Selon Ghassane El Machrafi, Directeur Général de l'Agence Marocaine de Développement de la Logistique (AMDL), il est impératif de dynamiser et de multiplier les projets liés aux zones logistiques pour rattraper le retard et répondre aux évolutions économiques, technologiques et environnementales. Il présente ses analyses, ses convictions et ses objectifs :

En 2019, l'Observatoire Marocain de la Compétitivité Logistique a évalué le taux de réalisation de cette stratégie à seulement 14% de l'objectif fixé pour 2030. Ce chiffre souligne la nécessité d'accélérer l'implémentation du réseau national des zones logistiques. Pour répondre à ce défi, l'AMDL prévoit de lancer trois nouvelles zones logistiques cette année : Casablanca Sud, Kenitra et Fès, avec l'objectif ambitieux de créer une dizaine de zones supplémentaires d'ici 2028.

Ces nouvelles zones logistiques viseront à optimiser les flux logistiques et à améliorer la performance économique. Elles joueront également un rôle crucial dans la transformation du fret de distribution national, notamment à Casablanca, la capitale économique. En plus, la zone d'Agadir Sud sera commercialisée dès cette année, offrant une position stratégique pour desservir les provinces du Sud du Maroc.

Le développement de zones logistiques permet de créer des infrastructures intermédiaires essentielles pour réaliser des économies d'échelle, améliorer la performance de la chaîne d'approvisionnement et réduire les coûts logistiques. Selon El Machrafi, la chaîne d’approvisionnement nécessite des infrastructures telles que les ports, autoroutes, routes nationales et voies ferrées, qui, combinées à des zones logistiques stratégiques, permettent de massifier les flux et de créer des nœuds à forte valeur ajoutée.

L’enquête sur l’immobilier logistique au Maroc, publiée en 2023, révèle que la majeure partie des entrepôts au Maroc sont de classe C, représentant un défi de modernisation. L’AMDL vise à développer des bâtiments logistiques XXL en périphérie des grandes villes pour répondre aux besoins croissants et améliorer l’agrégation de l’offre logistique. Un objectif intermédiaire de 750 hectares d’ici 2028 a été fixé pour la création de zones logistiques significatives, permettant une optimisation des flux de marchandises.

Le mémorandum d’entente signé entre l’AMDL, la CDG Développement et MedZ en avril dernier vise à accélérer la réalisation du programme des zones logistiques. Ce partenariat capitalise sur le travail de planification et d’identification des projets prioritaires par l’AMDL et sur l’expérience de MedZ dans le développement de zones d’activités économiques. Cette synergie publique permet de mutualiser les ressources humaines et financières pour garantir une exécution rapide des projets.

Pour améliorer la compétitivité logistique du Maroc, il est crucial de développer des solutions multimodales intégrant le fret ferroviaire. Le rôle de l’ONCF dans ce domaine est fondamental, car il permet de connecter les installations logistiques par le rail, favorisant ainsi des solutions de transport plus économiques et écologiques. Le Maroc privilégie le maritime, suivi du ferroviaire et du routier, pour réduire les coûts de transport et l’empreinte carbone.

Avec ces initiatives, le Maroc aspire à devenir un hub logistique régional. La logistique, en tant qu’activité transversale, peut devenir un secteur clé à part entière, à l’instar de l’activité de transbordement à Tanger Med. L’accélération de l’exécution de la stratégie nationale passe par le développement rapide et coordonné des zones logistiques, permettant de structurer les flux de marchandises et de soutenir le commerce extérieur marocain.

Pour réaliser les objectifs fixés, le Maroc doit multiplier et dynamiser ses projets de zones logistiques, en s'adaptant aux évolutions économiques et technologiques actuelles. La mise en place de partenariats stratégiques et le développement de solutions multimodales seront essentiels pour améliorer la compétitivité logistique du pays et en faire un hub logistique régional de premier plan.

M. Ghassane El Machrafi que S.M. le Roi Mohammed VI a nommé directeur général de l’Agence Marocaine de Développement de la Logistique, est titulaire d’un diplôme d’ingénieur d’Etat de l’Ecole des Télécommunications (Télécom Paris).

Également ingénieur d’application (majeur en réseaux et logiciel, mineur en gestion) de l’Université Al Akhawayn (2002-2006), M. El Machrafi a occupé plusieurs postes de responsabilité dans le secteur privé, ce qui lui a permis d'accumuler une riche expérience professionnelle et une expertise confirmée en la matière. De 2008 à 2010, il a été chargé de mission à la Société Marocaine d’Ingénierie Touristique, avant d’occuper les postes de directeur de Développement à la Société Générale des Travaux de Maroc (2010-2013), et de directeur du Patrimoine à FC Communication (2013-2016).

M. El Machrafi a occupé également, depuis 2016, plusieurs postes de responsabilité au sein du Groupe Wana Corporate-Inwi.