Par Aziz Boucetta
Près de deux semaines donc après le communiqué du comité interministériel (Santé, Intérieur, Affaires étrangères et Transport) qui cadenassait le pays par ses frontières air, mer et terre (qui le sont déjà), les espoirs ont commencé à fleurir, avant de se faner brutalement ce mercredi en soirée, encore plus brutalement qu’à la publication du premier communiqué. Pourquoi ? Omicron.
Et pourtant, l’OMS a dit qu’Omicron est plus contagieux que Delta, mais moins létal…
Alors on a attendu le conseil du gouvernement du jeudi 9 car peut-être que, si possible, avec de la chance, en croisant les doigts, si Dieu veut, si Akhannouch peut… Rien.
Et le soir de ce même jeudi, douche froide pour ces milliers de gens bloqués dehors, appauvris hors de chez eux, et de plus en plus hors d’eux. Même pas une communication du gouvernement, pas un ministre, nul porte-parole, pas de compassion, ni respect, aucune empathie et encore moins de rationalité. Rien. Une info de la RAM sur les réseaux, froide comme l’attente à l’étranger et à l’infini, glaciale comme l’hiver en Europe, en Asie et en Amérique, glaçante comme un sentiment d’abandon sans aucune perspective ou lueur d’espoir de simplement rentrer chez soi, ce qui en principe est le droit le plus élémentaire !
Et l’OMS a dit qu’Omicron est plus contagieux que Delta, mais moins létal…
Oh, ils rentreront bien un jour, ces Marocains… ces Marocains qui doutent de leur pays après avoir douté d’eux-mêmes oublieront, oui, et ils pardonneront, et c’est cela notre chance, d’avoir un peuple qui oublie et qui pardonne, comme avaient oublié et pardonné les 30.000 Marocains bloqués en 2020. Mais ce n’est pas une raison pour bousculer ainsi les gens… Pourquoi ne pas réfléchir un peu ? Pourquoi ne pas laisser entrer les Marocains résidents dans le royaume, d’où qu’ils soient ? Pourquoi ne pas autoriser les Marocains à revenir, avec autant de PCR qu’il y a d’heures de vol, avec confinement à la clé, chez soi ou dans un hôtel en cas de doute ? Cela ferait en outre du bien au tourisme interne…
Le gouvernement précédent, dont l’ossature est la même que celle de l’actuel, en l’occurrence le RNI, avait autorisé les gens à fêter l’aïd el-Kébir. Cela avait conduit des centaines de milliers de personnes, voire des millions, à voyager, rencontrer les leurs, faire la fête trouver leur bonheur… avant de se retrouver avec une énième vague meurtrière, la plus meurtrière depuis le début de la pandémie. Les gens étaient heureux. Aujourd’hui, ils ne le sont pas ! Pour sa part, l’Etat qui a tant investi dans cette crise ne cherche pas le bonheur mais la sécurité et on le comprend, sauf que la sécurité, bien qu’elle puisse passer par ses voies propres et dépasser les intérêts particuliers des autres, doit être réfléchie, puis exprimée, puis expliquée, décortiquée. Saâdeddine Elotmani avait le courage de le faire et d’affronter le mécontentements, et c’est pour cela u’un chef du gouvernement est là…
Ssi Akhannouch, vous dites que les décisions prises par un ministre sont celles de tout le gouvernement, et vous avez raison… que votre seul critère dans la décision est la qualité et le bénéfice du citoyen, et vous avez tout aussi raison… mais pourquoi bloquer dehors, dans des conditions désastreuses, des gens qui veulent revenir chez eux et qui se trouvent dans des endroits où omicron est discret ? Attendrez-vous que ce variant se propage plus pour interdire plus ? Le bénéfice du citoyen, c’est de tout faire pour lui et le lui expliquer, ce qui n’est aujourd’hui pas le cas.
Et l’OMS a dit qu’Omicron est plus contagieux que Delta, mais moins létal…
Aujourd’hui donc, pour ceux qui perdent ou perdront espoir, pour ceux qui perdent ou perdront leur emploi, pour ceux qui perdent encore et encore leur argent, pour ceux qui perdent ou ont perdu des proches… et qui ne se trouvent pas dans des zones dangereuses, la décision est mentalement et moralement létale ! Et le ministre de la Santé dit placidement que le gouvernement étudiera leur situation. Quand ? Dans les jours et semaines qui viennent, pour des personnes naufragées qui comptent les heures et les minutes, et qui sombrent doucement dans la précarité et les crises de nerf ?
C’est hchouma, Ssi Akhannouch ! Rappelez-vous que vous disiez des mois durant que nous méritions mieux. A défaut, on s’interroge plus !
Rédigé par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com