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L’industrie automobile face à l'incompétence du parlement européen


Et si on supprimait le parlement européen ? Il serait temps peut-être de renoncer à cette utopie appelée Union Européenne. Le temps est peut-être venu de redevenir réaliste et cohérent et renvoyer à leurs foyers les parlementaires européens qui se sont octroyé des pouvoirs qu’ils n’ont jamais eu.



Par Gabriel Banon

L’industrie automobile face à l'incompétence du parlement européen
Diplomatie, économie, les votes qui se succèdent dans cette enceinte soulignent la légèreté avec laquelle ces parlementaires approchent les problèmes.

Le 14 février 2023, par 340 voix pour, 279 contre et 21 abstentions, le parlement européen a voté l’interdiction de la vente des véhicules neufs à moteur thermique à partir de 2035, autant dire demain. 

Mais cette interdiction votée à une courte majorité, vient d’être rejetée le 7 mars dernier par le Conseil de l’Union sur demande de l’Italie, de la Pologne, de la Bulgarie et surtout de… l’Allemagne.

Sans Berlin et ses 83 millions d’habitants, impossible d’atteindre les 65 % de la population de l’Union européenne nécessaires à l’adoption ! 

Fallait-il s’étonner de ce volte-face de l’Allemagne qui a refusé in extremis cette folle proposition. 

Les constructeurs de voitures allemandes n’ont pas dû apprécier la plaisanterie… L’industrie automobile nationale de l’Allemagne est basée sur le moteur thermique, et fait vivre environ 14 % de la population.  Une électrification trop rapide du parc automobile européen ouvrirait un boulevard à la Chine en avance dans ce domaine.

L’Allemagne depuis longtemps est soumise à ses écologistes (grünen) et a commis beaucoup d’erreurs en matière d’énergie. Elle a cependant réussi à affaiblir la France en supprimant l’avantage comparatif que lui donnait son énergie électrique nucléaire propre et bon marché.

En application des règles de l’Union européenne, l'Allemagne a forcé la France à vendre à vil prix à ses concurrents une partie de sa production nucléaire. 

Les quatre États membres (Pologne, Italie, Bulgarie, Allemagne) qui ont fait capoter l’accord au dernier moment proposent toutefois de continuer à faire fonctionner les véhicules thermiques avec des e-carburants, le mot essence ou diesel disparaît. Mais ces derniers n’existent que dans les laboratoires et seront produits, pour le moment, à des coûts exorbitants.

Le gouvernement italien a déclaré que : « le choix de l’électrique ne doit pas être la seule voie vers la zéro émission de CO2 dans la phase de transition. Le succès des voitures électriques dépendra en grande partie de leur accessibilité à des prix compétitifs ».

Pour continuer à vouloir être fidèle au slogan : « sauver la planète », ces opposants proposent de ne plus interdire purement et simplement les véhicules thermiques, mais de les autoriser, si le carburant est dit vert.

Avant de jeter à la rue une partie des 13 millions d’Européens qui travaillent dans le secteur automobile. Il faudra répondre aux questions qui se posent : 

Comment gérer la situation sociale qui en découle ?

Comment produire et à quel coût cette électricité supplémentaire ?

Comment charger tous les véhicules électriques et produire cet e-carburant ?

Qui va fabriquer les batteries qui viennent essentiellement d’Asie aujourd’hui ?

De qui dépend l’avenir du véhicule électrique ?

 

Fournir de l’électricité aux véhicules « à zéro émission » impose un réseau électrique ad hoc. La refonte du réseau aura un coût gigantesque qui sera supporté par tous les consommateurs d’électricité, y compris ceux qui ne possèdent pas de véhicule électrique. On propose de continuer à faire fonctionner les moteurs thermiques avec des e-carburants.

Cette solution est aussi utopique que la généralisation, à marche forcée de l’usage du véhicule électrique. Le parlement européen met encore une fois, la charrue avant les bœufs, comme ce fut le cas pour les biocarburants et l'hydrogène dans les transports. Ces vecteurs ou sources d’énergie n’existent que dans la tête des politiciens et des promoteurs.

​On commet une grave erreur avec la promotion du transport « tout électrique ». Les e-carburants sont une vieille et mauvaise bonne idée. Depuis 1973 et jusqu’en 1990, l’Europe avait déjà essayé de produire économiquement de tels carburants alternatifs. Ils se sont révélés inefficaces et trop chers. Bien que techniquement réalisable, ce programme n’avait aucun sens économique et a été abandonné.

Venir, aujourd’hui déclarer que soudainement de tels carburants puissent être produits rapidement est irréaliste. Autant charger directement l’électricité dans des batteries dont le rendement est cinq fois meilleur !

Ainsi, une voiture électrique avec batterie présente un rendement d’environ 75 % de la production d’électricité à la roue, par contre, une voiture à hydrogène produite avec de l’électricité verte, a un rendement de 25 % environ ; ce rendement descend à moins de 15% pour une voiture thermique alimentée par un e-carburant liquide.

 

On doit réaliser qu’une batterie est donc cinq fois plus efficace qu’un e-carburant car il faut cinq fois moins d’électricité pour parcourir la même distance !

Les véhicules électriques à batterie offrent une meilleure voie vers la décarbonation, bien qu’ayant aussi de nombreuses tares, dont une autonomie relativement faible et un coût élevé. Les ventes actuelles des véhicules électriques ne se développent que grâce à des subventions, notamment pour les entreprises.

L’industrie automobile européenne tétanisée a été trop longtemps passive et/ou écartée comme un lobby face à l’écologisme radical. 

