Poème à écouter en musique de Adnane Benchakroun
Pour ceux qui aiment encore lire : Poème de Adnane Benchakroun
On m’aurait appelé Fort du Café.
Pas pour mon calme — non, pour l’amertume
De mes discours sans sucre et sans costume.
J’aurais siégé tasse à la main,
Trop chaud pour leur sommeil mondain.
Un grain d’ironie, une goutte d’éveil,
Et des mots qui brûlent sous le soleil.
J’aurais dit : « Mes chers endormis,
Réveillez-vous, la vérité fuit ! »
Je l’ai vue hier, cafetière en main,
Partir en douce par le couloir du matin.
On m’aurait hué, traité d’arrogant,
Mais mes mots coulent fort, noir et brûlants.
Je ne filtre rien, je verse brut,
Dans la moquette, le doute s’incruste.
Si moi j’avais été parlementaire,
On m’aurait surnommé Fort du Café.
Je n’infuse pas, je réveille.
Je parle en grains, je vote en feu.
Tasse à la main, mots sans filtre,
Je secoue les bancs, j’embrume les bulletins.
Un député serré, sans sucre ni langue de bois.
Un goût amer, pour un peuple doux.