Une tendance préoccupante
Surnommées les "Sephora Kids", de jeunes préadolescentes américaines, poussées par leurs parents, accumulent des abonnés sur TikTok en partageant des vidéos de leurs achats de produits de maquillage et de leur routine de soins cutanés.
Les experts considèrent cette tendance comme préoccupante pour la santé mentale et physique de ces jeunes, bien qu'elle ne soit pas encore largement répandue en Europe.
Leurs vidéos suscitent des milliers de partages : des jeunes filles âgées de 8 à 12 ans expriment une excitation débordante face à des pots de crème hydratante prétendument "rajeunissante" ou implorent leurs mères de leur procurer un anti-cernes en déclarant : "C'est celui que j'ai vu en vidéo, je le veux absolument !"
La saga continue : l'enfant se filme devant le miroir, avec un bandeau en éponge retenant ses cheveux, adoptant ainsi le style des tutoriels de beauté.
Les "Sephora Kids" imitent les expressions des influenceuses beauté en pinçant les lèvres ou en posant délicatement le visage sur leurs paumes ouvertes, exprimant leur enthousiasme : "Le gloss est tellement stylé, j'apprécie vraiment le résultat".
Sur le réseau, la polémique porte notamment sur les sommes dépensées : les marques préférées des petites “tiktokeuses” sont très onéreuses — leur crème star coûte près de 70 euros.
Une vendeuse Sephora aux États-Unis s'interroge : "Comment ces petites filles peuvent dépenser l'équivalent de mon salaire en produits de beauté ?"
Les employés de cette enseigne appartenant à LVMH expriment également leur préoccupation face au comportement des jeunes clientes.
Outre-Atlantique, les vidéos illustrant des rayons dévastés après le passage de ces très jeunes clientes sont monnaie courante.
Les experts considèrent cette tendance comme préoccupante pour la santé mentale et physique de ces jeunes, bien qu'elle ne soit pas encore largement répandue en Europe.
Leurs vidéos suscitent des milliers de partages : des jeunes filles âgées de 8 à 12 ans expriment une excitation débordante face à des pots de crème hydratante prétendument "rajeunissante" ou implorent leurs mères de leur procurer un anti-cernes en déclarant : "C'est celui que j'ai vu en vidéo, je le veux absolument !"
La saga continue : l'enfant se filme devant le miroir, avec un bandeau en éponge retenant ses cheveux, adoptant ainsi le style des tutoriels de beauté.
Les "Sephora Kids" imitent les expressions des influenceuses beauté en pinçant les lèvres ou en posant délicatement le visage sur leurs paumes ouvertes, exprimant leur enthousiasme : "Le gloss est tellement stylé, j'apprécie vraiment le résultat".
Sur le réseau, la polémique porte notamment sur les sommes dépensées : les marques préférées des petites “tiktokeuses” sont très onéreuses — leur crème star coûte près de 70 euros.
Une vendeuse Sephora aux États-Unis s'interroge : "Comment ces petites filles peuvent dépenser l'équivalent de mon salaire en produits de beauté ?"
Les employés de cette enseigne appartenant à LVMH expriment également leur préoccupation face au comportement des jeunes clientes.
Outre-Atlantique, les vidéos illustrant des rayons dévastés après le passage de ces très jeunes clientes sont monnaie courante.
C’est quoi les “Sephora Kids”, le nouveau phénomène qui inonde Tiktok? pic.twitter.com/OZ8ESbf8Gy
— BFMTV (@BFMTV) February 22, 2024
Produits agressifs
Les produits mis en avant dans ces vidéos, bien que leur emballage adopte des tons pastel, appétissants et régressifs, renferment également des agents actifs agressifs tels que le rétinol, conçu à l'origine pour les peaux matures, selon des experts.
Il a constaté “une hausse des consultations pour des réactions cutanées et des soucis résultant d’un mésusage de ces produits”.
Le dermatologue met en garde : "La peau des jeunes est plus délicate et plus susceptible aux irritations."
Il souligne que des composants inappropriés peuvent endommager la barrière cutanée, et il met en garde contre une exposition trop précoce aux produits chimiques présents dans ces produits cosmétiques.
