La caméra vous sourit… mais que fait-elle de vous ?
Dans les rues de Rabat, d'Agadir ou de Casablanca, ce ne sera plus seulement la circulation ou les infractions routières qui seront surveillées. Non. Ce seront vos visages, vos déplacements, vos comportements. Des caméras, toujours plus nombreuses, couplées à des algorithmes de reconnaissance faciale, scruteront en silence l’espace public. Discrètement. Presque insidieusement. Et pourtant, rares seront ceux qui s’en alarmeront. Du moins, au début.
À mesure que le Maroc se rapprochera de la CAN 2025, puis du Mondial 2030, la tentation sécuritaire s’intensifiera. Et avec elle surgira une question dérangeante, mais inévitable : jusqu'où serons-nous prêts à aller ? Combien d’intimité accepterons-nous de céder au nom d’une sécurité supposée ?
À mesure que le Maroc se rapprochera de la CAN 2025, puis du Mondial 2030, la tentation sécuritaire s’intensifiera. Et avec elle surgira une question dérangeante, mais inévitable : jusqu'où serons-nous prêts à aller ? Combien d’intimité accepterons-nous de céder au nom d’une sécurité supposée ?
Une technologie qui rassure… mais qui inquiète aussi
On nous promet plus de sécurité, une meilleure prévention du crime, une efficacité accrue des interventions policières. Et il est vrai que dans un monde traversé par les menaces hybrides, les flux migratoires non maîtrisés et les tensions sociales latentes, la vidéosurveillance intelligente peut apparaître comme une solution miracle.
Mais à quel prix ? En installant ces caméras intelligentes, le Maroc entre de plain-pied dans une ère de surveillance algorithmique, où l’analyse automatisée des visages permet d’identifier en temps réel les individus dans l’espace public. Fini l’anonymat du passant. Chaque visage devient une donnée exploitable. Et derrière l’objectif, ce n’est plus seulement un agent humain qui observe, mais une machine qui filtre, compare, détecte, alerte.
Mais à quel prix ? En installant ces caméras intelligentes, le Maroc entre de plain-pied dans une ère de surveillance algorithmique, où l’analyse automatisée des visages permet d’identifier en temps réel les individus dans l’espace public. Fini l’anonymat du passant. Chaque visage devient une donnée exploitable. Et derrière l’objectif, ce n’est plus seulement un agent humain qui observe, mais une machine qui filtre, compare, détecte, alerte.
Le virage numérique, entre ambition technologique et dépendance stratégique
Le royaume affiche sa volonté de renforcer sa souveraineté numérique. Une ambition nécessaire, presque vitale, tant la dépendance aux solutions étrangères — souvent américaines ou chinoises — fragilise le contrôle national sur les données sensibles. Le Maroc tente donc de structurer un écosystème local autour de la cybersécurité et de l’intelligence artificielle, en soutenant ses startups, en formant ses ingénieurs, en posant les premières pierres d’un avenir digital souverain.
Mais dans les faits, les technologies de reconnaissance faciale utilisées sont encore largement importées. Le pays s’expose donc à des risques accrus : fuite de données, absence de contrôle sur les algorithmes, opacité des traitements, dépendance aux mises à jour étrangères…
Comme le rappelle un expert marocain du numérique : “Une technologie importée, c’est un pouvoir importé. Et un pouvoir non maîtrisé, c’est un pouvoir dangereux.”
Mais dans les faits, les technologies de reconnaissance faciale utilisées sont encore largement importées. Le pays s’expose donc à des risques accrus : fuite de données, absence de contrôle sur les algorithmes, opacité des traitements, dépendance aux mises à jour étrangères…
Comme le rappelle un expert marocain du numérique : “Une technologie importée, c’est un pouvoir importé. Et un pouvoir non maîtrisé, c’est un pouvoir dangereux.”
Une société surveillée… mais peu informée
Ce qui frappe, c’est le silence ambiant autour de ce déploiement massif. Peu ou pas de débat public, encore moins de régulation claire ou de contrôle indépendant. Qui collecte les données ? Qui y a accès ? Pendant combien de temps ? Quelles garanties pour les citoyens ? La transparence n’est pas encore au rendez-vous, et l’arsenal juridique reste flou.
Ce manque d'encadrement pose une série de questions fondamentales : Peut-on vraiment parler de consentement éclairé si les citoyens ne sont pas informés ? La protection de la vie privée est-elle soluble dans la logique sécuritaire ? Et surtout : que restera-t-il de nos libertés individuelles dans une société où l’on est perpétuellement observé ?
Ce manque d'encadrement pose une série de questions fondamentales : Peut-on vraiment parler de consentement éclairé si les citoyens ne sont pas informés ? La protection de la vie privée est-elle soluble dans la logique sécuritaire ? Et surtout : que restera-t-il de nos libertés individuelles dans une société où l’on est perpétuellement observé ?
Un marché en plein essor, mais une éthique en retrait
Le marché mondial de la vidéosurveillance explose : +8,5 % de croissance annuelle prévue entre 2024 et 2030. L’intelligence artificielle y joue un rôle central, avec des caméras capables non seulement de détecter des visages, mais aussi des comportements “anormaux” — une notion floue, subjective, parfois même biaisée. Le danger ? Que l’on bascule sans s’en rendre compte vers une société de la suspicion permanente, où l’algorithme décide qui doit être surveillé davantage.
Souriez, vraiment ?
Le sourire, autrefois geste de convivialité, devient ici le masque inconscient d’un visage scanné, analysé, potentiellement stocké dans une base de données. Peut-on encore sourire librement quand on sait que chaque coin de rue nous observe ? Le Maroc, à la croisée des chemins technologiques, doit choisir entre deux futurs : celui d’un progrès éclairé par l’éthique, ou celui d’une modernité qui avance à l’aveugle, au détriment des droits fondamentaux.