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Par Adnane Benchakroun
Face à cette situation, une régulation trop stricte menace la liberté d’expression, tandis que l’absence de cadre clair laisse prospérer le chaos. Une solution intermédiaire s’impose : la mise en place d’un certificat professionnel dédié aux acteurs du digital, délivré par des instances reconnues comme la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), le Conseil National de la Presse (CNP) et la récente Association marocaine des jeunes journalistes.
Un tel certificat offrirait une double garantie : d’une part, il valoriserait et professionnaliserait ceux qui s’engagent dans une démarche responsable ; d’autre part, il éviterait que la seule réponse aux excès soit une censure drastique réclamée par une partie croissante de l’opinion publique. Cette certification reposerait sur des principes fondamentaux : transparence des sources d’information et des financements, respect de l’éthique journalistique et publicitaire, lutte contre la désinformation et la haine en ligne, et engagement envers une communication responsable. Elle ne constituerait pas une obligation légale, mais un label de qualité qui distinguerait les créateurs sérieux et crédibles des acteurs opportunistes.
L’impact d’une telle initiative serait multiple. D’abord, elle créerait un référentiel de bonnes pratiques, facilitant la collaboration entre créateurs, marques et institutions publiques. Ensuite, elle favoriserait une professionnalisation du secteur, en incitant les plateformes à privilégier les contenus issus de comptes certifiés. Enfin, elle réduirait la tentation d’une loi répressive, en montrant que l’autorégulation et l’incitation positive peuvent être des alternatives viables.
Certes, un tel projet soulèverait des défis. Qui fixerait les critères ? Comment éviter une instrumentalisation politique de cette certification ? Comment garantir son adoption par les principaux acteurs du digital ? La clé résiderait dans une démarche inclusive, associant les professionnels des médias, les créateurs de contenu et la société civile à son élaboration. L’objectif ne doit pas être de restreindre la parole, mais d’élever le niveau du débat public en encourageant la qualité et la responsabilité.
Dans un contexte où la régulation des contenus numériques devient un enjeu mondial, le Maroc pourrait, avec cette certification, prendre une longueur d’avance en trouvant un équilibre entre liberté et responsabilité. Plutôt que d’attendre une nouvelle loi répressive, il est temps d’encourager une approche basée sur la reconnaissance des bonnes pratiques.