En consultation, le Dr Del Campo voit aussi des “problèmes d’estime de soi chez des jeunes enfants qui ressentent le besoin de corriger des défauts qui n’existent même pas”.
“De plus en plus d’enfants utilisent des produits cosmétiques pour adultes. Beaucoup des parents que je reçois n’ont même pas idée qu’il y a un risque et font plus confiance aux ‘influenceurs beauté’ qu’à leur médecin”, déplore auprès de l’AFP le dermatologue américain Danilo Del Campo.
Il a constaté “une hausse des consultations pour des réactions cutanées et des soucis résultant d’un mésusage de ces produits”.
Le dermatologue met en garde : "La peau des jeunes est plus délicate et plus susceptible aux irritations."
Il souligne que des composants inappropriés peuvent endommager la barrière cutanée, et il met en garde contre une exposition trop précoce aux produits chimiques présents dans ces produits cosmétiques.
En consultation, le Dr Del Campo voit aussi des “problèmes d’estime de soi chez des jeunes enfants qui ressentent le besoin de corriger des défauts qui n’existent même pas”.
@nishanoelleandfam Replying to @haleyybaylee I thought ya’ll were kidding about the @sephora ♬ original sound - Nishanoelleandfam
“Elles sont les poupées”
Sur TikTok, certaines mères de famille minimisent la situation en affirmant qu'il s'agit simplement d'un "jeu".
Cependant, selon Michaël Stora, psychanalyste spécialiste des pratiques numériques, "ces jeunes filles ne jouent pas à la poupée de la manière traditionnelle attendue à leur âge, elles deviennent les poupées elles-mêmes".
Il souligne la "prévisibilité" du phénomène, observant que des enfants sont "photographiés et partagés" sur les réseaux sociaux dès leur naissance.
Certains deviennent même des "objets de fétichisation" pour leurs parents, qui voient en leurs enfants une extension d'eux-mêmes, à l'image de la star mondiale Kim Kardashian, dont la fille North West est devenue une icône des "Sephora Kids".
Solène Delecourt, professeure à Berkeley et spécialiste des inégalités sociales, estime également que ces vidéos "peuvent renforcer et perpétuer une représentation très stéréotypée des filles et des femmes" déjà présente en ligne : "Ce ne sont pas encore des femmes, mais elles font déjà face à une intense pression sociale."
Son étude publiée dans Nature en février révèle que les images sur internet amplifient les biais de genre, au détriment des femmes, avec un effet durable sur les utilisateurs qui y sont exposés.
Cependant, selon Michaël Stora, psychanalyste spécialiste des pratiques numériques, "ces jeunes filles ne jouent pas à la poupée de la manière traditionnelle attendue à leur âge, elles deviennent les poupées elles-mêmes".
Il souligne la "prévisibilité" du phénomène, observant que des enfants sont "photographiés et partagés" sur les réseaux sociaux dès leur naissance.
Certains deviennent même des "objets de fétichisation" pour leurs parents, qui voient en leurs enfants une extension d'eux-mêmes, à l'image de la star mondiale Kim Kardashian, dont la fille North West est devenue une icône des "Sephora Kids".
“Je vois de plus en plus de parents qui sont dans cette fragilité narcissique où ils envisagent le monde uniquement en beau/pas beau”, constate M. Stora, se posant la question de l’hyper-sexualisation des enfants.
Solène Delecourt, professeure à Berkeley et spécialiste des inégalités sociales, estime également que ces vidéos "peuvent renforcer et perpétuer une représentation très stéréotypée des filles et des femmes" déjà présente en ligne : "Ce ne sont pas encore des femmes, mais elles font déjà face à une intense pression sociale."
Son étude publiée dans Nature en février révèle que les images sur internet amplifient les biais de genre, au détriment des femmes, avec un effet durable sur les utilisateurs qui y sont exposés.
@bahamasyogini 10 year old sephora haul #sephorahaul #sephorakids #drunkelephant @Drunk Elephant #summerfridays #haul #momtok #beautytok #veblen #conspicuousconsumption ♬ original sound - your yoga mom 🤸🏼♀️
L'odj avec 7sur7