Il fut un temps où, pour convaincre un investisseur étranger de croire en un projet tech marocain, il suffisait d’un sourire confiant, d’un PowerPoint animé et d’un « incha’Allah » bien placé. Cette époque est finie. Aujourd’hui, même la « niya » – cette foi nationale dans le pouvoir des bonnes intentions – est sommée de coder, chiffrer, scaler.
Le GITEX Africa 2025 à Marrakech en est la démonstration la plus éloquente. Les stands ne vendent plus des idées. Ils livrent des preuves de concept, des infrastructures cloud locales, des IA entraînées sur des jeux de données africains, et des startups qui lèvent en dirhams, en dollars ou en silence. On parle souveraineté numérique comme on parlait autrefois de phosphate : une ressource stratégique, à contrôler avant que les voisins ne s’en emparent.
Mais derrière l’effervescence, une question gronde : cette accélération est-elle réellement partagée ? Certes, les technoparks bourgeonnent, les startups s’agglutinent autour des hubs de Rabat et de Casablanca, et des figures émergent (Ibtihal Aboussaad, Kaoutar El Maghraoui…). Pourtant, à quelques kilomètres de là, dans les zones rurales ou périurbaines, le réseau se traîne, les écoles manquent d’ordinateurs, et l’IA semble aussi lointaine qu’un voyage sur Mars.
La fracture numérique ne disparaît pas, elle change de costume. Moins visible, plus technique, plus sournoise. Alors qu’on célèbre les levées de fonds et les pitchs en anglais, qui s’occupe de former les profs, de sécuriser les données citoyennes, d’enseigner à coder sans recopier bêtement du GitHub ? GITEX n’a pas pour vocation d’y répondre. Mais il a le mérite de faire parler le pays dans le langage du futur, aussi brutal soit-il.
Le GITEX Africa 2025 à Marrakech en est la démonstration la plus éloquente. Les stands ne vendent plus des idées. Ils livrent des preuves de concept, des infrastructures cloud locales, des IA entraînées sur des jeux de données africains, et des startups qui lèvent en dirhams, en dollars ou en silence. On parle souveraineté numérique comme on parlait autrefois de phosphate : une ressource stratégique, à contrôler avant que les voisins ne s’en emparent.
Mais derrière l’effervescence, une question gronde : cette accélération est-elle réellement partagée ? Certes, les technoparks bourgeonnent, les startups s’agglutinent autour des hubs de Rabat et de Casablanca, et des figures émergent (Ibtihal Aboussaad, Kaoutar El Maghraoui…). Pourtant, à quelques kilomètres de là, dans les zones rurales ou périurbaines, le réseau se traîne, les écoles manquent d’ordinateurs, et l’IA semble aussi lointaine qu’un voyage sur Mars.
La fracture numérique ne disparaît pas, elle change de costume. Moins visible, plus technique, plus sournoise. Alors qu’on célèbre les levées de fonds et les pitchs en anglais, qui s’occupe de former les profs, de sécuriser les données citoyennes, d’enseigner à coder sans recopier bêtement du GitHub ? GITEX n’a pas pour vocation d’y répondre. Mais il a le mérite de faire parler le pays dans le langage du futur, aussi brutal soit-il.
L’avocat du diable : La start-up nation ou la bulle ?

Et si tout cela n’était qu’un mirage digital sous le soleil de Marrakech ? Des badges, des pitchs, des selfies avec des investisseurs, mais peu d’impact concret sur le quotidien du Marocain moyen. Les grandes promesses de Maroc Digital 2030 semblent parfois s’adresser à une élite déjà connectée, déjà formée, déjà financée. Pendant ce temps, les PME croulent sous la paperasse et les hôpitaux publics fonctionnent encore à la main.
L’intelligence artificielle ? Oui, mais pas pour lire des IRM dans un CHU en sous-effectif. La cybersécurité ? Peut-être, mais on peine encore à protéger les sites de nos administrations. Il ne s’agit pas de nier l’élan. Mais de rappeler qu’un écosystème numérique, ce n’est pas que des applis et des incubateurs. C’est aussi des infrastructures, des enseignants, des lois, des valeurs. Et un minimum d’humilité face aux défis qu’on prétend résoudre par algorithme.
L’intelligence artificielle ? Oui, mais pas pour lire des IRM dans un CHU en sous-effectif. La cybersécurité ? Peut-être, mais on peine encore à protéger les sites de nos administrations. Il ne s’agit pas de nier l’élan. Mais de rappeler qu’un écosystème numérique, ce n’est pas que des applis et des incubateurs. C’est aussi des infrastructures, des enseignants, des lois, des valeurs. Et un minimum d’humilité face aux défis qu’on prétend résoudre par algorithme.