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Entretien avec Nouha Fennich, artiste peintre


le Mercredi 26 Mai 2021

L’ICESCO inaugure sa galerie d’art contemporain avec l’exposition « Tableau d'espoir »

« Le tableau d’espoir », telle a été appelée l’exposition organisée à l’ICESCO dans un nouveau cadre appelé espace ICESCO d’art moderne. Espoir d’un avenir meilleur, d’un retour à la normale, à une vie sans peur de sortie et à un regain de confiance. Cet espoir devrait aussi conférer le droit à des expositions et vernissages dans la masse, et non au compte goutte. D’ailleurs, tels sont les souhaits et les espérances des artistes peintres confinés jusqu’à quelques semaines près, mais aussi des enjeux de la culture, un secteur qui a beaucoup pâti des conséquences de la pandémie. Car, si quelques expositions peuvent actuellement être programmées, d’autres domaines culturels sont encore scellés tels les salles de cinéma, le théâtre, les festivals…
Et cet espoir, il l’est aussi pour ces enfants atteints de cancers de l’hôpital Ibn Sina, l’espoir de guérison, de soins ciblés et de matériels plus performants et sophistiqués. Surtout que cette exposition a une connotation caritative et humanitaire puisque les gains des tableaux vendus reviendront au service pédiatrique pour enfants cancéreux.

Seulement, il ne suffit pas de produire, de créer et d’innover, le secteur artistique (tout autant que l’artisanat) n’a pas besoin que de plus d’espaces bien décorés, de murs pour accrocher des tableaux et de regards émerveillés par tant de beauté et de créativité. Les tableaux ont besoin de respirer dans d’autres recoins et les artistes ont besoin de vendre leurs produits et être encouragés. Une incitation qui ne peut venir que de l’Etat sachant que les citoyens arrivent à peine à joindre les deux bouts quoique l’envie d’avoir ces chefs d’œuvre chez soi ne manque pas. Le rôle de l’Etat est de leur chercher des alternatives. Artistes peintres et artisans sont les ambassadeurs de leurs pays.
Pourquoi le gouvernement n’achète-t-il pas quelques tableaux et en décore aéroports, ministère des affaires étrangères, ambassades et consulats de différents pays…Sachant que la plupart des tableaux reflètent la réalité marocaine, sa nature, ses habitudes… ? C’est un voyage agréable et une recherche dans notre patrimoine que reproduisent ces artistes créateurs.



Un nouvel espace culturel inauguré à l’ICESCO

Tableaux de El Batoul Bargach
Tableaux de El Batoul Bargach
entretien_avec_nouha_fennich,_artiste_peintre.mp3 A lire ou à écouter en podcast :  (10.68 Mo)

En marge de la célébration du Mois du Patrimoine dans le monde islamique et de la Journée Internationale des musées, l'Organisation du Monde Islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture(ICESCO), le groupe d'épouses des ambassadeurs arabes accrédités au Royaume du Maroc, autrement dit le cercle diplomatique arabe, ainsi que l'Atelier Karmadi, organisent jusqu’au 21 juin l'exposition d'art plastique : "Tableau d'Espoir".
 
38 tableaux d’ambassadeurs sont accrochés dans ce nouvel et bel espace d’exposition inauguré le 21 mai. La galerie d’art contemporain de l'ICESCO pour l'art contemporain abrite aussi des tableaux de 28 artistes marocains, soit, une centaine d’œuvres artistiques dont les gains iront directement à l'Hôpital Ibn Sina de Rabat, pour le traitement des enfants atteints de cancer.

L’inauguration qui présente des toiles de quatre artistes peintres femmes d’ambassadeurs, a été lancée par le Directeur général de l'ICESCO, Salim Al-Malik et la Présidente du Groupe arabe au Club diplomatique de Rabat, Nidaa Ezzat Sabry. Et ce, en présence de la ministre de la Solidarité, du Développement Social, de l’Égalité et de la Famille, Jamila El Moussali, du ministre délégué chargé de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Driss Ouaouicha, de  la ministre déléguée chargée des Marocains résidant à l'étranger, Nezha El Ouafi et de Mehdi Qotbi, Président de la Fondation Nationale des Musées du Maroc.

Entretien avec Mme Nouha Fennich, artiste-peintre

En marge de l’exposition « Le tableau d’espoir », on a rencontré la jeune artiste-peintre Nouha Fennich  qui nous a fait une visite guidée dans ce nouvel espace culturel.
L’artiste, qui fait aussi partie de l’équipe organisatrice, participe lors de cette exposition, avec 5 tableaux, comme d’ailleurs, les artistes de l’atelier Karmadi telles que El Batoul Bargach, Haddou Senane, Fouzia Nsiri, Nouzha Jazouli et d’autres.  Mme Bargach expose  toute une collection de bijoux sur la toile de jute avec de la matière et de produits artisanaux ; Mme Senane Haddou expose une magnifique reproduction de « Cheikh Lbad » ; Fouzia Nciri a peint une belle nappe brodée qui donne impression de collage. Quant à Nidaa Ahmed Sabri du Koweit, elle expose de beaux tableaux représentant la culture marocaine et arabe.

