Le Maroc traverse une nouvelle fois une année agricole difficile en raison de la sécheresse persistante. La campagne agricole 2023/2024 est marquée par une production prévisionnelle des céréales principales (blé tendre, blé dur et orge) estimée à seulement 31,2 millions de quintaux (Mqx), contre 55,1 Mqx pour la campagne précédente, soit une baisse significative de 43 %. Le ministère de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts a publié ces données préoccupantes, soulignant l'impact sévère des conditions climatiques adverses sur l'agriculture marocaine.

La superficie semée en céréales pour cette campagne est de 2,47 millions d'hectares, en baisse de 33 % par rapport aux 3,67 millions d'hectares de l'année précédente. La superficie récoltable est estimée à 1,85 million d'hectares, soit environ 75 % de la superficie semée. Par espèce, la production se répartit entre le blé tendre (17,5 Mqx), le blé dur (7,1 Mqx) et l’orge (6,6 Mqx). Trois régions assurent l'essentiel de la production nationale : Fès-Meknès (37,1 %), Rabat-Salé-Kénitra (28,9 %) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (18,2 %).

Le cumul pluviométrique national au 22 mai 2024 est de près de 237 mm, soit une baisse de 31 % par rapport à une campagne normale (349 mm), mais une légère augmentation de 9 % par rapport à la campagne précédente (217 mm) à la même date. Le taux de remplissage des barrages à usage agricole avoisine 31 %, contre 30 % l'année précédente. Ces chiffres reflètent une séquence climatique de cinq années consécutives marquées par des conditions très difficiles, avec des précipitations irrégulières et insuffisantes.

Les précipitations tardives et insuffisantes ont conduit à une sécheresse prolongée au début de la campagne, compromettant les semis des cultures d'automne. Les variations importantes des températures minimales et maximales ont également perturbé les cycles de production des cultures. En novembre, la combinaison de températures élevées et du manque de pluie a accentué le stress hydrique dans plusieurs zones céréalières, notamment dans la région de Casablanca, entraînant des pertes significatives.
Cependant, il y a eu des améliorations pour certaines cultures. Les cultures arboricoles ont bénéficié de meilleures conditions climatiques à partir de février, favorisant leur développement au stade de nouaison et de floraison. Les cultures maraîchères ont maintenu des niveaux de production satisfaisants malgré les restrictions d'irrigation dans certains périmètres. La production maraîchère a permis de couvrir les besoins du marché national en légumes (tomates, oignons, pommes de terre) avec environ 5,6 millions de tonnes. Les conditions climatiques favorables en mars devraient également avoir un impact positif sur les semis de printemps, assurant un approvisionnement normal du marché dans les mois à venir.

Malgré ces défis climatiques et le stress hydrique généralisé, pour la troisième campagne consécutive, le secteur agricole marocain continue de jouer un rôle crucial dans l'approvisionnement du marché national. Cette résilience est due à la forte mobilisation des services du ministère et des professionnels du secteur, qui travaillent sans relâche pour atténuer les effets de la sécheresse et garantir la sécurité alimentaire du pays.

En conclusion, l'année agricole 2023/2024 au Maroc s'inscrit dans une continuité de difficultés liées à la sécheresse. Toutefois, les efforts conjugués des autorités et des agriculteurs permettent de maintenir un certain équilibre et de répondre aux besoins du marché, malgré les défis persistants posés par le changement climatique.