même plus pisser les vaches outragées et blafardes
Car elles n’ont plus de lait ni de rêve pour l’enfant palestinien qui agonise
Dans la maison humaine qui se fissure de l’intérieur
Dans la rue devenue tombeau de feu et de poussière
Quand, sous les décombres fumants, orphelin de père et de mère
Le même enfant palestinien est outrageusement précipité
Dans la tombe encore chaude de ses parents carbonisés et martyrs ;
Que reste-t-il à l’horreur humaine pour se dire, médire ou se maudire ?
Quand l’horrible ne peut plus clore la vision humaine
Ni les yeux globuleux des pixels larmoyants ou pénitents
Quand les images du pire saccage des consciences
Te vrillent l’oeil voyeur et aveuglent l’odeur des fleurs
Quand la réalité dépasse la fiction et désagrège l’affliction
Quand l’indicible outrepasse l’infâme et naturalise la mort
Dans le silence complice ou supplicié, il n’est point de repentir ;
Que reste-t-il alors de vivant et d’humain dans le spectacle réitéré du supplice de l’enfant qu’on exile
et de la mort légendaire qu’on lui prédestine ?
Loin, très loin des champs de la douleur et de la mort
Les diasporas solidaires des ciels dévastés et des cieux indignés
Cultivent le temps résilient et enracinent les arbres fertiles
Dans la terre cannibalisée, meurtrie qui a faim, qui a soif
Qui nous appelle et nous prie de reprendre son chant du monde
A la mémoire présente et éternelle des enfants de Palestine
Qui restent vivants en nous. Qui restent vivants en nous.
Hachemi Salhi,
Auteur, poète
Villeneuve d’Ascq (France),
Janvier 2024
Ce poème est un cri poignant et désespéré face à l'horreur du sort des enfants palestiniens à Gaza.
L'auteur questionne la capacité des mots et de la poésie à traduire l'indicible, alors que la réalité dépasse l'horreur et que le génocide devient un spectacle technologique.
Les corps mutilés, les cimetières débordés, et l'indifférence des nations illustrent une humanité fracturée et complice.
Pourtant, le poème s'achève sur une lueur d'espoir : la mémoire des enfants martyrs reste vivante à travers la résilience et la solidarité, enracinant un futur possible pour une terre meurtrie.
Ce texte, à la fois sombre et bouleversant, appelle à réveiller les consciences et à préserver la dignité humaine malgré l'abîme du désespoir.