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Décidément, les élections sont vraiment à nos portes ; les partis fourbissent leurs armes, s’observent les uns les autres et s’abreuvent d’attaques et d’invectives à peine masquées… Dernière affaire en date, celle de l’homme d’affaires Aziz Akhannouch, par ailleurs ministre de l’Agriculture et aussi président du RNI. Face à la bronca déclenchée contre lui, il s’est braqué.
De quoi s’agit-il, cette fois encore ? Une fondation, portant le nom poétique de Joud est accusée de mener des actions fort peu éthiques. Joud, c’est une fondation dont Aziz Akhannouch assume la paternité et assure la pérennité, déclenchant l’ire de la troïka Istiqlal/PPS/PAM. La raison est simple : les trois partis accusent le RNI et son président d’arroser les populations de biens terrestres (paniers alimentaires, matériels divers pour associations diverses…).
Réaction : Joud publie un communiqué et M. Akhannouch enregistre une vidéo (photo) pour s’adresser de haut au bon peuple car il dit à ses contempteurs « de descendre travailler ». Il reconnaît volontiers que Joud est présente sur le territoire à travers des centaines d’associations que la fondation équipe, aide, finance, « dans la mesure des moyens », que chacun devine importants. M. Akhannouch doit préciser laquelle de ses nombreuses casquettes (RNI, Akwa, ministère) il utilise, pour le plus grand bénéfice de la transparence.
Saine colère, énervement légitime des trois partis ? Oui. La pratique partisane doit respecter un minimum d’éthique. La réponse de M. Akhannouch est-elle convaincante ? Oui, très certainement, sauf qu’il semble en avoir trop dit, ou pas assez. Trop, car il reconnaît que la fondation qu’il défend est très active, monnaie sonnante et trébuchante à l’appui. Pas assez car il serait inspiré, et l’opinion publique rassurée, par la réponse à ces questions :
1/ Si la fondation existe depuis « 5 ou 6 ans », comme le dit M. Akhannouch, et si nous sommes entre gentlemen et ladies, exerçant la politique dans toute sa noblesse, elle doit avoir des états financiers réguliers. Il serait intéressant et fort utile que Joud, ou M. Akhannouch, dévoilent les comptes, de préférence certifiés, afin de bien montrer que la philanthropie, l’altruisme et l’humanisme remontent bien à « 5 ou 6 ans », et dans les mêmes volumes.
2/ Il ressort des propos de M. Akhannouch que cette fondation est active dans le monde rural. Dans quelle mesure, donc, cette fondation titre-t-elle profit, ou non, des données du ministère de l’Agriculture qui, comme chacun sait, est dirigé par Aziz Akhannouch depuis 2007 ?
3/ Pourquoi ni le RNI, ni Joud ni M. Akhannouch ne répondent aux accusations portées par des gens s’exprimant à visage découvert dans des vidéos circulant abondamment, dénonçant la pratique consistant à distribuer des « paniers alimentaires », avec des cartes de membres des bénéficiaires dans le package (photo) ? Cela s’est produit en milieu urbain, où les bénéficiaires ont peu apprécié le singulier manque d’urbanité du procédé.
Bien, interrogeons-nous maintenant sur les pratiques des autres partis. Ils font tous cela, à des degrés divers sauf que, en dehors du PAM où les choses sont plutôt brouillonnes, les autres partis font œuvre d’encadrement et de mécénat, dans le cadre d’activités partisanes connues et reconnues, que l’on s’accorde ou que l’on diverge avec ces partis et leurs idéologies. Le problème avec le RNI est que – en dehors peut-être du Nord –, on ne peut vraiment parler de structure partisane, d’idéologie politique ou même d’ancrage en profondeur au sein de la société !
Les partis politiques, selon l’article 7 de la constitution, « œuvrent à l'encadrement et à la formation politique des citoyennes et citoyens, à la promotion de leur participation à la vie nationale et à la gestion des affaires publiques ». Pour M. Akhannouch, leur rôle consiste à « aller des mécènes, les conduire aux démunis pour qu’ils leur donnent, leur ajoutent et les aident. C’est cela votre rôle ». Et bien non, les partis encadrent, ils ne donnent pas d’argent.
Après l’ingénierie électorale et la tambouille politique, voilà ce qui ressemble à de la magouille politicienne. Soit M. Akhannouch a raison et ses adversaires ont tort, soit c’est l’inverse. Dans certains cas, la charge de la preuve revient à l’accusation, mais nous sommes dans le champ politique où l’éthique est différente, et requiert de l’accusé qu’il justifie de sa bonne foi.
Ces élections sont cruciales pour moult raisons, dont la relance post-covid n’est qu’un aspect. D’autres sont plus importants. Il est vital pour le royaume que ce scrutin se déroule sous de bons auspices pour assurer les 5 prochaines années d’une politique saine, avec de saines pratiques.
Rédigé par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com