Étrangement, la France soutient fermement cette date butoir de 2035, totem idéologique vert, par la voix de Manon Aubry, députée européenne, co-présidente du groupe de gauche au Parlement européen. Cette dernière a déclaré : « même si on n’est pas prêt à passer à du tout-électrique parce qu’on n’est pas outillé en matière de production d’énergie, l’ambition écologiste doit primer sur les lobbies de l’industrie automobile ».

En effet, ces derniers alertent à grands cris sur l’absence de solution de remplacement et sur le coût d’un tel cataclysme industriel et social.

La députée européenne Manon Aubry avoue aussi ingénument que ce choix est irréaliste et coûtera cher aux Européens, mais tant pis ! « C’est bon pour la planète ! ». Le Français qui n’a pas les moyens de s’acheter une voiture électrique prendra « les transports en commun » et devra chercher des « alternatives de transport ».

Sur un mode incantatoire, elle préconise de développer une voiture électrique moins chère. Comment ? demande le journaliste… Réponse : « Ça fait partie des sujets qui ne sont pas complètement (et même pas du tout) réglés par la directive européenne », mais allons-y gaiement !

L’objectif déclaré de cette députée écologiste étant de réduire, voire de supprimer la circulation des voitures et des camions, c’est effectivement un excellent moyen… 

Pourquoi cette folle course en avant ?

Des idées saugrenues, voire délirantes, sont régulièrement mises en avant pour réduire les émissions européennes de CO2 qui représentent pourtant seulement 1 % des émissions mondiales. Mais il faut donner l’exemple au reste du monde… qui s’en moque.

Quoi que fassent ou déclarent les politiciens, les lois de la physique ne changeront pas.

La volonté de décarbonation du secteur des transports avec un carburant fabriqué avec de l’électricité et du CO2 est non seulement illusoirs  (surtout s’il s’agit de l'extraire de l'air ambiant, mais nuisible pour l’intérêt général car ruineux, et en plus il n’est pas propre (monoxyde de carbone, ammoniac, particules…).

Ces « politiciens » envisagent simplement de détruire inutilement le secteur automobile européen qui est pourtant en pointe.

Pendant ce temps, la Chine construi deux centrales à charbon par semainet !

Quelques activistes européens bien placés au Parlement et à la Commission rêvent de faire basculer à marche forcée toute l’activité économique vers l’électricité décarbonée alors que cette dernière ne représente que 3 % de la consommation globale d’énergie en Europe !

Or, pour alimenter la flotte de transport routier de l’Europe avec des e-carburants, l’Union européenne devrait produire environ deux fois plus d’électricité décarbonée que sa production totale actuelle d’électricité, encore essentiellement issue du gaz et du charbon. C’est irréaliste.

Les e-carburants pourraient être envisagés marginalement et ponctuellement dans un futur lointain pour les secteurs où n’existent pas encore d’alternatives aux hydrocarbures, par exemple pour l’aviation.

Mais même en diminuant le trafic aérien européen par deux, les e-carburants dédiés à ce secteur absorberait environ un quart de la production d’électricité européenne actuelle.

Les e-carburants beaucoup plus chers et rares que les carburants fossiles ne seront donc utilisés que sous la contrainte, qu’elle soit physique ou politique.

 Encore une erreur de l’Allemagne suivie par l’Europe

La mainmise de l’Allemagne sur la politique énergétique de l’Union européenne ne semblait pas inquiéter la France jusqu’à récemment.

La passivité des États membres a laissé librement s’exprimer la volonté hégémonique du voisin d’outre-Rhin qui pour se libérer du nucléaire et de la dépendance pétrolière du Moyen-Orient, a augmenté sa dépendance au gaz russe et aux batteries asiatiques.

Le marché des véhicules thermiques (dits aussi à combustion interne) continuera de croître dans les pays en développement qui sont loin de disposer de la suffisance électrique et du réseau compatible avec l’alimentation des véhicules électriques. Les constructeurs automobiles européens en déclin sur les moteurs thermiques ne seront donc pas présents sur ces marchés émergents ou délocaliseront pour construire sur place.

 
Inefficace mais politiquement correct

Comme pour le « tout-renouvelable », le même aveuglement s’est installé dans le secteur automobile. Les compagnies d’électricité et les géants allemands de l’automobile savaient pourtant que l’EnergieWende était irréalisable mais elle était « politiquement correcte ». Ils se sont donc tus en attendant des jours meilleurs…

Le groupe franco-italien Stellantis a tout de même réagi. Il a quitté l’association européenne des constructeurs automobiles (ACEA) en juin 2022 parce qu’elle avait accepté la mainmise allemande.

Imposer en 2035 les véhicules électriques, à hydrogène ou avec du e-carburant constitue une erreur stratégique dont les Européens devront payer les graves conséquences.

L’hypocrisie grotesque des e-carburants finira peut-être par s’imposer. Qui se souvient aujourd’hui des politiciens qui ont imposé de coûteuses stupidités aujourd’hui abandonnées comme l'énergie de la houle, les hydroliennes, les biocarburants, ou la route solaire ?

Les décideurs d’aujourd’hui ne seront plus là en 2035…

Ainsi va l’Union européenne, d’erreur en erreur, en gaspillant l’argent des citoyens priés de payer des taxes qui ne sont pas perdues pour tout le monde, notamment pour les promoteurs de ces inepties…

Après l’ivresse des envolées lyriques pour aller vers un monde d’air pur et d’eau fraîche, et les votes d’un parlement européen irresponsable, il est temps de revenir sur terre, sinon le retour à la réalité sera douloureux.

Rédigé par Gabriel Banon sur Gabriel Banon 



Mercredi 5 Avril 2023


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