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Victime de harcèlement à Tanger, et pourtant c’est elle qu’on blâme ! Quand l’hypocrisie collective atteint des sommets


Rédigé par le Lundi 23 Septembre 2024

Tanger, ville connue pour sa diversité et sa richesse culturelle, a récemment été le théâtre d’une scène honteuse : une jeune fille a été harcelée par un groupe de mineurs. La raison ? Elle portait une jupe courte. Oui, vous avez bien lu : dans une société qui se vante d’être ouverte et tolérante, une simple jupe est devenue l’excuse pour humilier, traquer, et agresser une jeune femme. Le pire ? Quand la presse s’est emparée de l’affaire, au lieu de dénoncer fermement ce comportement abject, elle a insisté sur le fait qu’elle était « habillée comme ça ». Comme si c’était sa faute.



Il y a des événements qui, même si choquants, ne devraient plus surprendre dans une société où le machisme et l’hypocrisie semblent régner. À Tanger, une jeune fille a été harcelée par un groupe de mineurs. Pourquoi ? Parce qu’elle portait une jupe courte. Une jupe, un simple vêtement, devient une justification pour certains pour l’humilier, la traquer, et l'attaquer. Mais ce qui est encore plus révoltant, c’est la manière dont cette affaire a été relayée par certains médias : on insiste sur le fait qu’elle portait une jupe, comme si c’était une excuse, une raison valable pour ce harcèlement. Une façon déguisée de dire : « Elle l’a bien cherché. »

Stop à cette culture du blâme envers les victimes ! Une femme, quelle que soit sa tenue, n’a jamais à justifier pourquoi elle a été harcelée. Le fait de porter une jupe, un pantalon, ou même un voile ne donne le droit à personne de la toucher, de l’insulter, ou de la traquer. Pourquoi, en 2024, devons-nous encore rappeler cette vérité fondamentale ? Le problème n’est pas ce qu’elle portait, mais ce que ce groupe de jeunes a fait. C’est le harceleur qu’il faut blâmer, pas la victime.

Non, ce n'est pas sa faute ! Une femme, quel que soit son choix vestimentaire, a le droit de marcher en paix, sans être inquiétée ou harcelée. Ce n'est pas à elle de justifier ses vêtements, mais aux harceleurs d’être sanctionnés. Cette culture où l’on cherche systématiquement à excuser l’agression en blâmant la victime doit cesser. Depuis quand est-ce qu'une jupe courte justifie la violence ? Les coupables sont ces jeunes qui ont cru que le corps de cette fille leur appartenait, pas elle.

Le pire, c’est que cette histoire a été filmée et partagée sur les réseaux sociaux. La presse, au lieu de dénoncer clairement l’acte abject de harcèlement, met en avant un détail superficiel : sa tenue. Cela ne fait qu’alimenter un discours toxique dans lequel les femmes sont constamment jugées et blâmées pour ce qu’elles portent. C'est comme si, dans notre société, la liberté de choisir ses vêtements était un crime méritant des représailles.

Mais jusqu’à quand allons-nous rester coincés dans cette hypocrisie ? Ce qui est encore plus révoltant, c’est la réaction d’une partie des internautes. Sur les réseaux sociaux, plutôt que de condamner fermement l’agression, beaucoup blâment la fille. Pire encore, certaines femmes elles-mêmes se rangent du côté des agresseurs, pointant du doigt sa tenue comme étant la cause de son malheur. Ce comportement est tout simplement inadmissible ! Comment peut-on, en tant que femme, justifier le harcèlement d’une autre femme simplement parce qu’elle a osé s’habiller différemment ? Cela témoigne d’une profonde hypocrisie et d’une mentalité rétrograde qui gangrène encore notre société.

Il est facile de se draper dans la morale, de jouer les gardiens de la "décence" quand c’est une femme qui est victime. Mais où est cette indignation lorsqu’il s’agit de harcèlement, de violence ou d’agressions dont les femmes sont la cible, peu importe ce qu’elles portent ? Une société qui continue à blâmer les victimes au lieu de les défendre est une société en crise.

Nous sommes un pays qui se veut moderne, qui se prépare à accueillir la Coupe du monde en 2030, un événement censé mettre en lumière notre ouverture sur le monde et notre capacité à respecter la diversité. Pourtant, derrière ces slogans de liberté et de modernité, il y a des réalités que l’on préfère ignorer. Comment pouvons-nous prétendre être un pays prêt à recevoir le monde quand nos femmes ne peuvent même pas marcher en paix dans leurs rues ?

Cette hypocrisie doit cesser. La liberté des femmes ne doit pas être un slogan vide, utilisé uniquement pour impressionner la scène internationale. Si nous voulons vraiment avancer, il est temps de remettre en question nos valeurs, nos médias, et nos comportements. Le harcèlement est un crime, point final. Ce n’est jamais, au grand jamais, la faute de la victime. Il est temps que cette vérité s’impose et que nous arrêtions de chercher des excuses aux comportements abjects.

Si nous voulons vraiment être une nation digne de respect, accueillante et moderne, nous devons commencer par respecter les libertés fondamentales de tous nos citoyens, à commencer par celles des femmes. Parce qu’une société qui continue à blâmer une fille pour sa tenue est une société qui a encore beaucoup à apprendre.

Si nous voulons vraiment avancer, il est temps d'arrêter de chercher des excuses aux harceleurs. C’est eux qu’il faut condamner, pas leurs victimes. La liberté, la vraie, ne consiste pas seulement à organiser des événements sportifs de grande envergure, mais à garantir que chaque citoyen puisse vivre en paix, sans crainte d’être harcelé ou jugé pour ses choix personnels.

Une femme a le droit de porter une jupe, de marcher dans la rue, et de vivre sa vie sans subir la violence physique ou morale d’une société qui préfère détourner le regard. Et ce n'est certainement pas elle qui doit être blâmée pour l’ignorance et la brutalité des autres.

Violence, harcèlement, Tanger, victime






Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Lundi 23 Septembre 2024

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