Si le débat sur la peine de mort, continue et de plus belle sur nos réseaux sociaux, l'avis de Aicha Chenna est digne d'être relevé dans ce débat sociétal.
Contactée par nos soins, la militante Aicha Chenna, à l’opposé du père Bouchouf, malgré son âge avancé, et sa santé fragile, nous aborde avec la volubilité et la bonhomie qu’on lui connait.
En bonne militante des droits de l’homme ayant mis sa vie au service des droits des plus démunies, en l’occurrence les femmes et les enfants, la battante, toujours égale à elle-même, et que l’on ressent reprendre du poil de la bête au fur et à mesure qu’elle s’adonne, le long de la conversation, à ce qui lui a toujours pris le cœur, se déclare contre la peine de mort quel que soit le crime commis.
« Si nous mettons fin à la vie d’un violeur-tueur, à l’exemple de l’assassin du petit Adnane, nous ne contribuons qu’à mettre fin à ses souffrances »
et de rajouter en bonne femme de terrain, défenseuse des droits de l’Homme, que lors d’une visite dans un centre de détention à Salé, les condamnés à mort lui exprimaient quasi-unanimement le regret de leurs actes.
"Un regret qui tue" renchérit notre interlocutrice. Aicha Chenna qui milite pour la prévention de ces tares qui entachent notre société, en premier lieu « le viol », n’a pas manqué, toute imprégnée de sagesse , de remonter à la cause du mal.
« C’est de la racine que l’on soigne les maux » précise-t-elle.
Cause en serait que l’accent n’est pas mis sur l’éducation sexuelle dès l’enfance, et qu’un enfant violé aurait plus de probabilité de son côté que de reproduire l’inavouable sur d’autres.
L’inavouable, un qualificatif choisi à bon escient, car notre militante était l’une, si ce n’est la première, qui avait, sur les espaces médiatiques soulevé ce tabou. Celui des enfants violés, souvent par un proche et qui sont appelés, par les parents mêmes, à se recroqueviller sur cette injustice, et de souffrir en silence.
« Un enfant victime d’un viol se doit se faire suivre, pour ainsi éviter l’irréparable »
Nous précise Aicha Chenna. « J’ai été traité de tous les noms, y compris par les acteurs associatifs qui m’ont reproché de véhiculer une mauvaise image du Maroc à l’international, alors que je ne faisais que mon travail de militante » ajoute-t-elle sur un ton d’indignation.
Hicham Aboumerrouane