Mais pourquoi les Marocains broient-ils du noir ?
Chaque 20 mars, à l’occasion de la Journée internationale du bonheur, le monde dresse son bilan des peuples les plus épanouis… et ceux qui le sont beaucoup moins. Cette année, le verdict est une claque : le Maroc chute à la 112e place sur 147 pays dans le World Happiness Report 2025. Un classement morose qui interroge : que se passe-t-il dans les esprits et les cœurs des Marocains pour que le bonheur leur échappe ainsi, année après année ?
En un an, le Royaume perd cinq places. Mais ce n’est pas un accident isolé : la tendance est clairement à la baisse depuis 2019. À l’époque, nous étions 89e. Huit ans plus tôt, 84e. Depuis, les années passent, et le moral national semble s’effriter. Alors que certains pays montent, le Maroc s’enlise. Pas de sursaut. Pas de rebond. Juste un lent déclin.
Or, ce rapport ne se contente pas de mesurer un “sentiment flou”. Il s’appuie sur des indicateurs précis : générosité, solidarité, sécurité, relations de voisinage, soutien aux étrangers. Et c’est là que les chiffres font mal. Générosité ? 112e. Bénévolat ? 129e. Et pourtant… nous nous croyons chaleureux. Accueillants. Solidaires. Cette dissonance entre perception et réalité mérite d’être examinée de près.
Mais là où le bât blesse encore plus, c’est quand on regarde le classement régional. On pourrait penser que le Maroc est dans la moyenne de sa zone, mais non. Il est onzième en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Derrière des pays comme la Libye, l’Algérie, l’Irak… voire même la Palestine. Comment expliquer cela ? La pauvreté seule n’est pas une réponse, puisque certains de ces pays traversent des conflits, des crises humanitaires. Et pourtant, ils devancent le Maroc.
Dans ce classement, la Finlande trône au sommet pour la huitième fois consécutive. Elle est suivie par les éternels modèles nordiques : Danemark, Islande, Suède. Ces pays, réputés pour leur État-providence, leur cohésion sociale et leur qualité de vie, ont su construire des sociétés résilientes. Chez eux, le bonheur ne repose pas uniquement sur l’individu, mais sur la communauté. Et c’est peut-être là que réside la leçon.
Car ce que souligne aussi le rapport, c’est qu’en période de crise, ce sont les sociétés les plus bienveillantes qui protègent le mieux leurs membres les plus vulnérables. Pendant la pandémie, les actes de solidarité ont bondi à l’échelle mondiale. Et même si cette dynamique a légèrement reculé depuis, elle reste 10% plus élevée qu’avant 2020. Sauf que cette vague de compassion semble avoir épargné le Maroc.
Alors, question gênante mais nécessaire : le Maroc serait-il devenu un pays plus dur, plus individualiste, plus indifférent ? Cela paraît dur à entendre. Mais entre l’urbanisation galopante, le repli sur la sphère privée, la méfiance envers les institutions, le fossé entre générations et les désillusions économiques, il y a de quoi miner les ressorts du bonheur collectif.
Le bonheur, au fond, n’est pas qu’un état d’âme. C’est aussi un miroir social. Une société heureuse est une société qui fonctionne. Où les liens sont solides. Où l’on se sent en sécurité, soutenu, utile. Le Maroc, à force de retards sociaux, d’inégalités tenaces et de frustrations quotidiennes, voit ce miroir se fissurer.
Ce rapport n’est pas une condamnation, mais un signal d’alarme. Un appel à repenser nos priorités : l’école, la santé, l’emploi, oui. Mais aussi l’écoute, la bienveillance, l’entraide. Parce qu’un pays qui ne cultive pas le bonheur de ses citoyens finit par récolter du désespoir.
En un an, le Royaume perd cinq places. Mais ce n’est pas un accident isolé : la tendance est clairement à la baisse depuis 2019. À l’époque, nous étions 89e. Huit ans plus tôt, 84e. Depuis, les années passent, et le moral national semble s’effriter. Alors que certains pays montent, le Maroc s’enlise. Pas de sursaut. Pas de rebond. Juste un lent déclin.
Or, ce rapport ne se contente pas de mesurer un “sentiment flou”. Il s’appuie sur des indicateurs précis : générosité, solidarité, sécurité, relations de voisinage, soutien aux étrangers. Et c’est là que les chiffres font mal. Générosité ? 112e. Bénévolat ? 129e. Et pourtant… nous nous croyons chaleureux. Accueillants. Solidaires. Cette dissonance entre perception et réalité mérite d’être examinée de près.
Mais là où le bât blesse encore plus, c’est quand on regarde le classement régional. On pourrait penser que le Maroc est dans la moyenne de sa zone, mais non. Il est onzième en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Derrière des pays comme la Libye, l’Algérie, l’Irak… voire même la Palestine. Comment expliquer cela ? La pauvreté seule n’est pas une réponse, puisque certains de ces pays traversent des conflits, des crises humanitaires. Et pourtant, ils devancent le Maroc.
Dans ce classement, la Finlande trône au sommet pour la huitième fois consécutive. Elle est suivie par les éternels modèles nordiques : Danemark, Islande, Suède. Ces pays, réputés pour leur État-providence, leur cohésion sociale et leur qualité de vie, ont su construire des sociétés résilientes. Chez eux, le bonheur ne repose pas uniquement sur l’individu, mais sur la communauté. Et c’est peut-être là que réside la leçon.
Car ce que souligne aussi le rapport, c’est qu’en période de crise, ce sont les sociétés les plus bienveillantes qui protègent le mieux leurs membres les plus vulnérables. Pendant la pandémie, les actes de solidarité ont bondi à l’échelle mondiale. Et même si cette dynamique a légèrement reculé depuis, elle reste 10% plus élevée qu’avant 2020. Sauf que cette vague de compassion semble avoir épargné le Maroc.
Alors, question gênante mais nécessaire : le Maroc serait-il devenu un pays plus dur, plus individualiste, plus indifférent ? Cela paraît dur à entendre. Mais entre l’urbanisation galopante, le repli sur la sphère privée, la méfiance envers les institutions, le fossé entre générations et les désillusions économiques, il y a de quoi miner les ressorts du bonheur collectif.
Le bonheur, au fond, n’est pas qu’un état d’âme. C’est aussi un miroir social. Une société heureuse est une société qui fonctionne. Où les liens sont solides. Où l’on se sent en sécurité, soutenu, utile. Le Maroc, à force de retards sociaux, d’inégalités tenaces et de frustrations quotidiennes, voit ce miroir se fissurer.
Ce rapport n’est pas une condamnation, mais un signal d’alarme. Un appel à repenser nos priorités : l’école, la santé, l’emploi, oui. Mais aussi l’écoute, la bienveillance, l’entraide. Parce qu’un pays qui ne cultive pas le bonheur de ses citoyens finit par récolter du désespoir.