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Par Saad Faouzi
euro-méditerranéenne, tout en corrigeant des déséquilibres territoriaux persistants et en instaurant une nouvelle culture de la gouvernance publique.
Mais cette ambition ne saurait se concrétiser sans une approche structurelle et courageuse. Nous sommes à la croisée des chemins entre gestion ordinaire et transformation historique.
Gouverner le Mondial, c’est gouverner l’avenir : plaidoyer pour un pilotage d’exception
● Brésil 2014 : un budget initial de 11 milliards de dollars s’est transformé en 15 milliards, avec des infrastructures largement sous-utilisées et une facture sociale alourdie. Le déficit de gouvernance et l’opacité des décisions ont provoqué une défiance citoyenne durable.
● Afrique du Sud 2010, bien que marquée par des défis socio-économiques majeurs, a réussi un pilotage plus rationnel grâce à la mise en place d’une agence spéciale indépendante, capable de coordonner les efforts institutionnels, mobiliser les partenaires et canaliser les ressources.
Ces leçons sont claires : le Maroc ne peut se permettre ni l’improvisation, ni la fragmentation des responsabilités. Il devient impératif de créer un “Gouvernement du Mondial”, doté d’une légitimité institutionnelle, d’une autonomie opérationnelle, et d’un devoir de reddition des comptes.
Ce gouvernement, ou agence stratégique, devra :
● Être composé d’expertises diversifiées, issues de la haute administration, du monde économique, de la diaspora marocaine, et des collectivités territoriales,
● Travailler sous contrôle parlementaire et juridictionnel (Cour des Comptes),
● Fonctionner dans un cadre de gouvernance transparente, fondé sur la performance, l’éthique et l’impact durable.
La régionalisation augmentée : pierre angulaire de la réussite territoriale
Cela suppose :
● Un transfert effectif de compétences et de moyens aux conseils régionaux,
● La création de “Clusters Régionaux du Mondial” selon les atouts de chaque territoire : sport et tourisme à Agadir, patrimoine et culture à Marrakech, numérique et innovation à Fès, agroalimentaire et santé à Rabat,
● Une montée en puissance des administrations locales à travers la formation, la digitalisation, et le management de projets complexes,
● Un mécanisme d’évaluation continue et de transparence participative, pour éviter les écueils d’une régionalisation décorative.
En ce sens, la régionalisation avancée doit désormais devenir une régionalisation augmentée : audacieuse, capacitaire, équitable et durable.
Le Maroc dans le monde : diplomatie sportive et puissance douce
● Structurer des corridors économiques atlantiques liant Casablanca, Tanger, Dakar, Abidjan, Lagos et le reste de l’Afrique de l’Ouest,
● Développer des alliances sud-sud culturelles et sportives, à travers des projets partagés avec nos partenaires africains,
● Affirmer sa place comme carrefour des civilisations entre l’Europe, l’Afrique et lemonde arabe.
La diplomatie du sport devient ainsi un levier de soft power, d’intégration continentale et d’influence culturelle.
Éthique politique : condition sine qua non du succès
Les partis politiques ont ici une responsabilité historique : celle de se réformer en profondeur et de garantir une gouvernance irréprochable.
Cela implique :
● L’exclusion ferme de toute personnalité politique ou administrative impliquée dans des affaires de corruption, même en l’absence de condamnation définitive,
● La promotion de nouveaux profils politiques, issus des régions, des jeunes compétences, des femmes leaders et de la diaspora,
● L’adoption d’une charte de gouvernance éthique propre à la Coupe du Monde, engageant l’ensemble des parties prenantes (élus, ministères, entreprises partenaires).
Le Mondial 2030 ne doit pas être un théâtre d’opportunismes, mais un laboratoire
d’exemplarité.
Une opportunité de transformation structurelle
● Hausse prévisible de 30 % des investissements directs étrangers,
● Création de 250 000 emplois directs et indirects,
● Une croissance économique moyenne de 4,5 à 5 % d’ici 2030,
● Une amélioration de la qualité des services publics territoriaux (mobilité, urbanisme, formation, numérique).
Plus encore, ce projet permettra de renforcer les capacités de l’État dans sa capacité à planifier, coordonner, exécuter et évaluer.
Un appel à l’unité nationale
● Économiquement : elle doit accélérer la transformation vers une économie productive, territorialisée et inclusive,
● Politiquement : elle doit incarner une gouvernance légitime, éthique et performante,
● Culturellement et diplomatiquement : elle doit renforcer l’image d’un Maroc ouvert, influent, africain et universel.
Le moment est venu de faire du sport le catalyseur d’un Maroc nouveau.