Le citronnier n’illumine plus, de ses couleurs d’or, les jardins accaparés par la puissance de l’autre rive où dorment les saisons noires L’amandier ne fleurit plus, quand partent les cigognes, avec les nids déracinés et les ombrelles des enfants
La menthe sauvage et la menthe à feuilles rondes ne parfument plus les champs meurtris et détournés en tribut pharisien
Le Talmud, plus strict que la loi de Moïse, exige-t-il encore la dîme sur les plantes de Palestine ?
Le nabacà a conjugué ses épines aux barbelés des soldats, pour supplicier les enfants, les femmes et les vieillards de la Rivière de la peine
L’espérance a déserté la Rivière du Jugement, du Jourdain, jamais traversé par Moïse, notre prophète commun Le bois, le fer, les cordes et les épines du jujubier palestinien sont les mêmes instruments de torture du Christ
Le Prophète-Dieu, le Fils-Père, l’Homme-Dieu, le Saint-Esprit, Dieu, Allah, Elohim, baisers d’un tourment Unique qui a prédit le supplice, programmé le génocide et préparé le suaire Qui arrêtera le massacre de l’humanité de Palestine et des enfants palestiniens ?
Certains enfants de Sion, comme la cuscute, sucent le sang et la sève des derniers arbres rebelles à l’expropriation sioniste et nullement biblique Dans les tourments gelés de la nuit, dans la froidure du jour sans pain, les arbustes de Palestine restent encore debout, enracinés dans les vals de la mer morte et alentour
Les branches du genévrier n’alimentent plus que le feu de la souffrance éparpillée et de la nourriture absente Seule continue de brûler la douleur qui perdure, dans la déraison de l’histoire et la mortification de la sève des rares vergers saccagés La rose de Jéricho, jadis courtisée par les divinités lunaires, vacille dans l’humiliation ineffable, chancelle dans les souffrances indicibles et meurt avec les âmes mortes de Palestine Lorsque l’Uzi-201 du Tsahal et le drone de la mort algorithmique pulvérisent et la pierre et l’enfant palestinien qui lance la pierre.
Desséchée, assoiffée, encerclée, mitraillée, refoulée aux confins du désert, la rose de Jéricho est une fleur de l’authenticité de la terre de Mahmoud Darwich Plante-pierre discrète, rebelle et astringente, résiliente et légendaire, elle signe la résistance minérale des enfants de Palestine Elle croît dans la légende, parmi les palmiers de l’espoir et la tour épierrée mais ouverte à l’incandescence et l’éternité Comme le roseau des bords du fleuve Jourdain, fidèle à la fable d’Esope, d’Ibn al Muqaffa’ et de La Fontaine, elle plie mais ne rompt point.
Sisyphe végétal, la rose de Jéricho déjoue Thanatos et renaît à chaque violence décriée, à chaque mort télévisée bien qu’elle ne soit jamais repentie Dans l’absurde des passions, des tourments philosophiques et des guerres inégales, comme dans le courage des hommes révoltés, Albert Camus nous implore noblement : « Il faut imaginer Sisyphe heureux » !
La rose de Jéricho refleurit à la première pluie, à la prime lueur d’une mémoire défaite ou fragmentée, à chaque poème déclamé, à chaque combat et lutte Nue dans le jardin de Palestine, elle reverdit au premier baiser de l’enfant de retour dans sa terre natale, ancestrale.
La rose de Jéricho est une lueur de paix, dans les saisons du carême, elle revit au premier cri de l’oiseau de retour dans son nid fatal Juges de paix, les arbres et les enfants de Palestine vous assignent au tribunal des lieudits, des écarts, de l’humanité, de la flore et de la faune qui se tordent de douleur dans le calvaire sioniste mais ne meurent jamais !
Voyez la Palestine éternelle et légendaire Dans sa cage capitale de la douleur et de la mort Elle devient pour l’enfant à naître un devoir de mémoire Et pour nous tous, humains dans nos contrées solidaires Un droit moral perpétuel, inaliénable et imprescriptible ! J’adopte la Palestine comme oiseau migrateur de toutes les couleurs J’adopte la Palestine comme maison de la mémoire inextinguible J’adopte la Palestine comme symbole de la liberté indomptable