Il est bien dur de festoyer, garder le silence ou prier quand, sous nos yeux et nos fenêtres numériques, gémit une terre mutilée, meurent des enfants en direct, sanglotent des mères martyres, se dépeuple un peuple et se donne à voir la mort sacrilège. La mise en scène des justifications et arguties d’un génocide qui ne dit pas son nom signe l’horreur humaine absolue qui se déploie, sans vergogne, sous nos regards absents ou occupés. La machine technologique et idéologique de la mort sans appel tue le peuple palestinien et mortifie sa terre brûlée, devenue cadastres morcelés d’équations totalitaires, ethnocidaires et corps déchiquetés de fantômes. Un spectacle de la mort politique qui troue notre regard et perfore notre conscience. Les armes de la mort digitale nous désarment, signent notre impuissance que nous espérons passagère. Comment regarder le futur, toute la beauté et tout le sang versé ? 1 L’instant est inhabitable dit Octavio Paz. Que faire ? Comment rétablir le paradigme humanitaire, éthique, la vérité et la justice ? « C’est une drôle de chose que la vie, ce mystérieux arrangement d’une logique sans merci pour un dessein futile. Le plus qu’on puisse en espérer c’est quelque connaissance de soi-même - qui arrive trop tard -. Une moisson de regrets inextinguibles. » 2
La Palestine, notre part immortelle d’humanité
Il reste l’espoir que cette mort spectaculaire signe l’éternité d’une mémoire historique qui fera de la Palestine la patrie universelle de notre humanité. Notre part immortelle d’humanité. Notre révolte faite homme, femme et enfant. Notre amour d’une terre de Palestine scarifiée que le sionisme veut réduire en poussière biblique et anéantir mais qui reste, à jamais, debout dans notre cœur et notre conscience. « Il était dit que la cité des miroirs ou des mirages serait rasée par le vent (babylonien) et bannie de la mémoire des hommes…et que tout ce qui y était écrit demeurait depuis toujours et resterait à jamais irrépétible, car aux lignées condamnées à cent ans de solitude, il n’était pas donné sur terre de seconde chance. » rappelle Gabriel Garcia Márquez (Cent ans de solitude). J’adopte la Palestine comme autre patrie. Je vous invite à adopter la Palestine comme seconde ou troisième patrie. Je lance, en ce sens, un mouvement international d’adoption solidaire, dans les prochains mois. Un geste désespéré que nous pouvons inscrire dans le cours de l’histoire individuelle et collective, contre le fatum totalitaire ou complotiste. À distance de la tempête, dans la source désespérée jaillit un flux de consciences rebelles. La mémoire défaite, fragmentée, meurtrie et indocile devient sang d’encre pour inscrire le poème violemment épique dans l’histoire politique. Je dépose, humblement, dans vos mains solidaires la force empathique et politique de deux poèmes palestiniens. Car comme le souligne Gabriel Celaya : « la poésie est une arme chargée de futur ».