L’artiste, qui n’a commencé sérieusement à peindre qu’en 2016 a déjà à son actif une soixantaine de tableaux, des expositions au niveau national, depuis 2017, et d’autres, au niveau international, virtuelles, en considération du contexte pandémique. Il s’agit de L’exposition virtuelle « I Bienal International de Arte Virtual, Universidad de Panama » en 2021et de l’exposition virtuelle au premier festival d’art plastique en ligne organisé par American International Academy of Higher Education and Training, Bureau IRAQ, en 2020. Elle a exposé aussi au Mega Mall en 2021 en commémoration de la journée de la femme ; au forum de l’hôtel The View sous le thème « Maroc XXL ».
En 2020, elle fait deux Expositions virtuelles sous le thème « Lumière » et « Patrimoine » des Artistes Citoyennes et Fenn ; une autre sous le thème « Salé Invité d’Honneur » au centre Badir à Salé et l’Exposition des artistes confinées à la Galerie de la Fondation ALECA, Plage Guiville.
En 2019, elle a participé à deux expositions, l’une sur « Le rassemblement des artistes plasticiens » au Théâtre Mohamed Vde Rabat et une autre sous le thème « Floraison » au palais des congrès, Skhirat. Sans oublier l’exposition, pendant trois éditions « Le Maroc en miniature »à la galerie Nouiga de Rabat, en 2017 et 2018.
Elle est actuellement membre du Club National des artistes peintres et des photographes au Maroc.
 
 

Des paysages au patrimoine, en passant par la joaillerie

Mme Nouha s’inspire de la réalité marocaine, sa nature, ses paysages, sa médina avec ses portes et ses fenêtres, ses bijoux, sa monnaie, ses timbres, ses traditions ancestrales... Un patrimoine qu’elle garde en mémoire et transcende à travers peinture et pinceaux, et qu’elle aspire ancrer via ses créativités et ses œuvres. Elle touche à chaque fois à différents outils et techniques en art plastique qu’elle aime à manier et relooker avec des matières premières différentes. Surtout pour ce qui est de la joaillerie d’un autre temps dont elle raffole, en faisant ressortir leurs beautés ancestrales.
 
 
Peut-on avoir une idée sur les thématiques et sur vos toiles ?

On distingue plusieurs thèmes dans cette exposition : les femmes marocaines, le voyage, l’architecture marocaine des Oudayas ou de Marrakech, les paysages et la nature, la fantasia et chevaux, l’artisanat marocain avec ses coffres et  bijoux. Il y a aussi un coin lecture, une installation avec bibliothèque, livres, fauteuil et table, décorée de tableaux illustrant le livre, la calligraphie, le piano ainsi que l’opéra, le journal et le puzzle de Sara Arabi…

Pour ma part, cinq de mes tableaux sont exposés. Il y a la toile « Tbourida » ou « Fantasia » qui représente une selle de cheval en grandeur nature avec en arrière plan la tente  caidale pour rappeler le moussem, mais avec un brin de modernité. Il y a le timbre marocain, une idée que j’ai eu lors de l’exposition avec  « Les artistes citoyennes » sur le thème patrimoine. Il fallait chercher l’originalité dans ce thème, j’ai pensé systématiquement au timbre (Sala Colonia) et à la monnaie. A travers le timbre, j’ai commencé à faire tout ce qui se rapporte à l’art postal. Trois de mes tableaux exposés sont des cartes postales : « Tbourida »,  « Escalera Andaluza » qui représente l’entrée d’une maison à Tétouan, avec le zellige mauresque et «  Itlala », un paravent à la marocaine représentant un couloir de maison, le saut et l’eau comme référence à la propreté des anciennes maisons, une vue sur l’extérieur à travers de petites fenêtres décorées de petits pots. Mais surtout, le zellige mauresque, reflétant la réalité (Un carreau de faïence qui se casse est toujours remplacé par un autre d’un autre modèle). Il y a aussi Sala Colonia, un tableau représentant un timbre-poste imprimé au Maroc, montrant le  Chellah ou Sala Colonia, complexe de la Mauritanie Tingitana romain et ruines médiévales près de Rabat de 1923.
 
 
Qu’est ce qui vous a poussé dans ce domaine artistique ?

J’ai commencé sérieusement à peindre en 2016, vers la trentaine, à un âge où j’ai pris conscience que j’allais rentrer dans une phase de routine. J’ai réfléchi à la manière de la casser pour que ma vie ne  soit pas uniquement focalisée sur le travail et l’éducation des enfants. J’ai fouillé dans le passé sur ce qui me faisait le plus plaisir et je me suis rappelée des moments de vacances  quand je peignais. Pendant les vacances, mon père nous ramenait de la peinture et d’autres outils pour travaux manuels. Je me suis inscrite à l’Atelier Karmadi pour explorer de nouvelles techniques et perfectionner mon savoir-faire, d'où ma première exposition en 2017.
 
Le confinement vous-a-t-il permise de produire davantage ?

Mon confinement a été propice à la création. En cette pause des tracas de la vie, j’ai pu acquérir une concentration spéciale qui m’a permis de m’épanouir et de produire davantage. Le problème posé en cette période, c’était la fermeture des lieux d’exposition et la commercialisation  des toiles. Il est à mentionner qu’acquérir des toiles et des œuvres n’est pas une priorité pour  les marocains. Elle ne rentre pas dans nos cultures mais il fallait chercher d’autres alternatives dans le e-commerce, un créneau nouveau à découvrir.
 
Quels sont vos projets futurs ?
 
Je suis sur deux projets, toujours sur le thème du Maroc, mais abordés de manière différente, l’un sur  « La ville moderne » et l’autre sur « Les bijoux d’autrefois ».
Pour les paysages urbains, j’ai commencé par Rabat, en tant que ville moderne, avec ses lumières, ses voitures... Je voudrais la représenter autrement, qu’elle soit identifiable et repérable, à la manière de villes renommées comme New York ou Londres. Sachant qu’il faut toujours se mettre en tête que l’architecture d’aujourd’hui  est le patrimoine de demain.
Le deuxième projet a pour objectif de relever le patrimoine ancien des bijoux marocains du XVIIIe siècle. Il s’agit de la reproduction d’une série de bijoux non retrouvés, généralement, dans les peintures, mais seulement dans le monde des musées.






Mercredi 26 Mai 2021

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