Par Tarik MOUDDEN, Expert en Développement des Territoires
En effet, l’implication du citoyen dans son propre développement devra démarrer par sa sensibilisation et le renforcement de ses connaissances en la matière. Ces processus visent à associer le citoyen et le placer au cœur d’un modèle voulu pérenne de développement permettant au passage d’augmenter son sens d’utilité publique. Cette typologie d’intervention donne l’ambition au citoyen, amplifie sa confiance sociale et favorise une certaine prise de conscience collective. L’instauration de la confiance et l’obtention de l’engagement des citoyens constitue un défi universel auquel notre pays est également confronté.
Pour cela, il est aujourd’hui plus que pertinent d’œuvrer à favoriser une culture de la coopération qui renforce la cohésion de tous les acteurs, y compris le citoyen, produisant la confiance interpersonnelle et institutionnelle au sein de notre société. Cette coordination est également nécessaire pour l’efficacité des institutions et la convergence des politiques et des réformes vers l’intérêt général de la Nation.
La sensibilisation appuie et encourage les contributions individuelles et collectives à la mise en œuvre des politiques publiques de développement à travers la promotion de principes responsables tels que la co-responsabilité, la solidarité sociale, la tolérance ou encore la compréhension mutuelle. Ces principes ont un rôle pour mobiliser et fédérer les citoyens autour d’objectifs durables communs de prospérité partagée. Ces missions de sensibilisation, voire d’éducation au développement, visent également à déterminer les priorités de chacun et à favoriser la citoyenneté active qui est une composante du lien social.
Éveiller les consciences, bâtir l'avenir
Et pour être plus concret, les efforts de sensibilisation peuvent être de nature à vulgariser tout d’abord les choix stratégiques et les modèles de développement aux citoyens, dans la mesure où la vulgarisation reste un prérequis indispensable pour une sensibilisation efficace. Ils peuvent prendre la forme d’une communication publique associant les médias et les autres parties concernées et susceptibles de communiquer de manière efficace et ciblée.
La sensibilisation pourrait même être basée sur des études et enquêtes pour impliquer des citoyens et capitaliser sur les résultats obtenus pour en convaincre d’autres. La mise en place de mécanismes ou de systèmes de recours ou de doléances pourrait également être de nature à convaincre le citoyen de la nécessité de s’impliquer et d’exprimer ses propositions d’ajustement des actions publiques le concernant.
Enfin, les jeunes, en tant que cible prioritaire, peuvent être encouragés à mener des projets de développement dans leur environnement premier par des incitations financières et des mesures d’accompagnement ; leurs réussites représenteront ultérieurement des outils puissants de sensibilisation et de transmission de valeurs responsables.
Dans une optique de durabilisation et de proximité, ces efforts de sensibilisation mentionnés peuvent être territorialisés dans leur mise en œuvre et confiés aux acteurs territoriaux, associations et à la société civile en ce qui concerne bien des aspects : participation citoyenne, gestion de l’eau, gestion des déchets, rationalisation de l’énergie, égalité homme femme, démocratie locale, respect de l’autre … En somme, la sensibilisation devra systématiquement figurer en tant que composante essentielle dans toute politique publique de développement tant au niveau national que territorial.
Si toutefois aucune option de sensibilisation n’est retenue, les effets pourront être néfastes à la fois sur la mise en œuvre efficace des programmes de développement en question et sur la société de manière plus large.
En effet, une population non sensibilisée peut être confrontée à divers problèmes et conséquences. Elle peut par exemple contribuer inconsciemment à la dégradation de l'écosystème de développement par des pratiques non responsables, des comportements imprudents, voire des déviations comportementales et sociales chez les plus fragiles, de l'injustice sociale (discriminations, préjugés, inégalités de genre) ou une participation civique limitée. La sensibilisation est un rempart contre bien des risques qui peut informer le citoyen, améliorer son autonomisation individuelle et promouvoir des comportements conscients.
Changer les mentalités, transformer les territoires : La force de la sensibilisation citoyenne dans le développement local
Le développement inclusif débute également par une lutte tenace contre la « misère intellectuelle » d'une certaine catégorie de citoyens. Il est selon moi nécessaire de maintenir le travail de longue haleine consistant à promouvoir une croissance basée sur le développement socioéconomique et intellectuel du citoyen et ce à travers l’initiation d’un débat permanent qui doit se faire en discutant de manière participative élargie.
Pour cela, la sensibilisation ne doit pas être un événement ponctuel mais plutôt un processus itératif continu qui évolue avec l’évolution des mentalités et des comportements, qui cible toutes les composantes de notre société notamment celles qui ont été marginalisées, qui concerne toutes les générations mais qui démarre incontestablement très tôt dans les programmes scolaires et éducatifs. Promouvoir la participation citoyenne à travers des efforts de sensibilisation sert à impliquer tous les citoyens dans l’élaboration d’une société avec une croissance forte.