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Les collectivités territoriales, plus que jamais concernées par la prise en charge des violences


le Samedi 4 Décembre 2021

La violence fondée sur le genre constitue aussi bien une violation de droits humains qu’une forme de discrimination. Elle reflète aussi la relation de « puissance non-équitable », entre les hommes et les femmes ainsi qu’une forme de dominance, selon les Nations unies. De plus, ses répercussions, qu’elles soient physiques ou psychologiques, sexuelles ou économiques sont au moyen et long terme.
Une lecture analytique des données statistiques recueillies, entre janvier 2019 et juin 2021, sur le terrain, par la Fédération de la Ligue des Droits Des Femmes et le réseau de la ligue Injad, en partenariat avec le réseau Femmes Solidaires, a relevé plusieurs points importants dont une recrudescence de la violence numérique, de la violence sexuelle et de la violence politique.



Si la société civile ne trouve pas sa place et son importance dans le nouveau modèle de développement, elle joue toujours son rôle en tant que sentinelle des politiques publiques, et ne rate aucune occasion pour placer la barre plus haute, en matière de revendications. Surtout que ce nouveau gouvernement « a l’air » de pouvoir  « assumer » et assurer quelques dossiers belliqueux, dépoussiérer les tiroirs du parlement et ses Chambres, de  cartons qui ont assez stagné dedans. Il s’agit de problématiques qui ont produit assez  de « dégâts » sociaux et qui ont besoin d’une meilleure concertation.

En commémoration de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, le rapport a mis en exergue, via des chiffres, plusieurs problématiques qui persistent malgré la mise en œuvre de la loi 103-13, le seul mécanisme de protection de la violence faite aux femmes, qui depuis 2018, tient lieu de document officiel pour la prise des femmes victimes de violence.
Une prise en charge « handicapée », en premier lieu, par la loi elle-même qui a besoin d’être réformée pour assurer une meilleure protection des femmes. La loi n’a pas changé grand-chose sur terrain, une réalité démontrée par les associations qui œuvrent pour améliorer cet état des choses.

Outre la prévention et une protection optimale non-assurées des victimes et des survivantes, la loi, avec ses failles et manquements, ne criminalise pas tous les actes de violence qu’il faut. L’approche philosophique sur laquelle est fondée cette mesure législative et qui devrait apporter soutien et attention  aux victimes, n’a pas été prise en compte. Aussi, les mesures de protection contenues dans la loi restent limitées, en l'absence de mécanismes de mise en œuvre. Et leur focalisation sur l'aspect punitif, écarte la dimension préventive et surtout proactive, qui pourrait anticiper les violences. Et qui devraient d’ailleurs, être intégrées dans la réforme législative qui inclut le droit pénal et la procédure pénale.

La FLDDF, Injad et Femmes solidaires, insistent dans la partie recommandations du rapport sur la nécessite de l’angle de vision : approche droit et approche genre, en matière de prise en charge des questions de discrimination et de violence, considérées comme violations des droits humains des femmes.

En matière de politiques publiques et conformément à la loi 103-13, la protection des victimes a besoin de mécanismes très importants d’accompagnement de la loi, à savoir, la mise en place de centres d’hébergement, de centres de traitement des victimes, en plus, bien sûr, de ressources financières. Et surtout, d’une loi cadre pour l'égalité conforme aux normes internationales, qui confère protection et prévention des victimes, garantit l’incrimination et la punition des auteurs des violences et qui permet l’indemnisation et l’intégration des victimes.

Ce chantier de réformes législatives devrait intégrer l’approche égalitaire entre les sexes et interdire la discrimination au niveau des lois, en particulier, du code pénal et du code de la procédure judiciaire, du code de la famille et du code de l’état civil. Et surtout, travailler sur le mécanisme de « l’égalité et de lutte contre toutes les formes de discriminations à l’encontre des femmes », conformément à l’article 19 de la Constitution et selon les normes internationales.

En plus des réformes judiciaires, il est impératif de travailler sur la coordination entre les différents intervenants dans le cadre de la prise en charge des femmes victimes de violence, qu’il s’agisse des cellules locales et régionales de la sûreté nationale, de la gendarmerie royale, de la santé, des centres d’écoute et d’hébergement, ainsi qu’avec les commissions constituées dans le cadre de la mise en œuvre de la loi 103-13. Avec, en plus,  la création d’un guichet unique pour multiservices et spécialisations, pour le suivi des affaires civiles et procédures de type « injonctionnel ».

Parmi les autres recommandations émises dans le rapport des associations, il  y a la nécessité d’intégrer la lutte contre la violence fondée sur le genre social dans les programmes et les stratégies de développement des collectivités  territoriales lesquelles devraient créer leurs propres structures d’accueil, d’orientation et de prise en charge des femmes victimes de violence.

La création de centres d’hébergement de proximité est primordiale connaissant les répercussions fâcheuses autant sur les victimes que sur les enfants et la société.  Mais aussi, le renforcement de l’autonomisation économique des victimes et survivantes de la violence, et qui pourrait les « arracher » à la précarité économique et réduire la féminisation de la pauvreté.
 






Samedi 4 Décembre 2021

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