« Le Dernier Mot » animé par le consultant en stratégie, M. Ali Bouallou, reçoit M. Mustapha Sehimi, avocat au barreau de Casablanca, professeur de droit et politologue.
M. S. : « Dans le vote de la résolution, M. Pedro Sanchez a de la cohérence »
M. S. : « Les eurodéputés du parti Renaissance, proche du président Macron, ont voté pour »
M. S. : « Je serai surpris que la visite d’Etat supposée du président Macron ait lieu ce premier trimestre 2023 »
M. S. : « Nous nous interrogeons sur la volonté de Paris de relancer une coopération avec le Maroc et la dynamiser sur de nouvelles bases »
M. S. : « En 2022, il y a eu 112 questions posées au parlement européen sur le Maroc »
M. S. : « S’il n’y avait pas eu le supposé QatarGate, il n’y aurait jamais eu de projet de résolution »
M. S. : « Il n’y a aucun élément sur les prétendues manœuvres de corruption du Maroc au parlement européen…tout cela est du construit ! »
M. S. : « De quel droit les eurodéputés se permettent-ils de condamner le fonctionnement de la justice au Maroc alors que ce sont des affaires de droit commun et qu’une des affaires n’est pas encore achevée au niveau de la procédure ? »
M. S. : « Le Maroc a consacré dans la constitution de 2011 l’indépendance de la justice »
M. S. : « Sur les 27 pays de l’UE, une petite dizaine a consacré le principe de l’indépendance de la justice »
M. S. : « Au contraire de ce que l’on pourrait penser, le pouvoir judiciaire en France n’est pas indépendant »
M. S. : « Cette résolution est une ingérence flagrante dans le fonctionnement de la justice au Maroc » M. S. : « C’est le Souverain qui est partisan, à juste titre, de cette diplomatie de fermeté et qui appelle à ce que le Royaume soit respecté »
M. S. : « Ce sont les accords d’Abraham qui ont conduit Paris à réévaluer ses relations avec Rabat »
M. S. : « Ces journalistes n’ont pas été condamnés en raison de l’exercice de leur métier mais pour des affaires de droit commun »
Comme tout le monde le sait, le parlement européen a voté le jeudi 19 janvier dernier une résolution d’urgence appelant le Maroc à respecter la liberté d’expression, en mentionnant deux affaires judiciaires et une troisième en voie de recours càd que la procédure est au niveau de la cour de cassation. Dans ces trois affaires, les acteurs ont été jugés pour des faits de droit commun.
356 eurodéputés ont voté pour, 32 ont voté contre et 42 députés se sont abstenus sur un total de 705 eurodéputés. M. Sehimi s’est prononcé par rapport à la signification de l’absence de 275 eurodéputés avant de présenter la cartographie des votes hostiles versus non hostiles. Et de constater que les socialistes espagnols ont voté contre la résolution alors que les eurodéputés du parti « Renaissance » proche du président Macron, ont voté pour.
A la lumière de ce constat, M. Sehimi a noté avec grande satisfaction le vote des socialistes espagnols qui reste dans la lignée du nouveau partenariat entre le Maroc et l’Espagne alors que le vote français exprime bel et bien la défiance de la France et le caractère compliqué des relations entre le Maroc et celle-ci. Et ce, malgré les dernières annonces des responsables français et la visite future annoncée en dehors du circuit diplomatique par le président Macron.
M. Sehimi rappelle que ce vote hostile intervient après une longue série d’indélicatesses européennes à l’égard du Maroc. Il intervient également après le supposé « QatarGate » auquel certains eurodéputés, connus pour leur inimitié envers le Maroc, associe un « MoroccoGate » monté de toutes pièces sur la base de suppositions curieuses sans preuves tangibles ni éléments probants.
M. Sehimi fait remarquer que le Maroc de 2022, libre et souverain, engagé pour la paix dans plusieurs régions du monde, respectant la durabilité et l’inclusion dans son projet de société, ouvert sur les civilisations du monde, ayant procédé à des réformes incontestables en matière de justice et droits de l’homme…dérange une certaine Europe habituée au suivisme moutonnier hérité de l’ère coloniale.
Après cette maladresse européenne et au-delà de la condamnation ferme des deux chambres du parlement marocain, M. Sehimi préconise un arrêt immédiat de tout contact avec le parlement européen et de travailler pour l’activation et le renforcement de la commission mixte Maroc / EU composée de treize députés marocains et treize députés de l’Union Européenne. M. Sehimi prône également la consolidation des groupes d’amitié au niveau bilatéral avec chaque pays parmi les vingt-sept pays de l’UE.
D’aucuns disent que le projet de résolution émane de membres de l’intergroupe dit « Sahara Occidental » connu pour sa proximité algérienne et son hostilité envers le Maroc. M. Sehimi confirme l’implication des eurodéputés membres de cet intergroupe dans toute action hostile au Maroc au sein du parlement européen.
Pour Mr. Sehimi, la meilleure réponse à donner à ce tropisme européen est le renforcement du front interne, le raffermissement de la diplomatie d’Etat en parallèle à la diplomatie partisane dans laquelle les partis politiques au pouvoir ont un grand rôle à jouer.